Écorces d’orange (Citrus aurantium) : digestion, nausées, circulation

Vous avez cette plante médicinale tout l’hiver dans votre cuisine : l’orange !

Vous connaissez bien l’aliment. Je voudrais vous parler ici de la plante médicinale, et là, ce sont les écorces d'orange que l’on va employer.

Bien que l’écorce soit utilisée depuis très longtemps en médecine chinoise, ce n’est pas vraiment un remède connu chez nous, ce qui est dommage. Je vais donc vous expliquer quelles utilisations simples vous pouvez en faire.

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Doux ou amer ?

On va distinguer l’oranger qui donne des oranges douces de celui qui donne des oranges amères, qu’on appelle aussi oranger bigaradier. Vous avez peut-être déjà utilisé ces oranges amères pour faire des marmelades, c’est délicieux.

Lorsqu’on utilise les écorces d'orange, on va faire cette distinction nous aussi. Vous verrez que dans les herboristeries, vous allez souvent trouver les deux types d’écorces. Écorces d’orange douce, provenant de l’arbre Citrus aurantium var. dulcis, et écorces d’orange amère provenant de l'arbre Citrus aurantium var. amara.

Les deux ont des propriétés légèrement différentes.

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Récupérer les écorces d'orange

Pour récupérer l'écorce, c'est très simple. Vous pelez votre orange et vous ne récupérez que la partie colorée. Vous enlevez la partie blanche le plus possible.

Si la partie blanche est très fine, vous gardez tout. Sinon il faut l’enlever. Si vous préparez votre propre limoncello, vous savez exactement de quoi je parle car vous devez faire la même manipulation avec des citrons.

Ensuite vous coupez en petits carrés et vous faites sécher à plat, sur une grille c’est toujours mieux, ça respire plus. Sinon vous pouvez faire sécher à plat sur une assiette par exemple. Vous retournez régulièrement, et une fois que l’écorce est bien dure, vous pouvez la stocker dans des sacs en papier.

Vous pouvez facilement garder vos écorces pendant un an ou deux. Celles que vous voyez dans vidéo ont été préparées 2 ans auparavant et sont toujours bien parfumées. Ceci étant dit, c’est toujours mieux de les utiliser de l’année pour garder un maximum de substances aromatiques.

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Constituants des écorces d'orange

Vous trouverez dans les écorces d’orange de nombreuses substances aromatiques : principalement limonène, mais aussi citronnellol, nérol, géraniol, etc.

Ces substances vont être libérées dans l’eau chaude si vous faites une infusion ou dans l’alcool si vous faites une macération alcoolique. Ce sont principalement ces substances qui vont lui donner un goût chaud et aromatique.

Ensuite vous avez de nombreux flavonoïdes : hespéridine, apigénine, lutéoline, quercétine, etc. Ces flavonoïdes vont lui donner des propriétés antioxydantes et antiinflammatoires.

Vous avez aussi un alcaloïde qui a beaucoup fait parler de lui. Il s’appelle synéphrine, et j’y reviendrai un peu plus bas.

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Insuffisance veineuse

La première utilisation dont je voulais vous parler est l'effet bénéfique des écorces d'orange pour améliorer les problèmes d’insuffisance veineuse.

Ce n’est pas une plante qui va nécessairement jouer un rôle principal dans les mélanges à base de plantes car nous avons d’excellentes plantes pour le retour veineux. Je vous en ai déjà présentées plusieurs comme la vigne rouge ou la feuille de noisetier.

Mais c’est un excellent complément que je rajoute volontiers dans les mélanges pour apporter une touche que les autres plantes n’auront pas. Ce sont les flavonoïdes qui vont apporter cette touche.

On n’a pas de tanins dans les écorces d’orange comme dans la vigne rouge, la feuille de noisetier, l’hamamélis, etc. Mais on a des flavonoïdes, et spécifiquement des flavonoïdes qui ont démontré un effet tonique et protecteur sur le retour veineux, c’est le cas de l’héspéridine et la diosmine par exemple (1)(2).

Donc on peut combiner les propriétés de toutes ces plantes, se préparer par exemple des infusions de vigne rouge, achillée millefeuille avec de l’écorce d’orange (orange douce, c’est plus agréable ici). Une cuillère à café d'écorces par tasse, déjà c’est très bien. Et puis ça rajoute un goût vraiment sympathique.

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Tonique digestif

Les écorces d’orange sont excellentes pour soutenir un système digestif qui ne tourne pas à son optimal.

D’abord, c’est une excellente plante que l’on peut prendre avant les repas pour préparer à la digestion, pour lancer tout le processus digestif avant l’arrivée de la nourriture. On va faire la prise environ 10 minutes avant les repas. Et là notez bien, on va utiliser l’écorce d’orange amère.

L’amertume est très importante ici, c’est ce qui va faire toute la différence. Je vous conseille d’en faire une teinture, donc macération alcoolique de l’écorce sèche en utilisant la méthode que je vous donne ici.

Excellente combinaison avec la gentiane, donc vous pouvez faire par exemple moitié teinture de gentiane, moitié teinture d’écorces d’orange amère, dans un tout petit peu d’eau froide, disons 20 gouttes de chaque 10 minutes avant le repas. C’est très amer, c’est normal et c’est voulu.

Si vous vous intéressez à l’énergétique des plantes, je vais vous dire pourquoi c’est une bonne combinaison. La gentiane est une amère pure, et donc elle est d’énergétique très froide, c’est le cas de toutes les amères.

L’écorce d’orange amère est amère elle aussi, mais ce qui reste au final, c’est une énergétique plutôt chaude à cause de ses substances aromatiques. Donc lorsqu’on combine gentiane et orange, on va équilibrer les choses, et vu qu’il faut souvent prendre ce type de mélange pendant plusieurs semaines pour régler des problèmes digestifs de longue date, le mélange sera mieux toléré.

Au fil des semaines, c’est un petit mélange qui va relancer vos fonctions digestives. Et pour plus d’informations sur toutes ces stratégies, si vous avez un système digestif complètement déréglé, n’oubliez pas mon programme vidéo complet sur la santé du système digestif.

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Cure dépurative

Cet effet réchauffant est aussi intéressant dans ce que j’appelle la cure dépurative, cette cure qu’on peut faire régulièrement pour stimuler les fonctions du foie et des reins, c’est-à-dire nos organes d’élimination.

Il s’avère que de nombreuses plantes dépuratives sont d’énergétique plutôt froide, c’est le cas de la racine de pissenlit par exemple. Pour équilibrer les plantes de votre mélange, vous pouvez donc rajouter l’écorce d’orange amère. Je trouve qu’elle se combine très bien avec la racine de pissenlit.

Donc on fait la décoction de la racine, puis on éteint le feu, on rajoute l’écorce d’orange et on laisse infuser pendant encore 10 à 15 minutes. Cela va changer la dynamique du mélange et rajouter vraiment un goût intéressant. Plutôt orange douce ici pour que le mélange ne soit pas trop stimulant sur l’axe hépatobiliaire (les amères stimulent le foie).

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Indigestions

On reste avec le système digestif. Parfois, les problèmes arrivent après un repas, sur la digestion (eh oui, il ne fallait pas reprendre une portion de tiramisu !)

On est complètement ballonné, parfois on a des crampes, limite indigestion. Et là on peut utiliser soit l’orange amère, soit l’orange douce. Personnellement j’ai une préférence pour l’orange douce qui laisse une sensation de chaleur sur la digestion qui est plutôt agréable.

J’ai une bonne combinaison pour vous, une petite infusion feuilles de romarin et écorces d’orange douce, disons une pincée de feuilles de romarin, une petite cuillère à café d’écorces d’orange, vous laissez infuser 10 minutes, et vous buvez une gorgée de temps en temps sur la digestion.

Ne buvez pas tout d’un coup car vous avez déjà un ventre bien plein et il ne vaut mieux pas trop diluer les sucs digestifs. Mais une gorgée de temps en temps, cela fait du bien et relance la digestion.

D’ailleurs je voudrais mentionner les indications de l’écorce d’orange en médecine chinoise : on parle de situations dans lesquelles on ressent une distension abdominale, sensation de trop-plein, avec production de gaz, éructations, avec une sensation de fatigue.

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Écorces d'orange et nausées

Là encore une utilisation classique en médecine chinoise. Excellente plante contre la nausée, et là je vous donne un mélange très efficace : infusion gingembre frais avec écorces d’orange douce. Deux excellentes plantes pour contrer les nausées.

Pas besoin de boire toute l’infusion d’un coup, une gorgée de temps en temps, vous allez voir que ça fait diminuer la sensation de nausée.

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"Humidité" pulmonaire

Pour rester avec la médecine chinoise, on voit que l’écorce d’orange peut être utilisée pour tout ce qui est stagnation et humidité pulmonaire avec expectoration d’un mucus épais et visqueux. Désolé pour l’image, mais c’est ce type de description qui peut vraiment nous aider à positionner les plantes et leurs utilisations.

Ceci est une indication intéressante, qui me fait dire qu’on pourrait probablement la combiner avec le thym, qui est une excellente mucolytique, qui liquéfie le mucus pulmonaire, et qui est expectorante. Donc on reste dans le chaud et l’aromatique et cela donne des tisanes plutôt agréables à boire pour un cas de toux grasse.

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Écorces d'orange anti-cancer

L’écorce d’orange a démontré des propriétés anti-cancer in vivo sur animal, donc bien sûr à prendre avec un grain de sel, mais nous avons une étude qui démontre que l’écorce d’orange inhibe les cellules :

• Du cancer du poumon à petites cellules (3) ;
• Du cancer de l’estomac (4) ;
• Du cancer du côlon (5).

Et comme d’habitude, on se pose la question suivante : comment transposes cela sur être humain ? Eh bien on ne sait pas comment transposer, mais personnellement, cela me dit que consommer régulièrement de l’écorce d’orange dans mes infusions apporte probablement un effet anti-cancer en prévention, tout simplement.

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Synéphrine et précautions

Peut-on prendre régulièrement de l’écorce d’orange ?

Pour répondre à cette question, je vais revenir à l’une des substances que l’on trouve dans l’écorce, qui est un alcaloïde qui s’appelle la synéphrine. On l’a appelé synéphrine car il ressemble étrangement à l’épinéphrine, qu’on appelle aussi adrénaline.

Lorsqu’on a découvert cette substance, l’industrie des compléments alimentaires s’est frotté les mains. Si ça ressemble à de l’adrénaline, on peut probablement augmenter le métabolisme de la personne, donc lui faire consommer plus de calories et la mettant dans des états de stress physiologique.

Mais ça, la partie stress, on ne vous en parle pas bien sûr. On vous vend de la perte de poids, donc bingo, alléluia, on va pouvoir profiter du marché de la minceur. Donc c’est une substance qui pourrait être problématique si on s’en tient à sa structure chimique car elle pourrait nous mettre dans des états de stress. Mais il faut aller plus loin.

Une étude a été faite sur des personnes obèses pour voir si l’écorce d’orange arrivait à leur faire perdre du poids. Et au passage on a mesuré le rythme cardiaque, la tension artérielle, on a fait un électrocardiogramme.

On a constaté que l’écorce d’orange ne produit pas d’effets indésirables ni d’augmentation du rythme cardiaque ou de la tension artérielle (6).

On voit que la synéphrine provoque des troubles cardiovasculaires chez le rat, mais dans les études, on a très souvent donné à ces pauvres rats des doses de synéphrine largement supérieures à ce qu’on pourrait ingérer dans une utilisation traditionnelle de la plante.

Chez l’humain, des chercheurs ont épluché plus de 30 études sur la synéphrine et n’ont pu trouver aucune perturbation. Les chercheurs concluent donc que la synéphrine se verrouille probablement d’une manière très active sur les récepteurs adrénergiques chez le rat, mais chez l’humain, elle n’active que très faiblement nos récepteurs (7).

Tout ça pour vous dire que vous allez probablement lire sur internet de nombreuses précautions au sujet de l’écorce d’orange à cause de la synéphrine. C’est bien que l’on nous mette en garde, toujours mettre le principe de précaution d’abord.

Mais là, basé sur mes recherches, il semble que cette précaution soit très grandement exagérée pour les dosages traditionnels.

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Formes et quantités

☀︎ La forme la plus simple est l’infusion de l’écorce d’orange sèche.

Personnellement, j’utilise une cuillère à café d’écorce coupée en petits morceaux par tasse que je rajoute soit à une infusion de romarin, soit à une décoction de racines de pissenlit, parfois j’en rajoute avec mon thé vert, je trouve qu’il va très bien avec le thé vert chinois de type gunpowder.

☀︎ Vous pouvez utiliser la teinture, macération dans de l'alcool à 45°, et là je vous conseille d’utiliser du rhum qui va rajouter une douceur supplémentaire.

Et franchement on pourrait quasiment sucrer cette teinture et en faire une liqueur :-).

Pour la teinture, utilisez 500 ml de rhum à 45° pour 100 g d’écorces sèches et coupées finement. Pour les dosages, 20 à 30 gouttes de teinture dans un peu d’eau, rajoutée à de la teinture de gentiane ou autre pour la partie tonique digestif.

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Précautions

L’utilisation de l’huile essentielle peut créer des problèmes de photosensibilisation, mais en ce qui concerne la consommation de l’écorce d’orange aux doses que je vous ai donné, je ne suis pas certain que ce soit un problème, mais je préfère vous donner l’information tout de même.

L’écorce d’orange douce, en particulier, semble contenir une faible teneur en furanocoumarines (8) qui sont les substances photosensibilisantes.

En ce qui concerne la synéphrine et les effets excitants cardiovasculaires, comme expliqué précédemment, la science ne semble pas justifier cette précaution aux doses courantes chez l'humain.

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Références

(1)  Chaoyun Li & Hermann Schluesener (2017) Health-promoting effects of the citrus flavanone hesperidin, Critical Reviews in Food Science and Nutrition, 57:3, 613-631

(2) Feldo M, Wójciak-Kosior M, Sowa I, Kocki J, Bogucki J, Zubilewicz T, Kęsik J, Bogucka-Kocka A. Effect of Diosmin Administration in Patients with Chronic Venous Disorders on Selected Factors Affecting Angiogenesis. Molecules. 2019 Sep 12;24(18)

(3) Kwang-Il Park, Hyeon-Soo Park, Mun-Ki Kim, Gyeong-Eun Hong, Arulkumar Nagappan, Ho-Jeong Lee, Silvia Yumnam, Won-Sup Lee, Chung-Kil Won, Sung-Chul Shin, Gon-Sup Kim. Flavonoids identified from Korean Citrus aurantium L. inhibit Non-Small Cell Lung Cancer growth in vivo and in vitro, Journal of Functional Foods, Volume 7, 2014, Pages 287-297.

(4) Do-Hoon Lee, Kwang-Il Park, Hyeon-Soo Park, et al., “Flavonoids Isolated from Korea Citrus aurantium L. Induce G2/M Phase Arrest and Apoptosis in Human Gastric Cancer AGS Cells,” Evidence-Based Complementary and Alternative Medicine, vol. 2012, Article ID 515901, 11 pages, 2012.

(5) G.K. Jayaprakasha, K.K. Mandadi, S.M. Poulose, Y. Jadegoud, G.A. Nagana Gowda, Bhimanagouda S. Patil, Novel triterpenoid from Citrus aurantium L. possesses chemopreventive properties against human colon cancer cells, Bioorganic & Medicinal Chemistry, Volume 16, Issue 11, 2008, Pages 5939-5951.

(6) Stohs SJ, Preuss HG, Shara M. A review of the human clinical studies involving Citrus aurantium (bitter orange) extract and its primary protoalkaloid p-synephrine. Int J Med Sci. 2012;9(7):527-38. Epub 2012 Aug 29. Review.

(7) Stohs SJ, Preuss HG, Shara M. A review of the human clinical studies involving Citrus aurantium (bitter orange) extract and its primary protoalkaloid p-synephrine. Int J Med Sci. 2012;9(7):527-38. Epub 2012 Aug 29. Review.

(8) Dugrand-Judek A, Olry A, Hehn A, et al. The Distribution of Coumarins and Furanocoumarins in Citrus Species Closely Matches Citrus Phylogeny and Reflects the Organization of Biosynthetic Pathways. PLoS One. 2015;10(11):e0142757.

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