Aigremoine
Agrimonia eupatoria
Agrimonia officinarum. T.
Agrimoine, — ingremoine, — eupatoire des Grecs.
Rosacées. — Dryadées. Touin. Fam, nat. — Dodécandrie Digynie. L.
Cette plante (Pl. II) croît dans presque tous les climats, le long des haies, des chemins, dans les bois, les prairies.
Description.— Tige de 60 centimètres environ, droite, dure, velue, feuillée, ordinairement simple. — Feuilles alternes, pinnées à folioles lancéolées, dentées, pubescentes et blanchâtres en dessous, entremêlées de folioles très-petites. — Fleurs jaunes, en épi terminal (juin, juillet, août). — Corolle à cinq pétales ovales, douze à vingt étamines courtes. — Calice à cinq divisions aiguës ; deux akènes renfermés dans le calice persistant et hérissé. — Ovaire arrondi surmonté d'un style, avec un très petit stigmate ; une ou deux semences contenues dans une capsule formée par le calice dont la gorge s'est entièrement fermée.
Parties usitées. — Feuilles et sommités:
[Culture. — La plante sauvage suffit aux besoins de la médecine. Elle croit dans tous les sols et se propage d'elle-même ; elle est très-rustique et peut être multipliée par éclat des racines.]
Récolte. — On peut la cueillir pendant tout l'été pour l'usage journalier ; pour la conserver on ne la récolte qu'en automne. Elle perd de sa saveur et presque entièrement son odeur par la dessiccation.
Propriétés physiques et chimiques. — D'une odeur agréable et légèrement aromatique à l'état frais, d'une saveur un peu amère et astringente, l'aigremoine paraît contenir une huile essentielle et du tannin en assez grande quantité. Son infusion aqueuse noircit par le sulfate de fer. L'eau et l'alcool en dissolvent les principes actifs.
Substances incompatibles. Sels de fer.
PRÉPARATIONS PHARMACEUTIQUES ET DOSES.
A L'intérieur
- Infusion (feuilles), 5 à 15 gr. par 500 gr. d'eau.
- Extrait (1 sur 2 d'eau) de 4 à 8 gr. en bol, pilules
- Poudre, idem.
A L'extérieur
- En fomentations, cataplasmes, injections, décoctions (30 gr. pour 300 gr. d'eau) pour gargarismes, quelquefois avec addition de miel et de vinaigre.
- Elle entre dans l'eau vulnéraire, le catholicum, l'onguent mondificatif d'ache et plusieurs autres préparations officinales anciennes.
Les anciens médecins ont célébré les vertus de l'aigremoine. Ils l'ont surtout vantée comme propre à combattre les maladies chroniques du foie, les engorgements des viscères abdominaux, l'ictère, les flux muqueux, l'hématurie, la cachexie, etc. Alibert la croit utile dans les écoulements chroniques, les hémorrhagies passives, les ulcères de la gorge, les engorgements des amygdales. Becker(1) assure avoir guéri des gales invétérées par l'usage d'une infusion théiforme d'aigremoine, ce qui est peu probable. Pallas a vu employer cette plante comme anthelmintique chez les animaux domestiques. Huzard l'a recommandée pour déterger les ulcères sanieux et farcineux, le mal de taupe, celui de garrot. Forestus en conseille l'usage à l'intérieur, en décoction dans le vin ou le vinaigre, contre les inflammations du scrotum ou des testicules. Hortius assure que la décoction d'aigremoine est un remède très-efficace contre l'hydropisie. Agirait-elle ici comme diurétique, à la manière de la reine des prés, dont elle se rapproche par ses principes chimiques, et qu'un curé de village a récemment tirée de l'oubli ? L'aigremoine, si vantée autrefois, aujourd'hui à peine employée en gargarisme dans les inflammations légères de la gorge, sera-t-elle aussi heureusement réhabilitée que l'ulmaire ? Je ne le pense pas.
(Depuis la publication de la dernière édition de cet ouvrage, Fleitchmann s'est fait le défenseur de l'aigremoine, et affirme l'efficacité réelle de sa décoction en gargarismes, contre l'angine pharyngienne chronique des orateurs et des chanteurs(2). Connaissant la ténacité de cette rebelle affection, il nous parait encore permis d'élever quelques doutes sur les effets de cette plante ; l'angine granuleuse, dont il est ici question, se lie trop souvent à un état général dont elle n'est que l'expression, pour qu'un moyen simplement topique puisse en avoir raison d'une façon durable et constante.)
L'aigremoine est généralement employée dans le nord de la France, par nos paysans, en guise de thé. Son arôme est très-agréable, quoique peu prononcé. « Nous en faisons très-fréquemment usage depuis une vingtaine d'années, dit Dubois, de Tournai, et il ne nous est pas encore arrivé de nous en dégoûter. »
[L'AIGREMOINE ODORANTE (A. odorata, Thuill.), qui paraît n'être qu'une variété de la précédente, s'en distingue par sa tige plus haute, plus rameuse ; ses feuilles plus abondantes, moins cendrées en-dessous, légèrement glanduleuses et odorantes.]
(1) Dissertations, 1783.
(2) Écho médical, décembre 1858.
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