Jeûner
Un nettoyage en profondeur
Jeûner est inscrit dans notre passé génétique. Le manque occasionnel de nourriture a toujours fait partie intégrante de notre évolution en tant qu’être humain. Au travers des millénaires, l’homme a subi les cycles saisonniers sans avoir un accès constant aux aliments.
Jeûner était une réalité pour l’homme préhistorique, puis est devenu l’apanage des classes pauvres dans les périodes plus agricoles et industrialisées. Aujourd’hui, le jeûne a été rayé de la mémoire collective dans les pays industrialisés.
Et pourtant, il fait sa réapparition, et en force, dans les cercles scientifiques et de médecine alternative. D’où vient cette renaissance ? Que nous apporte t’il exactement ?
Dans cet article, je vous apporte mes vues sur le sujet, ainsi qu’une introduction sur les avantages du jeûne. Je ne décris pas les méthodes en détail car il y aurait trop à dire. J’espère par contre vous donner l’envie d’explorer le sujet en profondeur, et pourquoi pas d’entreprendre un jeûne afin d’en constater les effets vous même.
Renaissance du jeûne
Les malades n’ont pas attendu les équipes de recherche pour remettre le jeûne au goût du jour. Ceux qui se sont sortis de pathologies lourdes en jeûnant sont devenus ambassadeurs de cette thérapie.
Le docteur Otto Buchinger, fondateur de la fameuse «méthode Buchinger»(1), fait partie de ces pionniers. Buchinger, après avoir traversé une période très difficile de sa vie, se sortit d’une crise de rhumatisme articulaire aiguë et invalidante grâce à un jeûne de 19 jours.
Fort de son expérience, Il créa de spacieux sanatoria où il appliqua sa méthode sur des groupes de patients toujours grandissants entre les années 1920 et 1950. La méthode Buchinger est l’une des plus respectées à ce jour, étayée par de nombreuses publications scientifiques(2) orchestrées par l’équipe médicale du centre Buchinger Bodensee en Allemagne.
Grâce aux travaux du centre, jeûner est redevenu d’actualité et attire un public grandissant.
Pourquoi jeûner ?
La vie moderne, accompagnée de sur-alimentation et d’ingestions detoxines alimentaires en tout genre, entraîne une surcharge digestive et métabolique continuelle. Le corps est constamment en mode « anabolique» : il construit et il stocke beaucoup. Il stocke en particulier une certaine masse de toxines, principalement dans les cellules adipeuses où les toxines liposolubles se logent (et on notera au passage que la plupart des toxines sont liposolubles).
Jeûner permet au corps de passer en mode « catabolique » pendant une période définie. Les cellules vieillissantes sont détruites et recyclées au travers d’un processus appelé « autophagie ». L’autophagie est induite et amplifiée par le jeûne. Le foie et les autres organes d’élimination se concentrent sur le nettoyage en profondeur de déchets accumulés pendant des mois voire des années.
D’une manière intuitive on arrive à comprendre que, l’homme ayant évolué dans un contexte de jeûne pendant des millénaires, notre système attende cette opportunité afin d’entreprendre un décrassage soutenu.
Si j’avais à décrire le jeûne avec mes termes d’herbaliste, je parlerais volontiers de « cure dépurative suprême ».
A qui s’adresse le jeûne ?
Il s’adresse à tous ceux qui désirent entreprendre un nettoyage de leur système en profondeur. Ceci peut être pour des raisons de déséquilibres chroniques (problèmes digestifs, de sommeil, de système immunitaire, manque de vitalité, etc.) ou à des fins préventives.
Une cure de jeûne peut être entreprise une fois par an, ou lorsque le besoin se fait ressentir. Ceux qui ont déjà entrepris une telle cure témoignent du bien-être ressenti pendant la période qui s’ensuit.
Jeûner pendant une période de plusieurs jours dans le cadre d’un centre spécialisé requiert en général un certificat médical. Il n’est pas pour tout le monde, et est contrindiqué chez certaines personnes (diabétiques par exemple). Veuillez vérifier avec votre médecin en cas de doute.
Types de jeûne
1. Le jeûne intermittent
Il consiste à intégrer le jeûne dans la routine hebdomadaire. Au minimum, on saute un repas une fois par semaine (le repas du soir par exemple). Certains programmes recommandent de rester 24 heures sans manger, toutes les 2 semaines par exemple.
Il n’y a pas de programme établi ou de consensus sur le jeûne intermittent. Il est destiné aux personnes qui veulent en faire une routine, un réflexe, sans avoir à faire un jeûne prolongé sur plusieurs jours pour des raisons logistiques ou de motivation.
2. Le jeune en cure
Il dure plusieurs jours avec une routine bien définie. Il agira beaucoup plus en profondeur que le jeûne intermittent, et aura des effets plus marqués.
Si vous pouvez vous le permettre, au début, il est préférable de vous faire accompagner par des personnes formées en la matière.
Jeûne et plantes médicinales
Les plantes médicinales apportent un soutien essentiel aux organes de détoxification pendant le jeûne en cure. Un programme complet introduira des plantes qui stimulent et assistent les organes d’élimination : foie, vésicule biliaire, peau, reins.
Les plantes dépuratives classiques pourront être utilisées, idéalement sous forme d’infusions ou de décoctions très diluées et bien étalées dans le courant de la journée afin de ne pas entrainer une dépuration trop forte : bardane, pissenlit, fumeterre, patience crépue, feuille d’artichaut, etc.
Notez aussi que certaines personnes sont particulièrement sensibles à certaines de ces plantes qui ont parfois un effet hypoglycémiant ou irritant sur la muqueuse intestinale, en particulier s'il y a une fragilité de ce coté là.
Ce que la science nous dit
Les études scientifiques démontrent que jeûner d’une manière intermittente nous protège contre les maladies dégénératives (cérébrales par exemple(3)), les maladies métaboliques (diabète de type 2, sensibilité à l’insuline(4)) et cardiovasculaires (lipidémie sanguine(5), pression artérielle(6)).
Jeûner en cure exhibe non seulement les mêmes avantages que le jeûne intermittent, mais il s’avère aussi prometteur pour les pathologies plus sérieuses comme le cancer(7)(8).
Une étude récente(9) publiée par l'université de Los Angeles (UCLA) en coopération avec le laboratoire d'oncologie de Genève, examine les effets du jeûne sur les cellules cancéreuses (étude effectuée sur des souris et des levures).
L'étude démontre que jeûner rend les cellules cancéreuses plus vulnérables à la chimiothérapie et protège les cellules saines. Les cellules cancéreuses n'obtiennent aucune protection. Les souris qui subirent jeûne + chimiothérapie eurent de bien meilleures chances de survie. Dans certains cas, la combinaison des deux arriva à éradiquer les cellules cancéreuses complètement, même les métastases.
Les chercheurs postulent la chose suivante : lorsque les temps sont durs, les cellules normales passent en mode de "survie". Plutôt que de se concentrer sur leur propre reproduction, elles augmentent leurs mécanismes de protection, en attendant des "jours meilleurs" (retour des calories). Ce qui n'est pas le cas des cellules cancéreuses - elles ne savent faire qu'une chose, se reproduire à l'infini sans jamais s'arrêter, ce qui les rend plus vulnérables.
Références
(1) Pour plus d’informations, voir le site : http://www.buchinger.com/
(2) Voir la liste des publications scientifiques ici :
http://www.buchinger.com/en/therapeutic-methods/scientific-publications.html
(3) Martin B, Mattson MP, Maudsley S. "Caloric restriction andintermittent fasting: two potential diets for successful brain aging." Ageing Res Rev. 2006 Aug;5(3):332-53. Epub 2006 Aug 8. Review.
(4) Halberg N, Henriksen M, Söderhamn N, Stallknecht B, Ploug T, Schjerling P, Dela F. "Effect of intermittent fasting and refeeding on insulin action in healthy men." J Appl Physiol. 2005 Dec;99(6):2128-36.
(5) Aksungar FB, Eren A, Ure S, Teskin O, Ates G. "Effects of intermittent fasting on serum lipid levels, coagulation status and plasma homocysteine levels." Ann Nutr Metab. 2005 Mar-Apr;49(2):77-82.
(6) Mattson MP, Wan R. "Beneficial effects of intermittent fasting and caloric restriction on the cardiovascular and cerebrovascular systems." J Nutr Biochem. 2005 Mar;16(3):129-37. Review.
(7) Lee C, Longo VD. "Fasting vs dietary restriction in cellular protection and cancer treatment: from model organisms to patients." Oncogene. 2011 Jul 28;30(30):3305-16. doi: 10.1038/onc.2011.91. Epub 2011 Apr 25.
(8) Varady KA, Hellerstein MK. "Alternate-day fasting and chronic disease prevention: a review of human and animal trials." Am J ClinNutr. 2007 Jul;86(1):7-13. Review.
(9) Lee C, Raffaghello L, Longo VD. "Starvation, detoxification, and multidrug resistance in cancer therapy." Drug Resist Updat. 2012Feb-Apr;15(1-2):114-22.
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Nadia dit
Bonjour Sabine, bonjour Christophe. Tout d'abord un immense merci pour votre site très complet, la qualité de vos partages et la générosité des informations. J'aimerais avoir votre avis concernant la meilleure tisane à consommer lorsque le jeûne est terminé. En ce qui me concerne, j'ai jeûné 8 jours en buvant uniquement de l'eau (le motif du jeûne étant de detoxifier mon organisme et d'effectuer un genre de "reset" au niveau d'habitudes alimentaires . Pourriez-vous également me dire si dans l'idéal il y aurait s'il y a d'autres choses à prendre (probiotiques, minéraux ou autres) afin de repartir sur de bonnes bases ?Un immense merci pour le temps consacré à la réponse. Je vous souhaite une excellente journée
sabine dit
bonjour Nadia
vous redémarrez en douceur avec une plante pour aider le foie mais une douce style romarin, ou même sève de bouleau et une plante reminéralisante comme l'ortie par exemple infusion ortie/romarin et bouillon de légumes , puis petit à petit par exemple avec des petites salades sauvages (c'est le moment 🙂 ) le tout est de faire dans la douceur
Nadia dit
Un immense merci pour le temps consacré à la réponse
Julita dit
Bonjour Christophe
J'aimerais suivre une cure de jeune, vous connaissez peut-être des endroits à conseiller ? Merci beaucoup pour vos précieux conseils , je vous suis depuis des années ainsi que vos formations. Merci Christophe
sabine dit
bonjour Danièle
à ma connaissance oui on peut 🙂 en tout cas je n'ai pas vu de contre indication à des doses classiques et ne pas utiliser en continu sur de longues périodes (précaution oblige)
béatrice dit
Bonjour ! A plusieurs reprises j'ai sauté le repas du soir. Et ... JE DORS MAL !!! La nuit je me réveille à 1h, à 3h, à 5h, à 7h ... bref, toutes les 2 heures à partir d'1h du matin, ou parfois à partir de 3h. Cela me pose question. Souvent on dit qu'on dort mieux si on mange léger le soir ... plutôt rapé dans mon cas )-: De quoi est-ce le signe ? Avez-vous une idée ?
sabine dit
bonjour Béatrice
d'abord ce sont des généralités , et tout dépend des personnes et de leur constitution, ensuite tout dépend de ce que vous prenez en temps normal, quel est l'objectif pour vous de sauter un repas , et puis manger léger ne veut pas forcément dire ne rien prendre
peut-être que si vous avez l'habitude de faire un repas un peu copieux le soir et que du jour au lendemain vous sautez votre repas, votre organisme n'est pas forcément prêt,
béatrice dit
Hello Sabine, merci pour la réponse. Oui, en effet, mais non, il ne s'agit pas d'un changement brutal dans mon alimentation. Mais bon, je comprends le principe, à suivre ....
Fayard Alain dit
bonjour,
un jeûne intermittent de 16h par jour , donc pour mon cas en sautant le repas du soir (donc de 14h à 6h) est il intéressant et combien de temps dois je l'appliquer
merci de votre retour.(j'adore votre travail)
sabine dit
bonjour Alain
oui le jeûne intermittent est intéressant , mais tout dépend de votre objectif et difficile de proposer un conseil personnalisé ici
Brunet dit
Bonjour Christophe,
Pour commencer bravo pour ce que vous faites, c'est tres riche et motivant. Je me lance à 52 ans dans une reconversion en naturopathie et sophrologie apres plusieurs "vies" en tant que commercial, légionnaire et logisticien...
J'ai une question qui me vient à chaque fois que je pense au jeune : qu'en est-il de la flore intestinale ???
On sait maintenant qu'elle joue un role hyper important dans notre santé physique et mentale et que le nombre et la diversité des bactéries la composant est déterminant pour son efficacité. Dans mon idée le jeune prive de nourriture ces bactéries et donc doit les "tuer" au bout d'un certain temps.
Faut-il prendre des pré/probiotiques en fin de cure afin de la reconstituer ? se "réveille" t-elle toute seule si ces bactéries se mettent en sommeil par exemple ?
Avez vous des infos à ce sujet ?
En tout cas encore un grand merci pour le travail acharné que vous avez la gentillesse de partager avec tout le monde
sabine dit
Bonjour Brunet
voici la réponse de Christophe
"Le jeûne intermittent (ex : ne pas manger pendant 16 h, manger pendant une fenêtre de 8 h) semble avoir un effet positif sur le microbiote basé sur certaines études que j'ai lues. Pour le jeûne hydrique sur plusieurs jours, c'est un peu moins clair.
Certaines études montrent que des bactéries problématiques comme Fusobacterium peuvent disparaître, ce qui est positif.
https://www.researchgate.net/publication/338219424_Fasting_Challenges_Human_Gut_Microbiome_Resilience_and_Reduces_Fusobacterium
mais je n'ai pas plus de données que ça "
Elianore dit
Bonjour Christophe, j'avais l'habitude de faire des jeunes étant (jeune) hihi, et cela ne me posait aucun problèmes. Au contraire il y avait une sorte de légèreté, un éveil des sens, une clarté intellectuelle et une créativité accrue pendant ces moments là. Sauf que cette fois-ci j'ai l'estomac noué et tout dure ainsi que le duodénum malgré les tisanes de fenouil, anis vert ou badiane que je prends. J'ai aussi eu un matin un peu difficile avec vomissement mais c'est passé. Crise de cétone? Possible. J'ai pourtant fait une irrigation colonique en début de jeune pour vider le système digestif. Ma langue est blanche signe de détoxication je pense. Je suis à mon 6ème jours, je penses en faire 15 au total avec une reprise alimentaire très graduelle à partir de mercredi soir avec un bouillon de légume.
Comment feriez-vous pour dénouer cet estomac tout dure avec les pulsation des veines en dessous que je sens pulsé?
Très cordialement.
Elianore
sabine dit
bonjour Elianore
oui peut-être une réaction détox un peu violente, je ne saurai vous dire , comme anti spasmodique je pense à la matricaire ou la mélisse
mais peut-être aussi que ce n'était pas le bon moment
Lisa dit
Bonjour,
J’ai prévu prochainement un jeûne de 5-6 jours, accompagné dans un petit groupe.
Je me demandais si les infusions d’ortie sont intéressantes pour accompagner le jeûne ou s’il y a un risque de consommer des plante très minéralisantes.
Je trouve interessant l’infusion de pissenlit, c’est pour soutenir le drainage du foie? Le pissenlit est-il aussi diurétique, pour favoriser l’élimination par les reins ou faudrait-il l’associer à une autre plante?
Un grand merci d’avance pour votre réponse,
Lisa
Christophe BERNARD dit
Bonjour Lisa,
Oui les plantes minéralisantes sont très intéressantes pour accompagner un jeûne effectivement, elles sont très diurétiques aussi, donc penser à bien boire de l'eau aussi. Je n'ai pas connaissance d'un risque particulier.
Racine de pissenlit est déjà pas mal diurétique, pas besoin de l'associer à une autre plante.
Céline dit
Le jeune est il toujours une solution? Y a-t- il des personnes chez qui c est déconseillé ? Je suis atteinte de plusieurs MAI, malgré de belles améliorations suite à des modifications alimentaires et des prises en charge en micro nutrition et méthodes énergétiques, mon état se détériore à cause de carences importantes en vitamines et minéraux, mais jeuner est-il indiqué pour un organisme très affaibli et en sous poids?
sabine dit
Bonjour Céline
non, pour un organisme affaibli et carencé le jeûne n'est pas recommandé
Stéphanie dit
Bonjour !!
Je vous "ai découvert " grâce à une amie ( Melanie vert citron) .
C'est elle qui m'a mise sur le chemin de cette remise en question de soi , de notre condition de vie! Quelle chance nous avons d'y être sensible et ouvert!
Votre site est une mine d'or!! Vous me donnez envie d'en savoir d'avantage et d'approfondir mes connaissances!
Depuis quelques temps, je me pose questions sur une éventuelle formation de naturopathe. D'abord pour notre propre usage ( familiale) . Puis, sur du long termes, afin de venir en aides autres autres, comme Mélanie et vous , avez pu le faire pour moi!
Bref... Merci!!! Merci !!! Merci!!!
J'ai une petite question en rapport avec votre article:
Voilà quelques temps que je subi des nausées ( depuis deux ans, naissance de ma fille) . Je n'arrive pas à déterminer la cause. Parfois je pense a un dérèglement hormonal. J'ai l'impression d'être enceinte : nausée, faim, nausée... Au cours d'une même journée. C'est très aléatoire selon la période. en sachant aussi que si je saute l'heure du goûter ( par exemple) j'ai vite faim, au point d'en avoir des vertiges.
Je cherche donc des réponses à ce que mon corps essaie de me dire...
Mais voilà... J' allaite sur du long terme.
Que puis je faire sans "risque"?
Je vous remercie!
Au plaisir de lire un nouvel article !
A bientôt !
Christophe BERNARD dit
Bonjour Stéphanie,
Merci pour votre sympathique message.
Pour cette histoire de nausée, je vous dirais que je ne sais pas trop, il faudrait en effet connaitre la cause afin de pouvoir la corriger, sinon c'est compliqué de sélectionner un mélange de plantes. Par défault, toujours penser gingembre pour les nausées, c'est l'une des plantes les plus efficaces, une simple infusion des rhizomes frais. Le médecin américain Aviva Romm, spécialiste de la femme, explique que la plante est OK lorsqu'on allaite. Voir son article ici :
https://avivaromm.com/herbal-antibiotic-alternatives/
monica dit
Je precise que j ai bu un.litre de wise water( fenouil , cumin, coriander ) donc j en suis d autant plus etonnee puisque ce sont des carminatives
Christophe BERNARD dit
Il reste une quantité d'aliments de la veille qui est toujours en transit, avec peut être un transit un peu lent effectivement. Le transit, bouche à anus, peut varier de 12 à 24 heures. Donc si le repas du soir est pris disons à 20 heures, le colon va devoir gérer une partie de ces restes le lendemain. Et vu qu'il n'y a plus de nourriture additionnelle pendant la journée, il y a peut être un effet d'amplification, je ne sais pas. Le meilleur test serait de continuer pendant 48 heures. Logiquement, le deuxième jour, il ne devrait plus y avoir de ballonnements (plus rien à fermenter).
monica dit
Bonjour, suite a ton article Christophe, j ai recommence a jeuner. 1 fois par semaine, le jour le plus rempli ou je n aurais meme pas le temps d y penser.....CA se passe bien mais j ai remarque que j ai tendance a developper des gaz et mes intestins sont bruyants alors que en periode normale j en souffre pas. Est ce que ce peut etre signe d une mauvaise vidange enterique qui ferait que les bacteries intestinaux degradent ce qui stagne? Ou encore une proliferation bacterienne anormale? Ou encore quelle peut etre l explication? Est ce que Il faudrait prolonger le jeune pour re equilibrer tout cela? Merci!
Véronique dit
Cher Christophe, voici un protocole intéressant qui m'a été enseigné lors d'un formation OMNES en cancérologie (protocole validé...étude de longo si mes notes sont exactes); protocole efficace pour palier aux effets indésirables de la chimio (nausées) et potentialiser le traitement (les cellules cancéreuses seraient donc déstabilisées par ce jeûne soudain...et perdraient alors de leur vaillance, au profit de la chimio) :
jeuner la vieille de la chimio,
le jour même de la chimio,
on ne remange que le lendemain.
Cela fait 60 h en tout (on s'arrête donc juste avant la crise d'acidose qui elle, lors de jeûnes plus longs, se déclenche et fait qu'on se sent pas au top, le temps que cela passe...
Christophe BERNARD dit
Merci Véronique, ceci est précieux. Je note avec beaucoup d'intérêt.
Aspe dit
Merci de prendre le temps de publier ces fiches détaillées, elles sont très précieuses!
J'ai jeûner le printemps dernier avec une amie pendant 4 jours (avec une semaine de préparation, et une semaine de reprise que j'ai un peu écourtée).
Mes motivations étaient en rapport avec la dépression et une grande anxiété, à leur paroxysme l'hiver dernier. L'anxiété provoque chez moi des difficultés digestives, avec gros coup de mou après les repas, tête lourde et bourdonnante, l'impression d'être vide d'énergie, troubles de sommeil, grosse difficulté de concentration. Je grignotais beaucoup aussi, la nourriture prenant un rôle de "remplissage affectif". Mon ventre était complètement noué, constipé en permanence.
Je ne peux pas dire que ce jeûne était seul responsable de l'amélioration de mon état, mais il y a été pour beaucoup. Nous l'avons accompagné de petits exercices, ballades, étiremenst, respiration genre qi-gong. Nous dormions mal, mais étions prévenue que c'est un effet du jeûne. Lorsque nous nous sentions un peu abattues physiquement, nous nous activions (activités sus-dites), et c'était beaucoup plus efficace que répondre a cette faiblesse en restant immobile. J'imagine que cela faisait "circuler".
Nous avons accompagné ce jeûne de tisanes, majoritairement Romarin, Thym. Nous avons bu une décoction de bardane un soir, mais cela nous a fait passer une assez mauvaise nuit (plus mauvaise que les autres), et le lendemain était le jour le plus dur, réveil avec bouche vraiment très pâteuse, sensation de faiblesse assez prononcée. J'ai lu plus tard que la bardane était hypoglycémiante, ce que j'ignorais alors. J'en ai déduis que ce n'était pas une bonne idée de la prendre pendant le jeûne (en tout cas pour moi), qu'en pensez vous? La décoction qui sur le coup m'avais parue agréable a boire, m'inspirait de l'écoeurement à l'idée d'en re-boire. C'est pour cela que j'ai associé mon état à la Bardane et mon amie a ressenti la même chose.
J'étais très obsédée par la nourriture, ne ressentant pas vraiment la faim, mais une forte envie de manger, pendant toute la préparation du jeûne et le jeûne. Nous étions pas toujours isolées, côtoyer d'autres personnes qui gardait le rythme normal des repas n'aidait pas, mais j'avais suffisamment de volonté pour ne pas me laisser tenter. Pendant le jeûne même, nous n'étions pas confronté à cela, mais je continuais à avoir une imagination débordante concernant la nourriture, au point d'élaborer des recettes délicieuses dans ma têtes au couché (je les ai notées et testées par la suite, c'était vraiment pas mal!), et de saliver de manière affolante.
Nos sens était très exacerbés, je me souviens d'avoir humer avec un plaisir jusqu'alors sans pareille les pétales d'une rose très odorante (du moins me semblait-il), une huile d'amande grillées avec laquelle nous nous sommes massées les pieds, les fleurs d'une glycine. Ce ne sont pas des odeurs difficiles a distinguer d'ordinaire, mais je n'avais jamais connu le plaisir de goûter une odeur a ce point. Je ressentais aussi très fortement la sensation de vitesse dans une voiture à 40km/h.
Notre rythme et notre rapport au monde était très ralenti, avec l'impression que tout le monde allait à 200 à l'heure autour de nous.
Les effets directs du jeûne sur mon système digestif ont été extraordinaires : finit les constipations, les sensation de lourdeur après les repas, les maux de tête. J'avais la sensation que je n'avais jamais aussi bien digéré, aussi vite et avec autant de facilité. Au début je prenais un plaisir fou a manger, savourer les aliments, confectionner de bon repas. Mon régime alimentaire a aussi beaucoup changer, de manière presque spontanée. J'ai mis beaucoup de temps a avoir envie de manger certains aliments que je consommais en grandes quantités jusqu'alors, comme le fromage par exemple. Je vit beaucoup moins le phénomène de compensation affective et de grignotage.
J'ai aussi retrouver une capacité de concentration que je n'avais plus depuis un moment, j'ai recommencé a lire. Et j'ai la sensation que ce jeûne a été un tournant important dans l'amélioration de mon état psychologique. Évidemment, ça n'a pas été un miracle, mais comme je le dis, un virage important, cela m'a donner une impulsion, combiné à d'autres événements dans ma vie a ce moment là.
En y repensant, outre la purification et la détoxification du corps qui m'a fait sans doute beaucoup de bien, d'avoir eu la volonté de mener cette expérience à bout à un moment ou la force me manquait, d'avoir tout mes sens aussi exacerbés, m'ont sans doute rappelée à quel point j'étais vivante. De plus la présence de cette amie qui était très sûre d'elle même, déterminée dans cette démarche, qui m'a apporté beaucoup de réconfort dans les discussions que nous avions a été très précieuse.
Je voudrais refaire un jeûne cette année, j'aimerais peut être en faire un plus long mais cette fois ci accompagnée par une/des personne expérimentée, afin d'élargir mes connaissance sur la question, peut être de m'y former a l'avenir pour pouvoir éventuellement accompagner d'autres personnes. Sauriez-vous m'indiquer des pistes dans ce sens?
Aspe
Christophe BERNARD dit
Merci pour ce commentaire détaillé et très utile pour les lecteurs de ce site. Vraiment, j'espère que cela inspirera d'autres personnes à partager leur expérience. Pour la bardane, il faut effectivement prendre des décoctions très diluées, ou passer à d'autres comme la racine de pissenlit, toujours très diluée et réparti dans le courant de la journée. J'ai d'ailleurs mis à jour l'article à ce sujet.
En ce qui concerne l'accompagnement, il y a de nombreux centres de jeunes dans différentes régions. Dans mon coin, j'ai entendu dire beaucoup de bien de http://www.joli-jeune.fr/. Vous avez aussi le site http://www.vitadetox.fr/ qui propose un annuaire (pas que du jeûne si je me souviens bien, mais certains centres font du jeûne).
sabine dit
Merci Aspe pour ce partage...très instructif ...cela donne envie d'essayer sérieusement ...
sabine dit
bonsoir Christophe
bé si je suis vraiment convaincue des bienfaits de cette pratique (d'ailleurs je fais jeûner mon chien une fois par semaine!!!) , mais après une "nanalyse" intérieure, je me dis que mon intellect est convaincu mais pas mon organisme ... la communication n'est pas passée ....et ma matière m'a l'air d'être beaucoup plus résistante aux arguments tout solides soient ils!
donc étape suivante : essayer de décider le jeûne en cachette de moi-même ...!
de toute façon je n'ai pas l'intention de céder naméo..!
je recommence vendredi prochain (en même temps que mon chien ...!)
Musumeci dit
Bonjour,
Pour ma part, lorsque je débute un jeûne, je parle à mon corps avec bienveillance, en lui expliquant que je vais arrêter de le nourrir "par l'extérieur" pour son bien (corps) et pour le mien (esprit). Je lui demande d'accepter et d'être bienveillant avec ma démarche.. L'idée étant de le préparer au mieux et de le faire accepter ce jeûne dans son intérêt et le mien pour que tout se passe bien et tranquillement.
sabine dit
bonjour Christophe
j'ai décidé avec une amie de me lancer dans l'aventure du jeûne
(quel jeune ? me demande mon mari d'un air suspicieux hihi)
Donc bien motivée par votre article , je décide de jeûner au moins une fois par semaine, mon amie tout à fait d'accord pour vivre l'aventure et convaincue du bien fondée de celle ci
mais voilà le hic.........je n'y arrive pas (elle non plus) , il suffise que je dise jeûne, diète pour me sentir prise de fringale .... je n'ai aucun problème de poids, suis capable d'oublier de manger lorsque je suis à fond dans une activité ...et là ...impossible!
Ce matin (2ème essai) je prends un bonne tisane (d'ortie, achillée et aigremoine) et me voilà partie pleine de bonne volonté, hors lors de mon retour à la maison , je n'ai jamais autant élaboré de recettes toutes plus alléchantes les unes que les autres (alors que cuisiner n'est pas trop ce que j'aime faire)
l'estomac au niveau de la pédale d'embrayage , les dents incrustées dans le volant, en me disant "je vais mordre quelqu'un!"
et j'ai craqué, je me suis cueillie des pissenlits et englouti 2.3 galettes avec plein de fromage et du pain si j'avais eu du chocolat je crois que j'aurais englouti la tablette ....jamais je ne mange autant ....
(mon amie à qui je téléphonais pour dire que j'avais échoué, venait elle aussi de craquer et de brouter des pissenlits (elle est plusss raisonnable !)
Alors l'est où le problème ???? Est ce normal de devenir affamée de cette manière alors qu'en temps normal, j'ai plutôt un appétit de moineau !
Est ce que d'autres personnes vivent ce genre de situations ?
(j'ai dit à mon mari "ne t'inquiète pas pour le "jeune"....j'ai beau lui courir après il me fuit!!)
Christophe BERNARD dit
Bonjour Sabine,
Je dois dire que tous les gens avec qui j'ai discuté jusque là n'ont pas eu ce type de problème, mais ils étaient tous motivés par un problème de santé ou un autre. La motivation était donc là, et elle était forte. J'ai moi aussi jeuné pendant plusieurs jours, et la faim était là les 3 premiers jours, les gens mangeaient autour de moi, mais je devais continuer mon expérience pour pouvoir écrire sur le sujet.
Donc le blocage est où ? Je ne sais pas trop, je dirais bien manque de motivation, mais c'est peut être un peu simpliste. Si quelqu'un vous demande pourquoi jeûner, pouvez-vous expliquer d'une manière convaincue pourquoi vous avez décider d'en commencer un ? Si vous n'êtes pas très convaincue, et par dessus vous avez une relation forte avec la nourriture (qui peut être saine - plaisir de manger, plaisir de cuisiner, les goûts, les odeurs, etc), alors le premier pas sera sûrement dur !