Hysope (Hyssopus officinalis)

Comme beaucoup de lamiacées aromatiques, l’hysope aime pousser dans un sol pauvre, aride et rocailleux. C’est dans cette souffrance qu’elle donne le meilleur d’elle même, une fleur d’un bleu profond dotée d’un parfum pénétrant.

C’est l’une des plantes médicinales indispensables pour l’hiver. Elle a l’avantage d’être appréciée de tous, surtout lorsqu’on l’accompagne d’un peu de miel de pays. Cette fiche lui est dédiée.


Nom commun : Hysope, H. officinale

Nom latin : Hyssopus officinalis

Famille : Lamiaceae

Constituants :

  • Composants volatiles (pinocamphone, isopinocamphone, béta-pinène) ;
  • Composants amers (marrubiine, diosmine, acide ursolique) ;
  • Tannins des lamiacées (acide rosmarinique et autre dérivé de l’acide cafféique) ;
  • Flavonoïdes (diosmine, hespéridine) ;

Goût :

  • Aromatique
  • Amer
  • Tannique

Cazin nous rappelle que « son goût amer et camphré annonce son énergie » (ref : Cazin).

Il nous dit aussi « je me sers quelquefois de l’hysope pour aromatiser mes formules indigènes » – gardez cette astuce en tête, l’hysope peut améliorer le goût d’un mélange contenant des plantes qui ne sont pas très agréables à boire (si vous avez déjà bu une infusion de marrube, vous me comprenez).

Energétique :

  • Réchauffante
  • Diffusive, pénétrante

Hysope (Hyssopus officinalis)


Utilisation de l’hysope

Digestion

C’est l’utilisation classique des aromatiques. Les composants amers de l’hysope rajoutent une dimension additionnelle par rapport à d’autres aromatiques comme la menthe, la rendant plus polyvalente :

  • Elle est amère. Certes beaucoup moins que la gentiane ou la petite centaurée, mais si c’est la seule amère que vous ayez sous la main, elle peut être bue en infusion 10 minutes avant les repas afin de faciliter la sécrétion des sucs digestifs et la tonicité des muscles lisses pendant la digestion ;
  • Elle est aromatique, et donc :
    • Antispasmodique – elle soulage les crampes des muscles digestifs qui ont trop travaillé dû à un repas trop lourd ou à une déficience constitutionnelle ;
    • Carminative – elle diminue la quantité de bactéries et levures produisant la fermentation de certains aliments comme les féculents, et contribue donc à diminuer les ballonnements et les gaz.

Ce type de prise, avant le repas pour une action tonifiante sur la digestion, ou après le repas pour une action calmante, est en général peu connue.

D’ailleurs, si vous voulez comprendre toutes ces stratégies pour accompagner les problèmes digestifs avec les plantes, je vous mets le lien vers ma formation sur la santé digestive, plus de 16 heures de vidéos pour vous guider.

L’hysope renferme donc toutes les propriétés digestives nous provenant du monde des plantes. Certes, ce n’est pas la plus amère, ni la plus antispasmodique, et il y aura de meilleurs choix pour une action plus ciblée. Mais lorsque la condition n’est que passagère, ou n’est pas spécialement aigüe, l’hysope fera très bien l’affaire.

Hysope (Hyssopus officinalis)

Gestion des fièvres

« Dans l’hysope, lorsque employée pour soigner les fièvres, nous avons l’un des meilleurs remèdes, en particulier chez l’enfant » – Richard Hool, 1922 (ref : Hool)

Hool, une référence en son temps en Angleterre, rajoute ceci :

« L’hysope provoque la diaphorèse sur tout le corps, et soulage les reins et la vessie au travers de son action diurétique. Continuez le traitement pendant quelques jours ou une semaine et le patient sera convalescent […] à la fin de la semaine, vous serez surpris de ce qui a été accompli grâce à cette simple plante. »

L’hysope agit donc comme diaphorétique, facilitant la transpiration et l’échange de fluides au niveau de la peau, permettant ainsi au corps de mieux réguler les variations de chaleur et le processus de fièvre.

Notez aussi son action intéressante lorsque la fièvre est redescendue et lorsque l’individu rentre en phase de convalescence. Pendant cette phase, l’hysope re-tonifie les muqueuses intestinales et redonne l’appétit, stimule le transit, permettant ainsi à la personne de retourner en phase de nutrition.

Hysope (Hyssopus officinalis)

Sphère pulmonaire

De par son caractère aromatique et pénétrant, l’hysope réchauffe la sphère pulmonaire, ramène la circulation vers les tissus, les encourageant à produire un mucus plus liquide (on utilise le terme « mucolytique« ), provoquant le détachement les vieilles sécrétions afin de les expulser. On parle donc ici de toux grasse.

L’hysope facilite l’expectoration et peut être associé au marrube (Marrubium vulgare), au thym (Thymus vulgaris) ou à la grande aunée (Inula helenium).

Cazin nous fournit ici une indication importante sur son utilisation : « elle est employée dans toutes les affections bronchiques et pulmonaires lorsque trop d’irritation n’en contrindique pas l’usage. Pour en modérer l’activité, on lui associe souvent les mucilagineux, telles que les fleurs de mauve, de guimauve, de bouillon blanc  ».

Mais Cazin nous donne l’astuce principale employée en médecine énergétique : contrebalancer l’énergie d’une plante par une autre. Les fleurs (ou feuilles) de guimauve, de mauve ou de bouillon-blanc sont mucilagineuses, donc de nature rafraîchissantes et adoucissantes, et vont contrebalancer l’effet irritant de l’hysope.

Leclerc confirme en parlant d’un certain degré d’irritation créé par l’hysope, et donc à réserver pour la période où les muqueuses ont passé l’état inflammatoire du début (ref : Leclerc). En effet, elle a tendance à exciter les tissus. Si les tissus sont déjà excités, comme en début de bronchite lorsque la gorge est enflammée et la toux est sèche et inflammatoire, l’hysope ne sera pas le choix le plus judicieux.

Leclerc cite Hippocrate qui l’utilisait « dans la pleurésie au cas où, sans avoir de râles, le malade ne crache pas convenablement » (ref : Leclerc). Leclerc parle aussi d’affections bronchiques « caractérisées par l’exagération et par la stase des sécrétions », la stase désignant le fait que les poumons sont passés d’un état chaud à un état froid (dans des termes énergétiques) et ont besoin d’une stimulation.

Chez Valnet : pour les bronchites passées à l’état chronique.

Les vieux écrits parlent aussi de l’hysope pour l’asthme humide des vieillards (ref : Cazin), la recherche moderne confirmant son effet anti-inflammatoire sur les bronches asthmatiques(1).

Hysope (Hyssopus officinalis)

Résolution des ecchymoses

Ceci est une indication peu connue. L’hysope ramène la circulation dans les cas de sang coagulé et stagnant, généralement dû à un traumatisme local, afin d’aider le système à évacuer les cellules mortes et à nettoyer la zone.

Cazin explique « qu’on fait résoudre promptement les ecchymoses des paupières et de l’oeil par application d’un sachet d’hysope pilée et bouilli dans l’eau » (ref : Cazin).

Pour Michael Moore, l’hysope est la meilleure plante à utiliser en externe et en interne pour les contusions : la zone a été frappée, avec ecchymose multicolore (ref : Moore). Il l’associe volontiers à l’arnica. Comme expliqué plus bas, il estime que la teinture mère de plante fraiche est la forme supérieure pour cette application.

Cette utilisation est confirmée par Maud Grieve (ref : Grieve) et d’autres références dans le monde des plantes médicinales.

Notez que la diosmine et l’hespéridine, deux composants de l’hysope, sont bien connus comme anti-œdémateux et toniques des veines et des capillaires. Cette action rentre probablement en jeu dans la résolution des ecchymoses.

 Divers

  • Comme l’absinthe (Artemisia absinthium) ou l’aurone (Artemisia abrotanum), l’hysope fut jadis utilisée comme anthelminthique – pour expulser les vers (helminthes) du système digestif. Cazin mentionne « un cas où son usage détermina l’expulsion d’un grand nombre d’ascarides lombricoïdes » (ref : Cazin) ;
  • L’hysope peut être utilisée en gargarisme contre les maux de gorge (ref : Fournier) ;
  • L’hysope est parfois utilisée comme emménagogue, ramenant le flux sanguin dans la région pelvienne et facilitant l’apparition des règles ;
  • David Dalton, herbaliste et auteur, a développé ce profil intéressant de l’essence florale d’hysope : pour la personne se sentant coupable, qui pense qu’elle ne mérite pas d’être heureuse (ref : Dalton) – la rapprochant quelque part de son concept biblique de nettoyage spirituel ;
  • L’herbe est utilisée comme condiment, un peu comme une herbe de Provence rajouté aux viandes, aux pâtés, aux plats de haricots ou lentilles, à utiliser avec parcimonie.

Hysope (Hyssopus officinalis)

Précautions

Leclerc parle de l’huile essentielle d’hysope ayant des « effets épileptogène, effets confirmés par le professeur F. Caujolle qui les rapproche de ceux de l’essence d’absinthe : ce serait, selon lui, de toutes les essences végétales, la seule capable de produire, chez l’homme, une véritable crise d’épilepsie. Il y a donc lieu de l’administrer avec une certaine prudence, surtout aux sujets dont le système nerveux est particulièrement impressionnable » (ref : Leclerc).

Cette observation concerne l’huile essentielle, et l’expérience moderne ne confirme pas cette précaution d’emploi avec l’infusion ou la teinture mère, des préparations plus proche de la plante et plus équilibrées. Il convient tout de même d’être prudent dans les cas où la personne souffre de crises d’épilepsie.

Ne pas utiliser chez la femme enceinte ou allaitante.


Préparation de l’hysope

Parties utilisées :

  • Les sommités fleuries, fraiches ou récemment séchées ;
  • La plante sèche garde son parfum pendant 6 à 9 mois, parfois plus, si bien séchée et gardée dans un endroit sec et à l’abri de la lumière ;
    • Si vous achetez la plante en herboristerie, assurez vous que la fleur ait toujours une couleur bleutée et pas grise ou marron – l’infusion doit avant tout être camphrée et aromatique ;
  • La feuille est elle aussi relativement aromatique, et je l’ai eu utilisée dans les périodes ou la fleur n’est pas disponible.
Hysope (Hyssopus officinalis)
Hysope en train de sécher sur clayettes

Formes utilisées :

  • La forme la plus simple : l’infusion des sommités fleuries fraiches ou sèches, sucrée avec un peu de miel pour les affections bronchiques ;
  • Teinture des sommités fleuries fraîches (1:2 – alcool à 80°) ou récemment séchées (1:5 – alcool à 45° – un alcool à 40° fera aussi l’affaire) ;
    • La teinture mère de plante fraiche est plus efficace (ref : Moore) ;
    • Pour une teinture plus aromatique, laissez macérer seulement 4 à 6 jours. Au delà, la teinture sera plus rêche en gorge, contenant plus de tannins et de composants amers. Vous pouvez goûter chaque jour pour déterminer le point optimal.
    • Matthew Wood recommande d’enlever feuilles et fleurs des branches avant de les teinturer, les branches amenant un peu trop de bois à la teinture (ref : Wood) ;
  • Sirop, en utilisant 100 g de sommités fleuries pour 1 litre d’eau bouillante et 1,5 kg de sucre (ref : Fournier).

Doses :

  • Sommités fleuries fraiches ou sèches en infusion :
    • 2 à 3 tasses par jour (ref : Leclerc, Fournier) ;
    • 10 à 20 g de plante par litre d’eau chez Fournier, 20 g chez Valnet. 3 tasses par jour.
  • Teinture :
    • 10 à 15 gouttes dans un peu d’eau (ref : Fournier) ;
    • 1 à 4 ml 3 fois par jour (ref : Hoffman) ;
  • Sirop
    • 5 cuillères-à-soupe par jour (ref : Lieutaghi).

Hysope (Hyssopus officinalis)


Références

(1) Wang HY, Ding JB, Halmurat U, Hou M, Xue ZQ, Zhu M, Tian SG, Ma XM. The effect of Uygur medicine Hyssopus officinalis L on expression of T-bet, GATA-3 and STAT-3 mRNA in lung tissue of asthma rats. Xi Bao Yu Fen Zi Mian Yi Xue Za Zhi. 2011 Aug;27(8):876-9.

Livres et ouvrages cités :

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68 réponses

  1. Bonjour, il me semble que la photo en fin de la vidéo sur l’hysope représente un magnifique massif d’echinacee pourpre…. Cela pourrait peut-être porter à confusion ?
    Merci pour cet article !

    1. bonjour Jm
      c’est juste la capsule de fin qui était mise à l’époque à la fin des vidéos
      Les photos de l’article sont, elles, sans aucune confusion 🙂

  2. Bonjour, en Belgique mon hysope à des fleurs blanches. L’article ne parle que des fleurs bleues mais est-ce pareil?
    Merci d’avance

  3. Bonjour
    J’ai relevé l’indication pour l’application externe sur les ecchymoses. Est-ce qu’un macérât huileux vous paraîtrait approprié ou les substances actives de la plante ne se prêtent pas bien à cette préparation ?
    Merci

    1. bonjour Adele
      je n’ai jamais testé mais pourquoi pas, auquel cas le macérat huileux par intermédiaire alcoolique pourrait être plus avantageux

    1. bonjour Maya
      pour les faire sécher vous pouvez garder la tige , ensuite pour un gain de place vous pouvez les effeuiller

  4. Bonjour, je ne trouve pas d’informations sur l’agastache, autrement appelée Grande Hysope. Est-ce que vous avez prévu d’explorer les propriétés de cette magnifique plante?
    Merci du temps que vous passez à me lire et à me répondre !

  5. Bonjour, avez vous déjà eu des cas de diarrhées sous sirop d’hysope en prise prolongée ? (prise pour toux traînante).
    Merci

    1. bonjour Nicole
      non nous n’avons pas de retour de cet ordre mais arrêtez , et voyez si les diarrhées persistent ou pas

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