Voici une petite plante rampante qui ne paye pas de mine au jardin. Mais ne vous fiez pas à son caractère discret de couvre sol - elle est utilisée depuis des millénaires en Inde, Chine, Indonésie et Malaisie. Elle n'a pas son égale pour stimuler nos capacités mentales ainsi que pour nous aider à réparer une peau endommagée. Facile à cultiver, elle vous demandera un petit coin chaud et beaucoup d'humidité. Je vous en dis plus dans cette fiche de plante.
Mais d'abord, un résumé en vidéo.
Nom commun : Gotu-kola, Kula kud (Inde), Brahmi (Inde), Mandukaparni (Inde), Pegaga (Malaisie)
Note : le nom Brahmi est aussi utilisé pour le Bacopa monnieri, autre plante de médecine ayurvédique, ce qui sème la confusion.
Nom latin : Centella asiatica, parfois Hydrocotyle asiatica
Famille : Apiacée
Note : d'apparence, la plante n'a rien d'une apiacée classique, et pourtant, c'est bien sa famille d'appartenance.
Constituants :
- Triterpènes (acide asiatique, acide madécassique et leurs glycosides : asiaticoside, madécassoside)
- Flavonoïdes
- Phytostérols
- Huiles essentielles
- Tanins
Goût :
- Amer
- Douceâtre
Energétique :
- Refroidissante
Propriétés du Gotu kola
Système nerveux
Le gotu kola est tout d'abord un protecteur cérébral. La consommation régulière de la plante permet de prévenir le développement de maladies neurodégénératives - Alzheimer, Parkinson, etc. (Lokanathan, 2016). Notez que la plante, dans ce contexte, se prend à petites doses sur le long terme.
Le gotu kola améliore les performances cognitives, mémoire et concentration, y compris chez la personne âgée (Wattanathorn, 2008). De ce point de vue là, elle agit comme agent nootropique, améliorant la circulation cérébrale. Elle a d'ailleurs un long historique d'utilisation traditionnelle pour bâtir un cerveau sain et solide. Elle peut, dans ce contexte, être utilisée chez l'étudiant surmené.
La plante a un effet anxiolytique marqué, atténuant non seulement les symptômes classiques des états anxieux, mais aussi l'état de stress ou de dépression associé (Jana, 2010). Et on connait bien l'effet du stress ou de l'anxiété sur la cognition : on en perd nos moyens, l'esprit saute d'idée en idée sans jamais se poser. Le gotu kola calme "l'esprit papillon" et ancre la réflexion.
Le gotu kola est d'ailleurs utilisé comme aide à la méditation, afin d'augmenter clarté d'esprit et capacité de concentration. La lumière est plus claire, les couleurs sont plus vives, les sons mieux définis.
Energie et vitalité
La plante est considérée comme rasayana en médecine ayurvédique - elle régénère et reconstruit la personne épuisée. D'ailleurs, elle est vendue sur les marchés en Thaïlande comme infusion revigorante. On utilise aussi le jus de la plante avec du sucre et de l'eau pour stimuler à la fois le physique et le mental (Winston, 2007).
Régénération de la peau
Ceci est l'une des grandes forces de la plante. C'est un anti-inflammatoire puissant pour tout tissus rouge et douloureux. On l'utilise pour calmer l'eczéma, le psoriasis ou les brûlures de peau. K.P. Khalsa, expert en médecine ayurvédique, recommande de fortes doses journalières pour arriver à des résultats (plusieurs grammes de plante par jour - voir section dosages). On peut aussi l'utiliser en externe sous forme de macérat huileux, onguent, crème ou cataplasme.
Elle est utilisée traditionnellement pour aider à la résolution des blessures. On l'utilise aussi pour toute faiblesse des capillaires sanguins qui ont tendance à vite se briser au moindre coup, chez la personne qui a, comme on le dit, la "peau qui marque vite". La plante renforce en effet l'intégrité de tous ces tissus (Tierra, 2011).
Le gotu kola stimule la régénération de nouveaux tissus, aide à réparer des lésions de longue date qui trainent et ceci en minimisant les cicatrices. Elle favorise la prolifération des fibroblastes (cellules qui sécrètent la matrice extracellulaire et permettent une peau souple et élastique), favorise la production de collagène et améliore fermeté et résistance de la peau (Bylka, 2013).
Moore recommande la plante après toute chirurgie afin de stimuler une bonne réparation et cicatrisation (demandez conseil à votre médecin si vous êtes sous médicamentation).
Le gotu kola peut aider à la régénération du cheveu et de l'ongle (Tierra, 2011).
Et pour la petite histoire, c'est l'une des plantes qui s'est avérée efficace chez les lépreux (des centaines de milliers de cas sont toujours recensés aujourd'hui dans les pays en voie de développement). Les recherches effectuées par les français donnèrent naissance au médicament Madécassol, à base de gotu kola, pour aider à la cicatrisation.
Régénération des muqueuses
Le gotu kola a des propriétés anti-ulcère. Ceci s'applique aux muqueuses de la bouche, de l'oesophage, de l'estomac et du duodénum. Khalsa recommande la plante, par exemple, pour tout problème de périodontite, en bain de bouche. Elle s'avère aussi très utile pour l'ulcère gastrique ou duodénal (Cheng, 2004).
Protection contre les radiations
Le gotu kola protège nos cellules contre l'effet destructeur des radiations. Ceci a été démontré in-vitro (Joy, 2009) et in-vivo sur des souris - moins de perte de poids et de mortalité (Sharma, 2002).
Contrindications et précautions
- Ne prenez pas de gotu kola si vous êtes enceinte (aucune donnée en ce qui concerne l’allaitement, donc prudence).
- A fortes doses, la plante peut provoquer des maux de tête et des palpitations.
- Certaines personnes sensibles peuvent faire une réaction allergique au contact de la plante.
- Certains experts en Ayurveda mentionnent que la plante provoque une élévation de la thyroxine, donc prudence dans les cas d'hyperthyroïdie. Je n'ai par contre pas trouvé de confirmation scientifique à ce sujet.
- Il existe, à ma connaissance, 3 cas de toxicité hépatique dus à l'utilisation de comprimés pour maigrir contenant du gotu kola (Jorge, 2005). D'un autre côté, les études faites sur animal et humain n'ont jamais démontré de risque. De plus, certaines études montrent au contraire un effet hépatoprotecteur (Duggina, 2015). Certains pensent que les cas en question pourraient être dus à un gotu kola qui n’était pas pur, qui était mal identifié ou coupé avec une plante hépatotoxique. Dans le doute, mieux vaut ne pas utiliser de fortes doses sur le long terme.
Préparation du gotu kola
La plante peut se cultiver à partir de graines ou s'acheter en pépinière (au moment où j'écris cet article, en France, vous pouvez commander à la Bouichère ou chez Ethnoplants). La plante pousse dans les régions chaudes et humides, pas forcément en plein soleil par contre. Elle demande beaucoup d'eau. On peut la conserver en pot et l'hiverner, puis la sortir au printemps pour la laisser s'étendre du pot en couvre sol (on enterre le pot). Arrosez souvent.
Pour reproduire la plante, c’est vraiment très simple. La plante fait des tiges (stolons), et au bout de ces tiges vous allez voir de petites grappes de fleurs, et parfois une ou deux feuilles (voir photo ci-dessous).
Prenez cette grappe et enterrez-la au tiers. Ne coupez pas encore la tige qui provient de la plante mère. Arrosez cette plantule qui va développer des racines et au bout de 2 ou 3 semaines, coupez la tige et vous aurez un nouveau plant.
La feuille se cueille et se prépare fraiche de préférence. Si vous comptez acheter la version sèche, que ce soit la feuille en vrac ou en poudre, la qualité est assez aléatoire dans mon expérience. Il faudra faire vos essais.
Si vous la faites sécher vous même, sachez qu'elle garde ses propriétés pendant plusieurs mois si vous prenez vos précautions : séchage sur claie à l'ombre dans un endroit bien aéré, puis stockage dans des sacs en papier dans un endroit frais et sec. Utilisez en infusion, ou pulvérisez au besoin, au moulin à café ou au blender, afin de faire des gélules.
Fraiche, elle se consomme à raison de quelques feuilles par jour, ou en la mélangeant à une salade verte - c'est un peu amer, mais tellement plus goûteux que la version sèche !
Formes utilisées
- Plante fraîche ou sèche
- Feuilles fraîches mâchées chaque jour.
- Feuilles fraîches passées à l'extracteur de jus, mélangé à un jus.
- Feuilles sèches réduites en poudre et rajoutées à une compote, yaourt, dans un verre d'eau, etc.
- Teinture
- Des feuilles fraîches au taux de 1:2 avec de l’alcool à 90° (une excellente préparation).
- Des feuilles récemment séchées au 1:5, alcool à 40°.
- Infusion
- De la plante récemment séchée. Winston recommande de laisser infuser 30 à 40 minutes.
- Gélules
- De la plante récemment séchée et réduite en poudre. Voir ma vidéo ici pour la pulvérisation.
Voir ici pour la mise en gélule.
- De la plante récemment séchée et réduite en poudre. Voir ma vidéo ici pour la pulvérisation.
- Macérat huileux
- Par intermédiaire alcoolique de préférence, de la plante récemment séchée. Si macération classique, broyer grossièrement avant de mettre en macération.
- Onguent ou Crème
- A partir du macérat huileux.
- Cataplasme
- Des feuilles fraîches ou récemment séchées.
Dosages
- Plante fraîche ou sèche
- 3 à 4 feuilles fraîches par jour.
- 1 à 2 g de feuilles sèches par jour (Tierra)
- Teinture
- 15 à 30 gouttes jusqu'à 3 fois par jour si teinture de plante fraîche (Moore)
- 20 à 40 gouttes jusqu'à 3 fois par jour si teinture de plante sèche (Moore)
- 20 à 40 gouttes 3 fois par jour (Winston - frais ou sec non précisé).
- Infusion
- 1 à 2 g de feuilles sèches par jour.
- Pour un problème aigu, Khalsa recommande de monter à 30 à 90 g par jour en infusion.
- Gélules
- 1 à 2 g par jour.
- Macérat huileux
- Appliquer au besoin sur la peau, plusieurs fois par jour.
- Onguent ou Crème
- Appliquer au besoin sur la peau, plusieurs fois par jour.
- Cataplasme
- Deux fois par jour.
Références
Lokanathan Y, Omar N, Ahmad Puzi NN, Saim A, Hj Idrus R. Recent Updates in Neuroprotective and Neuroregenerative Potential of Centella asiatica. Malays J Med Sci. 2016 Jan;23(1):4-14.
Wattanathorn J, Mator L, Muchimapura S, Tongun T, Pasuriwong O, Piyawatkul N, Yimtae K, Sripanidkulchai B, Singkhoraard J. Positive modulation of cognition and mood in the healthy elderly volunteer following the administration of Centella asiatica. J Ethnopharmacol. 2008 Mar 5;116(2):325-32.
Jana U, Sur TK, Maity LN, Debnath PK, Bhattacharyya D. A clinical study on the management of generalized anxiety disorder with Centella asiatica. Nepal Med Coll J. 2010 Mar;12(1):8-11.
Joy J, Nair CK. Protection of DNA and membranes from gamma-radiation induced damages by Centella asiatica. J Pharm Pharmacol. 2009 Jul;61(7):941-7.
Sharma J, Sharma R. Radioprotection of Swiss albino mouse by Centella asiatica extract. Phytother Res. 2002 Dec;16(8):785-6.
Bylka W, Znajdek-Awiżeń P, Studzińska-Sroka E, Brzezińska M. Centella asiatica in cosmetology. Postepy Dermatol Alergol. 2013 Feb;30(1):46-9.
Cheng CL, Guo JS, Luk J, Koo MW. The healing effects of Centella extract and asiaticoside on acetic acid induced gastric ulcers in rats. Life Sci. 2004 Mar 19;74(18):2237-49.
Jorge OA, Jorge AD. Hepatotoxicity associated with the ingestion of Centella asiatica. Rev Esp Enferm Dig. 2005 Feb;97(2):115-24.
Duggina P, Kalla CM, Varikasuvu SR, Bukke S, Tartte V. Protective effect of centella triterpene saponins against cyclophosphamide-induced immune and hepatic system dysfunction in rats: its possible mechanisms of action. J Physiol Biochem. 2015 Sep;71(3):435-54.
Vous trouverez les références sur l'utilisation pour la lèpre dans wikipedia ici.
Plus d'informations sur le Madécassol ici.
Ouvrages :
- Winston, Maimes, "Adaptogens: Herbs for Strength, Stamina, and Stress Relief", 2007
- Tierra, Khalsa, "The Way of Ayurvedic Herbs", 2010
DES dit
Bonjour,
Pouvez-vous me dire si je peux faire pousser le Gotu Kola en hiver à l'intérieur?
Merci
sabine dit
bonjour DES
oui tout à fait, les miens sont en pots et rentrés pendant l'hiver
Soraya dit
Bonjour,
J'ai entendu parler de cette plante dans la cadre de la sclérodermie. Savez vous si dans ce cas, une prise à long terme pourrait être adaptée? Et du coup à quel dosage? Plutôt 1g ? Ou est ce que 2g pourrait convenir également?
Et faut il faire des pauses dans ces cas là? Merci d'avance
sabine dit
bonjour Soraya
difficile à dire car pas du tout d'expérience ni de recul avec une sclérodermie (je suppose morphée), donc en interne je ne pourrais pas vous dire, en application externe, je pense que je tenterai , il faut tester
Soraya dit
Merci Sabine, pourrais je avoir juste une précision sur les dosages, c'est bien 1 à 2g? Je viens de me rendre compte que cela parait vraiment très peu, par rapport au maximum pour un problème aigu, qui est de 90g. Je voulais donc être sur qu'il n'y avait pas une erreur de frappe.
sabine dit
non pas d'erreur, mais les protocoles ayurvédiques ont leur propres règles et dosages dans une vue plus globale (ce que j'en déduis mais sans certitude, si j'ai une information contradictoire je viendrai corriger)