Beaucoup d'enfants souffrant d'autisme présentent des symptômes gastro-intestinaux. Cette observation a amené les familles et les chercheurs à se poser la question suivante : pourrait-il y avoir un lien entre sensibilités alimentaires et autisme ?
Jusque-là, les études essayant de corréler cette condition avec la maladie cœliaque ont été inconclusives. Mais nous savons aujourd'hui que la maladie cœliaque ne serait peut-être que la partie visible de l'iceberg. La partie immergée serait ce que l'on appelle une "sensibilité au gluten non-cœliaque"(1), une sensibilité de bas niveau, avec des symptômes moins aigus et une réaction immunitaire moins marquée.
Une nouvelle étude(2), réalisée par la Columbia University de New-York, vient nous apporter des données intéressantes sur un lien possible entre autisme et sensibilité au gluten non-cœliaque.
Autisme et sensibilité au gluten
Les participants furent des enfants autistes, diagnostiqués en utilisant l'échelle d'observation pour le Diagnostic de l'Autisme "ADOS" ainsi que l'ADI-R (Autism Diagnostic Interview-Revised). 37 enfants furent sélectionnés. L'étude inclut aussi les frères et soeurs non-autistes de ces enfants autistes (27 enfants), ainsi qu'un groupe d'enfants normaux d'âges équivalents (76 enfants).
Les chercheurs mesurèrent les anticorps anti-gliadine native, anti-gliadine déaminée et anti-transglutaminase 2 (TG2). Les enfants autistes furent aussi génotypés pour détecter les gènes HLA-DQ2 et HLA-DQ8, les deux gènes impliqués dans la maladie cœliaque.
Les résultats furent les suivants :
- Les enfants souffrant d'autisme eurent un taux d'anticorps anti-gliadine IgG significativement plus élevé que les enfants normaux ;
- Les enfants autistes souffrant de symptômes intestinaux furent ceux qui eurent les taux d'IgG les plus élevés ;
- Il n'y eu aucune différence dans les taux d'IgA. Les anticorps anti-gliadine déaminée et anti-TG2 furent aussi les mêmes entre les différents groupes ;
- Il n'y eut aucune association entre les taux d'IgG élevés et la présence des gènes HLA-DQ2 et HLA-DQ8.
Les chercheurs en conclurent que :
- Un sous-groupe d'enfants autistes montre une réactivité immunitaire au gluten ;
- Ce mécanisme semble être distinct d'une maladie cœliaque ;
- Les taux élevés d'anticorps semblent pointer vers une piste de réactivité immunologique avec perméabilité intestinale.
En pratique
Les études utilisent un jargon compliqué, et il faut essayer de revenir à des choses simples.
Tout ceci veut-il dire qu'il y a une association claire entre gluten et autisme ? Non, hélas. Le débat va continuer pendant des années, avec ceux qui croient en un tel lien, et ceux qui le balayent d'un geste de la main.
Mais ceci nous donne des pistes. Et dieu sait si les parents d'enfants autistes on besoin de pistes. La piste du retrait complet et total du gluten a l'avantage suivant :
- Il n'entraîne aucun coût pour la famille (mais entraîne certes des complications au sujet des repas) ;
- Il n'entraîne aucun effet secondaire. Entre essayer cette approche, et essayer un nouveau médicament expérimental, je commence par cette approche sans hésiter.
Alors oui, nous sommes toujours dans le doute, dans l'incertitude. Mais oui, nous pouvons explorer de nouvelles voies, simples et naturelles. Si au bout de quelques mois cela n'amène à rien, tant pis.
Et si cela amenait une amélioration ?
Reference
(1) Lundin KE, Alaedini A (2012) Non-celiac gluten sensitivity. Gastrointest Endosc Clin N Am 22: 723–734.
(2) Lau NM, Green PH, Taylor AK, Hellberg D, Ajamian M, Tan CZ, Kosofsky BE, Higgins JJ, Rajadhyaksha AM, Alaedini A. Markers of Celiac Disease and Gluten Sensitivity in Children with Autism. PLoS One. 2013 Jun 18;8(6):e66155.
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