Lorsque les plantes ne fonctionnent pas

Lorsque les plantes

ne fonctionnent pas

Lorsque les plantes ne marchent pas

“J’ai toussé toute la semaine. J’ai pris une infusion de bouillon-blanc, cela ne m’a rien fait”.
“J’ai tout essayé pour les articulations, les soi-disant plantes anti-inflammatoires.
Gingembre, curcuma. Aucun résultat.”
“Leur valériane, ils peuvent se la garder. Moi, elle me donne des cauchemars.”

Je pourrais écrire toute une page sur les commentaires que j’ai glanés au fil des années. Ces commentaires, je les comprends. Si je rembobine ma vie 15 ans en arrière, j’aurais très bien pu les délivrer moi-même.

Dans cet article, je vous donne les raisons les plus probables expliquant ces échecs.

Soyons clairs. Les plantes n’ont pas besoin de nous. Elles se débrouillent très bien sans notre aide. Nous, par contre, avons besoin d’elles. Alors, en toute humilité, passons en revue les erreurs à ne pas commettre lorsque nous les invitons dans notre vie.


Choisir le bon produit

Gélules remplies de paille

Vous m’avez déjà entendu répéter la chose suivante : certaines gélules sont remplies de paille.

C’est ce qui se passe lorsque l’on passe au cryobroyage une plante aromatique et fragile, et qu’on la laisse séjourner deux ans sur une étagère.

Beaucoup de produits sont morts. Et devinez ce que l’on va déduire, par association, sur l’efficacité des plantes médicinales en général ?

Voici les deux formes à privilégier :

  • L’infusion ou la décoction
    • de la plante fraiche – il faut soit avoir un jardin, soit savoir identifier et cueillir. Ceci n’est pas à la portée de tout le monde.
    • de la plante récemment séchée – en France, vous pouvez en général faire confiance aux herboristeries de renom. Ces gens connaissent leur métier.

Au Japon, la préparation du thé vert est une cérémonie. Je propose que nous fassions de même, en instaurant le moment sacré de l’infusion ou de la décoction médicinale.

  • La teinture, ou macération alcoolique
    • De la plante fraiche ou récemment séchée. Vous trouverez plusieurs petits laboratoires qui travaillent dans le respect de la plante, et produisent des macérâts bios. Je citerais par exemple BiosimpleLadrôme ou Phytofrance.

Les plantes stables à la pulvérisation peuvent se prendre en gélule. Mais connaissez vos plantes et vérifiez vos sources. Car même stable, si la plante est trop vieille, elle aura perdu une grande partie de ses propriétés.

Faisons un parallèle avec la nourriture :

  • vous essayez d’acheter bio et local le plus souvent possible ?
  • vous lisez les étiquettes sur tous les produits que vous achetez ?
  • vous vous intéressez au producteur ?

Les mêmes règles s’appliquent aux produits à base de plantes.


Choisir la bonne forme

La guimauve (Althaea officinalis) est utilisée pour ses mucilages. Ils sont solubles dans l’eau. La teinture de guimauve ne rime pas à grand chose.

Pareil pour les plantes minéralisantes (ortie, luzerne, trèfle, etc), avec extraction des minéraux grâce à une simple infusion. Pourquoi aller acheter une teinture ?

D’un autre côté, une infusion de souci (Calendula officinalis) passe à côté des composants les plus actifs qui se trouvent sous forme de résines (et donc solubles dans l’alcool).

Le problème est le suivant : l’industrie des produits naturels ne s’intéresse que très peu à ce genre de réflexion. Et nous payons le prix. C’est donc à nous, les consommateurs, de nous y intéresser. Vous trouverez ce genre d’information dans mes fiches de plantes (la liste va régulièrement croître), ainsi que dans les bons ouvrages de référence.


Dosage

Mauvais dosage

Nous sommes tellement effrayés par le sur-dosage, que nous tombons dans le sous-dosage.

Mauvaise question : “Pour ma polyarthrite, 1 ou 2 gélules de gingembre par jour ?”

Bonne question : “Pour ma polyarthrite, 8 ou 10 gélules de gingembre par jour ?”

Je vous choque ?

Croyez-vous que 40 gouttes de teinture de valériane va vous aider à régler un torticolis ? Que 25 gouttes de viorne aubier va calmer votre lumbago ? Qu’une demi cuillère-à-café d’astragale de Chine va soulager votre maladie auto-immune ?

Dans mon expérience, seulement une minorité de personnes répondent à la stratégie de “micro-dosage”.

Il faut bien sûr savoir ce que l’on fait, et il y a toujours des risques de surdosage. Dans le doute, demandez conseil à une personne qualifiée. Mais dans l’ensemble, pour les plantes courantes qui ne présentent aucune toxicité, c’est plutôt l’inverse qui se passe.

Je suis conscient que trouver l’information sur les dosages n’est pas facile. Pour un point de départ, vous pouvez consulter la Materia Medica de Michael Moore. De nombreux autres ouvrages existent, et parfois se contredisent. De grandes variations existent entre médecine chinoise, ayurvédique, et de l’ouest. Il est critique d’investir dans quelques bons ouvrages de référence afin de se faire une opinion.


Fréquence des prises

Mauvaise fréquence

Lorsque la situation est aiguë, diminuez légèrement les doses et augmentez la fréquence. Passez à une prise toutes les heures, ou toutes les deux heures. Prendre la plante 2 fois par jour ne fera rien.

Pendant un gros froid, prenez une cuillère-à-café de sirop de baies de sureau toutes les deux heures. Pendant une bronchite, prenez une tasse d’infusion de thym toutes les deux heures afin de saturer les bronches. Pendant une gripe, prenez une cuillère-à-café de teinture d’échinacée toutes les deux heures.

On ne peut pas appliquer ce concept pour toutes les plantes. Nous parlons ici des plantes courantes et sans toxicité, sans risque de surdosage.

Là encore, pour un point de départ au sujet des dosages, vous pouvez consulter la Materia Medica de Michael Moore.


Obsession du symptôme

Terrain et constitution

L’herbaliste parle de terrain, de constitution, sans pour autant délaisser le symptôme.

Les ouvrages modernes, la plupart des sites et les magazines populaires parlent purement de symptomatique.

Dépression ? Millepertuis.

Migraine ? Partenelle.

Pour un problème chronique, le symptôme est en général l’expression d’un déséquilibre qui a pris racine dans le passé. Au court terme, calmer les symptômes donne un peu de répit à la personne qui peut réfléchir à son problème à tête reposée. Au long terme, le terrain doit être rééquilibré.

Pour analyser le terrain, il faut une méthode, et certains outils (un simple journal par exemple). Je vous explique dans cet article comment faire un tour d’horizon de votre problème.

J’ai commencé à développer une série d’articles sur comment devenir votre propre naturopathe, qui peut vous servir de base de réflexion. De plus, je vous ai donné quelques bases d’énergétique pour mieux faire vos associations.

Ce n’est qu’un départ, nous sommes d’accord. Mais quel palpitant périple !


Manque d’indications spécifiques

Chaque plante a des indications bien spécifiques. Mais cela, apparemment, n’est plus à la mode.

Inutile : “le bouillon-blanc est bon contre la toux”

Utile : le bouillon-blanc est bon contre la toux sèche, inflammatoire, avec un son caverneux, sans production de mucus

Certes, le bouillon-blanc contient des composants expectorants, mais cela n’est pas son fort. Il amène plus de soulagement sur les muqueuses sèches et enflammées.

Passer à côté des indications spécifiques mène à la conclusion suivante : le bouillon-blanc n’est pas efficace contre la toux. Et effectivement, pour la bronchite en phase de toux productive, il y a bien plus efficace.


Manque de patience

Patience

Je mentionne souvent la règle suivante : pour chaque année de déséquilibre, il faut un mois de travail.

Est-ce une règle exacte ? Si vous trainez une migraine depuis 20 ans, faut-il attendre 20 mois avant de voir des améliorations ?

Non. Ceci est une image qui nous aide à être patient, à donner le temps aux plantes de faire leur effet. Pendant ce temps, nous observons les changements. Nous prenons des notes dans le journal.

Au cours des mois, certaines plantes doivent être retirées, d’autres rajoutées. Parfois le travail se fait par phases. Tout cela demande du temps.

Les progressions se font souvent deux pas en arrière et trois en avant. Mais l’important est de progresser.


La plante miracle

Je remercie un lecteur qui m’a fait remarquer que j’avais oublié le point suivant : beaucoup de personnes cherchent la plante miracle, celle qui va soigner tous leurs maux, sans pour autant remettre en question leur alimentation et leur hygiène de vie. Ceci est voué à l’échec.

Les plantes aident à rebâtir les fondations d’une manière saine, mais si l’on ne s’occupe pas des fondations, elles ne feront que rajouter une brique à un édifice branlant. On n’échappe pas, hélas, à la remise en question.


Et si, au final, les plantes ne marchent pas ?

Regardez autour de vous. Le monde est riche. Riche en thérapies complémentaires. Riche en personnes qui s’investissent pour vous aider. Les plantes ne sont qu’une infime partie des possibilités

Hypnothérapie ? Reiki ? Acupuncture ? Méditation ? Réflexologie ?

Vous êtes le chef d’orchestre. Nous sommes musiciens. A vous de constituer le bon groupe qui joue en fonction de vos attentes.


Je remercie mon amie et collègue herbaliste Rosalee de la Forêt, qui a été la première à écrire un article similaire en Anglais, ce qui m’a inspiré à en faire de même.

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22 réponses

  1. Bonjour sabine, bonjour christophe . j’espère que vous allez bien. je reviens sur la phrase « Pendant une bronchite, prenez une tasse d’infusion de thym toutes les deux heures afin de saturer les bronches ». personnellement, j’ai du thym (un peu) et du laurier noble au jardin, mais aussi de l’origan sec; Quand on a qq chose d’un peu costaud type bronchite, grippe, covid, est-ce qu’ il est pertinent d’imaginer alterner les plantes antiinfectieuses/protectrices pulmonaires : par exemple, une ou deux journées avec 1 tasse toutes les deux heures de thym, puis la même chose avec l’origan, puis le laurier noble? est-ce qu’on sature les bronches avec une même plante pendant 10 jours ou peut-on alterner en planifiant une alternance?

    amicalement

    1. bonjour Jean Christophe
      oui, c’est une bonne idée pour économiser votre ressource en thym , c’est une bonne chose que de s’adapter avec ce que l’on a

      1. merci sabine! même indépendamment de ma faible ressource en thym, cela ne nuit pas trop à l’efficacité d’alterner d’une manière générale?

        1. bonjour Jean Christophe
          à ma connaissance non, je dirai même que cela peut augmenter les chances de guérisons, en fait il peut être utile de tenir un journal de bord , question de pouvoir noter les améliorations

  2. Bonjour,
    Ma question va sans doute vous paraître un peu bête, mais combien de gouttes environ représente une cuillère à café ? Christophe préconise une cuillère à café pour la passiflore , et j’ai à la maison différentes tailles de petites cuillères… je n’arrive pas bien à faire la différence entre toutes. Merci beaucoup.

    1. Bonjour Léa
      non, non, pas de questions bêtes, surtout celle là (que j’ai posé à Christophe il y a peu 🙂 )
      et voici sa réponse:

       »
      Voici mes derniers tests:
      – 100 gouttes de teinture de gentiane, Herboristerie Palais Royal = 2,32 g = 2,49 ml en supposant une masse volumique de 930 kg/m3 pour un alcool à 50°. Donc 120 gouttes nous amènent à 3 ml. On est loin des 5 ml.
      – 100 gouttes de teinture d’euphraise de chez Biosimples = 2,94 g = 3,16 ml. Donc 120 gouttes nous amènent à 3,8 ml. Toujours loin des 5 ml.
      Cela dépend de la teinture – la densité de la propolis sera plus haute que celle de la gentiane, par exemple.
      – Du compte-goutte ou codi-goutte utilisé.
      – A noter aussi qu’une cuillère à café de cuisine ne fait pas forcément 5 ml. La cuillère à café pharmaceutique fait 5 ml.

      Ceci n’est pas une science exacte… Il faudrait faire au mL pour être plus précis. Mais la goutte est bien pratique.
      Et dans mon expérience aussi bien du côté anglais que français, on prend en général dans les 100 à 120 gouttes par cuillère à café
      Mais on est bon si on prend une cuillère à café de cuisine (qui fait probablement moins de 5ml)

      1. Merci beaucoup Sabine, pour cette réponse très complète !
        En effet, j’ai remarqué que lorsque j’utilise mes flacons compte gouttes remplis de teintures mères maison, les gouttes sont beaucoup plus  »fines » que celles des flacons du commerce… Du coup le dosage final devrait être différent forcément.
        Je viens de retrouver une cuillère doseuse de 5 ml, je pense donc l’utiliser, sinon j’ai une petite éprouvette graduée en ml qui pourrait faire l’affaire dans le doute.
        Merci encore! Bonne soirée

  3. Merci! Votre site est une merveille de partage!!!
    je viens de tomber et me suis tordue la cheville. Cela m’arrive souvent de me « tordre » la cheville droite souvent. Mais là, bobo! je ne peux poser le pied sur le sol sans douleur. Donc huile essentielle d’hélichryse italienne (corse) dans huile de tamanu. Le 14 juillet ma jeune réflexologue rebouteuse ne consulte pas! normal! donc patience…..

    1. Désolé de déterrer ce topic par le biais de votre réponse. Mais il me parait opportun au regard de la fréquence (« souvent  » ) de votre problème de cheville droite, de consulter un ostéopathe qui s’il n’applique pas de recettes téléphonées, sera a même de modifier les conditions de votre terrain. J’imagine et je l’espère , au passage, que votre problème soit résolu, mais pour les futurs lecteurs, j’insiste car devant des récidives les composantes neurologiques vasculaires et mécaniques inhérents au problème nécessiteraient d’être investiguer. Le terrain est tout…

  4. Bonjour,
    Excellent article mais pourquoi ne pas prendre du curry de qualité qui possède quasi ces proportions ? Belle journée !

    1. Bonjour Sylvie,
      La question est la suivante : comment s’assurer que le curry acheté contient les bonnes proportions ? Si les proportions exactes sont mentionnées sur la boite, alors excellent. Sinon, vous pouvez facilement le recréer par vous-même.

  5. Bonjour,
    ma  »bible » en la matiere: nos grand-mères savaient de jean Palaiseur aux editions robert laffont, un guide efficace sur l’usage des plantes et la bonne posologie.

    1. Merci Clara. Je ne connais pas ce livre. Quels sont les aspects qui vous ont le plus intéressés dans ce livre ? Avez-vous trouvé des réponses concrètes sur l’utilisation des plantes pour des problèmes particuliers ?

  6. salut christophe!
    je vais commencer à être redondante, mais voici encore un excellent article que je m’empresse de partager sur ma page FB !je crois que là; tu n’as rien oublié et les sceptiques n’auront qu’à tout prendre en compte! 😉
    Pour ma part, j’ai fais mon stage d’été de l’elpm la semaine dernière et ca y’est je me suis enfin mise aux alcoolatures! plantain, lotier corniculé et souci (que je ne faisais que dans l’huile avant pour ce dernier…)
    bonne journée!
    A bientôt!

  7. Merci pour ce remarquable article. Les gens sont tellement habitué à prendre une pililue miracle qui fait partir le « bobo » en 1 minute qu’ils ont perdu la patience requise pour se soigner par les plantes. Malheureusement ils oublient le prix à payer.

  8. Vous savez que vous êtes mon nouveau meilleur ami ? ;0)
    Merci beaucoup pour cet article et pour le site en général …

  9. vous avez mille fois raisons de faire toutes ces précisions qui ont une importance évidente pour l’efficacité
    merci encore pour nous apprendre à être notre propre naturopathe

  10. Merci pour cet article, vraiment très réaliste. Et si les plantes ne marchent pas c’est peut être aussi parce que la personne attend de la plante une solution miracle sans prendre en compte son hygiène alimentaire qu’elle devrait modifier pour potentialiser les effets de cette dite plante. Un symptôme = une plante… on retombe alors dans les travers de la médecine allopathique. En naturopathie, un symptôme = un bilan complet pour connaître l’origine du problème et mettre en place avant tout une alimentation adaptée. La plante vient alors en complément pour soutenir le programme alimentaire.

  11. bonjour Christophe
    Ces « essentielles » que vous nous partagez (devrais-je dire « l’essence du ciel  » ) avec une telle générosité et une telle humilité ,qu’il est impossible de ne pas se mettre dans vos pas !
    encore mille mercis

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