Il n’y a pas une plante pour l’endométriose. Il y en a plusieurs. Elles doivent être choisies d’une manière judicieuse afin de couvrir plusieurs axes thérapeutiques importants. Dans cet article, je vous donne ces axes afin que vous puissiez faire votre choix.
En d’autres termes, plutôt que de vous donner un mélange pré-mâché qui ne sera pas adapté à votre situation spécifique, je vous donne les outils nécessaires pour établir votre propre protocole, le faire tourner, mesurer les progrès et ajuster comme décrit dans la méthode CLIMA.
L’endométriose en quelques mots
Ceci n’est pas un cours magistral sur l’endométriose, vous trouverez de nombreux sites qui vous expliqueront le problème en détail. Voir en particulier le site d’EndoFrance, recommandé par Chris Martin du blog Nanaturopathe.
En quelques mots : l’endomètre est la muqueuse interne de l’utérus. C’est un tissu qui croit pendant la première phase du cycle, puis mature pendant la deuxième phase pour ensuite être évacué pendant les règles. Ce tissu n’est pas supposé croitre ailleurs.
Hors, dans l’endométriose, des morceaux d’endomètre se sont implantés dans d’autres endroits, hors de l’utérus (cavité abdominale, ovaires, trompes de Fallope), sans accès au monde extérieur afin d’être évacué. Il suit le même cycle, croit sous l’influence des oestrogènes, puis mature sous l’influence de la progestérone et se détache pendant les règles. Mais il n’a nulle part où aller ! Ceci qui crée une inflammation chronique accompagnée de fortes douleurs.
Une femme sur 10 en souffre d’endométriose.
Les 6 axes stratégiques
1. Excès d’oestrogènes
Les oestrogènes font croitre l’endomètre. Une approche consisterait donc à dire ceci : et si on supprimait leur production ? C’est ce que font certains médicaments (les agonistes de la GnRH).
Tentant, mais loin d’être l’approche idéale, car vous verrez par la suite apparaître les symptômes de la ménopause (bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, etc). De plus, la femme a besoin d’oestrogènes pour maintenir ses horloges biologiques.
Une deuxième approche, plus subtile, consiste à s’assurer que les oestrogènes n’agissent pas d’une manière excessive. Ceci peut arriver lorsque:
Les xénoestrogènes de votre environnement vous intoxiquent et stimulent vos récepteurs oestrogéniques, créant donc un effet similaire à un excès d’oestrogènes. Nous sommes entourés de substances chimiques oestrogéniques, les plastiques en particulier.
Votre foie n’arrive pas à faire son travail d’élimination des excès hormonaux en circulation sanguine. C’est son rôle, mais vous comprendrez que de nos jours, il est parfois dépassé par les évènements.
Votre progestérone est trop basse. En effet, vos oestrogènes ne s’expriment pas d’une manière absolue, mais d’une manière relative à la progestérone. C’est comme si les deux se maintenaient en équilibre. Lorsque l’une chute prématurément, l’autre s’emporte.
Note : cette tendance excès oestrogènes et déficit progestérone est bien connue par la science (Ness, 2003) comme facteur aggravant (causatif ?) de l’endométriose et du cancer des ovaires.
Hypothèse et solution |
|
|
|
|
|
|
2. L’inflammation fait rage
L’endométriose crée une inflammation qui varie en intensité selon la période du cycle, tout en gardant une base chronique. En d’autres termes, l’inflammation ne vous quitte jamais.
Il faut arriver à calmer cette cascade inflammatoire. Ceci se fait d’une manière graduelle car les plantes n’agissent pas aussi vite que les anti-inflammatoires médicamenteux. Mais elles le font d’une manière efficace si on leur donne le temps. Voici les plus prometteuses pour l’endométriose.
Plante anti-inflammatoire, forme et dosage |
|
|
|
|
3. Le stress oxydatif destructeur
L’inflammation chronique libère une quantité de radicaux libres qui finissent par endommager les cellules et propager l’inflammation – un vrai cercle vicieux. De nombreux antioxydants existent, capable de capturer les radicaux libre et de bloquer cette cascade. En voici donc quelques-uns qui ont une affinité particulière pour l’endométriose.
Antioxydant, forme et dosage |
|
|
|
|
|
|
|
|
4. Crampes et congestion
L’inflammation de l’endométriose provoque une congestion de l’utérus, en particulier pendant les crises. Toute la zone semble lourde et gonflée. Puis surviennent les crampes qui serrent comme dans un étau.
Plantes, forme et dosage |
|
|
|
|
|
|
5. Saignements
L’endométriose entraine parfois des saignements entre les règles. Après vous être assurée de la cause exacte (consultation chez votre médecin), vous avez une plante qui excelle pour ce genre de problème.
Plante, forme et dosage |
|
|
6. Alimentation
Je finis par l’un des axes les plus importants. Je vais faire bref et vous donner uniquement les 3 points qui semblent les plus importants.
- Comme expliqué auparavant, une alimentation riche en fibres végétales permet de fixer et d’éliminer les xénoestrogènes : fruits et légumes de qualité bio en particulier. Les jus de légumes journaliers sont un gros plus si vous avez un extracteur de jus.
- Les aliments riches en gluten peuvent aggraver les symptômes de l’endométriose (Marziali, 2012) : 200 femmes souffrant d’endométriose suivirent une alimentation sans gluten pendant 12 mois. Résultat : 75% des femmes notèrent une amélioration significative des symptômes. Donc non, le sans-gluten n’est pas juste un effet de mode.
- Traitez les produits laitiers d’une manière similaire (non, ils ne sont probablement pas vos amis pour la vie).
- La consommation de viande rouge semble augmenter les risques d’endométriose (Parazzini, 2004). Ceci est probablement dû à la quantité d’hormones que l’on a injecté à ces pauvres animaux et qui perturbent nos propres cycles hormonaux.
Une alimentation en grande partie végétale est donc à favoriser, sans céréales (blé, orge, avoine, épeautre, maïs, etc), sans produits laitiers, facile à digérer et ne créant pas de congestion intestinale ou de problèmes de constipation.
En ce qui concerne l’élimination des céréales et produits laitiers, si vous faites le test de les retirer (ce que je vous recommande), retirez les deux en même temps pendant une période de 8 semaines.
7. Application locale
Pendant les crises :
- Huile essentielle d’estragon (Artemisia dracunculus), antispasmodique et anti-inflammatoire, diluée à 10% à 20% dans une huile végétale ou dans un gel neutre, masser le bas ventre avec.
- Faites un test d’abord pour vous assurer que vous ne faites pas de réaction allergique, vous placez 2 gouttes à l’intérieur de votre avant-bras puis vous attendez 24 h. Si pas de réaction inflammatoire, vous pouvez appliquer sur le bas ventre en cas de besoin, faire un massage 2 à 3 fois par jour si nécessaire. .
- Le cataplasme d’huile de ricin avec une bouillotte chaude par-dessus fournit un soulagement indéniable. Voir ma vidéo ici.
Bâtir le protocole
Si vous vous dites “cela fait beaucoup de choses”, je vous comprends. D’un autre coté, quoi de plus positif que de voir qu’il existe une multitude de possibilités.
Mais il faut maintenant passer à la pratique et voir comment bâtir un premier protocole. Et notez qu’il n’y a pas un protocole possible mais plusieurs, donc on fait un premier choix, on l’applique pendant 2 à 3 cycles menstruels, puis on ajuste en fonction des résultats.
Voici un exemple :
- Changements alimentaires.
- Bardane (plante dépurative) sous forme de teinture de racines fraîches, 30 gouttes 2 fois par jour dans un peu d’eau.
- Gattilier (stimuler la production de progestérone), teinture 30 gouttes tous les matins. Peut être mélangé à la bardane pour la prise du matin.
- Curcuma (anti-inflammatoire), forme liquide de type Curcumaxx, 1 cuillère à soupe 2 fois par jour entre les crises, 3 fois par jour pendant les crises.
- Pendant les crises :
- Achillée millefeuille (décongestionnant utérin), une infusion matin et soir
- Viorne, teinture, 40 gouttes + pivoine, teinture, 20 gouttes, toutes les 2 heures.
Les antioxydants sont utiles mais chers. Ils ne sont pas essentiels si votre alimentation est riche en légumes et fruits.
Il faudra noter en détail vos progrès, puis ajuster, c’est-à-dire enlever certaines plantes ou compléments et en tester d’autres si vous n’obtenez pas de résultats. C’est un projet qui va s’étaler sur plusieurs mois et si vous avez patience et persévérance, vous tenez le bon bout !
Si tentative de conception
Notez que si vous essayez de tomber enceinte, il sera prudent d’arrêter la prise des plantes en raison des contrindications possibles.
Références
Rogan EG. The natural chemopreventive compound indole-3-carbinol: state of the science. In Vivo. 2006 Mar-Apr;20(2):221-8.
Jana S, Paul S, Swarnakar S. Curcumin as anti-endometriotic agent: implication of MMP-3 and intrinsic apoptotic pathway. Biochem Pharmacol. 2012 Mar 15;83(6):797-804.
Bruner-Tran KL, Herington JL et al. Medical management of endometriosis: emerging evidence linking inflammation to disease pathophysiology. Minerva Ginecologica 2013 April;65(2):199-213.
Bruner-Tran KL, Osteen KG et al. Resveratrol Inhibits Development of Experimental Endometriosis In Vivo and Reduces Endometrial Stromal Cell Invasiveness In Vitro. Biology of Reproduction, 2011; 84: 106-112.
Xu H, Lui WT et al. Anti-angiogenic effects of green tea catechin on an experimental endometriosis mouse model. Human reproduction, 2009; 24(3): 608-618.
Porpora MG, Brunelli R, Costa G, et al. A Promise in the Treatment of Endometriosis: An Observational Cohort Study on Ovarian Endometrioma Reduction by N-Acetylcysteine. Evid Based Complement Alternat Med. 2013;2013:240702.
Kohama T, Herai K, Inoue M. Effect of French maritime pine bark extract on endometriosis as compared with leuprorelin acetate. J Reprod Med 2007; 52(8):703-708.
Marziali M, Venza M, Lazzaro S, Lazzaro A, Micossi C, Stolfi VM. Gluten-free diet: a new strategy for management of painful endometriosis related symptoms? Minerva Chir. 2012 Dec;67(6):499-504.
Parazzini F, Chiaffarino F, Surace M, Chatenoud L, Cipriani S, Chiantera V, Benzi G, Fedele L. Selected food intake and risk of endometriosis. Hum Reprod. 2004 Aug;19(8):1755-9.
Ness RB. Endometriosis and ovarian cancer: thoughts on shared pathophysiology.
Am J Obstet Gynecol. 2003 Jul;189(1):280-94. Review. PubMed PMID: 12861175.
516 réponses
Bonjour Merci pour toutes ces informations très utiles! Dans le cas d’une endométriose couplée à des varices pelviennes, les mêmes conseils s’appliquent-ils? Concernant la bouillotte, dans mon cas je la supporte mal (sensation de fortes brulures internes). Chaque personne est unique Belle journée!
Bonjour Alexandra
Effectivement chaque personne est unique et donc difficile de répondre à votre question d’une manière légère et générale
Bonjour
Je vous écrit pour L’endometriose.
Jai pris du gattilier et j’ai remarqué que j’avais ma poitrine qui était beaucoup plus dur et de grosse douleurs.
Comme mes traitements hormonaux.
Je ne supporte aucune pilules alors j’ai voulu essayer le gattilier.
Mais je vois que finalement ca me fait mal aux seins.
Est-ce que c’est normal?
Je prends aussi de l’alchemille
Merci.
J’ai arrêté du coup le gattilier.
Bonjour Tafi
Désolée , mais je ne peux vous répondre, il me semble que vous auriez avantage à vous faire suivre par un professionnel (naturopathe, praticien en herboristerie …) car avant de prendre une ou des plantes il est important de bien cibler ce qui se passe et chercher à comprendre d’où vient le problème.