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- Ma formation sur la Santé du Foie (et les stratégies de détox pour garder la santé)
La santé, telle une plante, se cultive
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Voici la transcription de la vidéo :
Dans cette vidéo je vous donne mon opinion sur la question suivante – cure détox, info ou intox ? C’est une vidéo assez longue, pleine d’information dans laquelle je partage mon expérience pratique et de terrain. Et ne vous inquiétez pas, pas besoin de prendre des notes, je vous ai créé un PDF sur mon site dans lequel je vous ai fait un résumé de cette vidéo. Vous trouverez le lien dans le petit « i » entouré d’un cercle en haut à droite de la vidéo.
Je tiens aussi à vous dire que dans toutes mes vidéos, mon but n’est pas de vous convaincre, mon but n’est pas de vous dire « je détiens la vérité », je n’ai pas cette prétention. Je veux juste partager mon expérience, mon petit monde avec vous. Vous trouverez différentes opinions sur le sujet, à vous de décider celle qui vous correspond le mieux. Et comme toujours, soyez prudent, si vous avez actuellement un problème de santé sérieux qui demande un suivi médical ou si vous prenez des médicaments, demandez conseil à votre médecin avant de prendre des plantes.
Alors, toutes les années, à chaque printemps, vous verrez ressurgir le sujet de la cure détox. Ca va faire la une des magazines, sur la toile on va aller dépoussiérer le même article qu’on a posté année après année, on va en parler dans le journal télévisé, etc. Et je dois vous dire qu’on mélange un peu tout en ce qui concerne les objectifs. On va parler de cure détox pour avoir le ventre plat, on va parler de cure détox pour des problèmes digestifs, pour des problèmes de fatigue chronique, etc. Et si vous êtes confus aujourd’hui, je vous comprends car à mes débuts dans le monde de la santé naturelle, j’ai moi même du faire un grand ménage dans tout ça, avancer à tâtons et faire pas mal d’erreurs. Je vais donc vous donner mon analyse basé sur mon expérience, pas sur ce que j’ai lu, mais sur ce que j’ai vu.
On commence par le commencement. Avons-nous besoin de faire des cures détox occasionnellement ? Je pense que oui. Tout d’abord nous sommes constamment bombardés par des polluants en tout genre. Même si vous mangez bio, local, même si vous passez au peigne fin toutes les étiquettes sur les produits que vous achetez, votre corps va toujours être exposé à une grande quantité de polluants qui viennent de l’air, de l’eau que l’on boit, des produits que l’on met sur notre peau, des plastiques qui sont utilisés pour emballer nos aliments, etc. La liste est très longue aujourd’hui. En principe, notre corps a gardé une bonne capacité à éliminer tout cela. Les deux organes principaux de détoxifications sont le foie et les reins et ils ont une capacité assez incroyable à détoxifier l’organisme. Si votre alimentation est saine et constituée en majorité de végétaux, si vous bougez régulièrement, si vous buvez une bonne eau pure, si vous n’êtes pas stressé, si vous dormez bien, votre corps peut très bien faire ce travail de nettoyage.
Mais là vous allez me dire – eh oh Christophe, tu vis sur quelle planète ! Et vous avez raison ! Même lorsque l’on fait attention à sa santé on va toujours devoir faire des écarts, on va toujours avoir des périodes de stress, de périodes d’abus alimentaires, des périodes où l’on doit travailler dans des villes polluées, etc. On n’est pas parfait, on ne peut pas l’être aujourd’hui, c’est dur, donc acceptons nos imperfections et travaillons avec. Donc oui, certains vous diront que vos organes d’élimination sont capables d’éliminer tous les déchets et que vous n’avez pas besoin de faire une détox de temps en temps. Mais en réalité, lorsque la machine fatigue à cause de la vie moderne, et elle va fatiguer a un moment ou à une autre, je vous le garantie, et bien la cure peut faire beaucoup de bien.
Ce que je vais vous dire maintenant est très important. Le but d’une cure dépurative ce n’est pas de mincir. Ce n’est pas d’avoir un ventre plat. Ce n’est pas de nettoyer les intestins. Le but c’est de faire un nettoyage de notre environnement interne. Et pour faire cela, on va gentiment encourager le foie et les reins à éliminer. C’est vraiment ça l’objectif et vous allez voir c’est à la fois très simple à faire et très efficace.
Les pièges du marché des compléments alimentaires, les voici :
Maintenant on va parler de quand faire la cure détox. Tout d’abord, nos ancêtres en faisaient au changement de saisons, au printemps et à l’automne. Pourquoi ? Et bien parce que notre corps est bercé par les rythmes de la nature, que l’hiver tout ralenti, en général on fait moins de choses, on récupère, au printemps la sève remonte dans les arbres, l’activité reprend, on reprend les activités. Donc il y a un changement de rythme. De même à l’automne, après une longue période d’activité en extérieur, on va se préparer pour l’hiver, les choses vont ralentir, on va passer d’une alimentation fraiche et vivante à une alimentation moins nourrissante. Donc traditionnellement, nos aïeux faisaient la cure 2 fois par an, et si vous vous sentez bien, en bonne santé, bonne vitalité, et bien je vous propose de suivre ce même modèle, une petite cure disons en avril, une petite cure disons en octobre.
Au-delà de ces deux périodes, on peut faire une cure détox lorsque le besoin s’en fait sentir. Et je dirais que c’est le modèle qui est beaucoup plus intéressant aujourd’hui, plus que de faire aux changements de saison. Et basé sur mon expérience, voilà les signes qui ne trompent pas. On rentre dans une période où l’on se sent constamment gonflé, engorgé, on digérait bien avant mais là, on a l’impression que la digestion stagne. La langue peut être blanche et chargée au lever le matin, il peut y avoir une mauvaise haleine le matin ou toute la journée. Parfois, lorsqu’on souffre de problèmes chroniques comme un eczéma, qu’on a des migraines, ou des allergies, ça peut se traduire par une aggravation de la situation. On va avoir une poussée d’eczéma, plus de migraines, une poussée d’acné chez l’adolescent, etc. Alors, le stress peut créer ces situations aussi donc essayez de toujours voir s’il y a aussi se sentiment de lourdeur et d’empâtement au niveau abdominal. Et bien évidemment, ne faites pas n’importe quoi, consultez un médecin pour vous assurer que tout va bien. Et si tout va bien, à ce moment là vous pouvez faire une cure détox.
Autre moment pour faire la cure, après des abus alimentaires qu’ils soient solides ou liquides si vous voyez ce que je veux dire. Ca peut être les vacances d’été avec quelques semaines de barbecue bien arrosé, ça peut être un voyage d’affaire avec des sorties au resto, ça peut être les fêtes de Noël avec chocolats et champagne, etc.
Notez au passage que dans mon humble avis, la cure dépurative n’est pas adaptée aux périodes d’épuisements. Peut être que vous sortez d’une infection qui vous a éprouvé, ou d’une période émotionnelle qui vous a vidée. Dans ces moments, rien ne sert de vous drainer si vous l’êtes déjà, mieux vaut retrouver des forces d’abord.
OK, maintenant qu’on a posé les bases, on va voir comment mettre en place cette fameuse cure détox. D’un point de vue alimentaire, vous avez plusieurs cures et je vais les passer en revue rapidement car je veux surtout vous parler de plantes.
Tout d’abord, si vous avez un extracteur de jus à la maison, vous avez les cures à base de jus de légumes frais. Pendant quelques jours, vous allez ralentir au maximum les aliments solides et les remplacer par un jus de légumes frais et bio. Je vous donne mes 3 légumes favoris : céleri, carottes et fenouil. Côté fruits je rajoute toujours un citron car cela rend le jus très agréable à boire. Et le petit morceau de gingembre ou curcuma frais, ça, c’est le petit plus.
On passe maintenant aux monodiètes. Pendant plusieurs jours, vous allez manger un seul aliment et rien d’autres. Les classiques, vous avez la monodiète à la pomme, au raisin ou à la carotte.
Dernière cure détox nutritionnelle, la détox ultime je dirais, le jeûne. Et là, on pourrait en parler pendant des heures car le sujet est complexe. Sachez aussi que vous avez plusieurs types de jeunes, certains plus longs que d’autres, vous avez aussi des jeunes intermittents, etc. Donc renseignez vous si cela vous intéresse et éventuellement faites vous accompagner.
On passe maintenant aux plantes. Et là, vous allez voir, on va faire très simple. Il existe de nombreuses plantes qui ont une action dépurative dans notre pharmacopée et on peut très rapidement se perdre. Je vous en donne trois qui ont toujours été efficaces dans mon expérience. Je vais aussi vous les donner de la plus forte, la plus énergique si vous voulez, à la plus douce. Elles vont toutes activer le métabolisme au niveau du foie et des reins, on va mieux filtrer le sang, on va mieux nettoyer tout l’environnement interne. On va prendre les plantes sous forme d’infusion ou de décoction. Pourquoi ? Et bien parce que cette grande quantité de liquide va contribuer au nettoyage. Laissez tomber les gélules ou même les teintures. De plus, vous allez boire la quantité de liquide tout au long de la journée et pas tout d’un coup, vous allez étaler la prise dans la journée.
On va prendre ces plantes tous les jours pendant 10 à 15 jours. Pas plus. Cela ne sert à rien de continuer, et même cela va commencer à fatiguer les organes d’éliminations. Vous pouvez acheter ces plantes très facilement en herboristerie, ce sont de grandes classiques. Et je vous explique où les trouver dans le PDF.
Première plante, bien de chez nous, l’aubier de tilleul. Le tilleul vous le connaissez bien, c’est ce grand arbre que vous verrez sur les places de nombreux villages. L’aubier c’est la partie sous l’écorce et vous pouvez en acheter en herboristerie. Je vous donne d’ailleurs des adresses dans le PDF que vous pouvez télécharger sur mon site. Personnellement j’estime que 20 g d’aubier par litre, c’est largement suffisant, et c’est beaucoup moins que ce que vous trouverez dans certains ouvrages. Mais dans mon expérience ça suffit. On va le préparer en décoction. Une décoction ça se fait comment, et bien vous pesez vos 20 g avec une balance de cuisine. Vous les placez dans une casserole. Vous versez 1 litre d’eau froide par dessus. Idéalement vous allez laissez macérer une heure dans l’eau froide pour que la plante se gorge d’eau, puis vous faites chauffer. Une fois que ça frémit, vous laissez frémir 5 minutes, puis vous éteignez le gaz et vous laissez reposer encore 10 minutes. Ensuite vous filtrez et vous buvez le litre dans le courant de la journée, chaud ou froid.
Deuxième plante, moins forte que l’aubier de tilleul et ma favorite pour la cure détox, c’est la racine de pissenlit. Je dis toujours, dans le doute pour une cure dépurative, choisissez la racine de pissenlit. On va utiliser 30 g de racines sèches par litre d’eau et on la prépare en décoction elle aussi. Même préparation que pour l’aubier de tilleul, vous buvez le litre dans la journée.
Dernière plante, une plante tellement commune qu’on a tendance à l’oublier et à la sous-estimer. C’est la plus douce des trois, le romarin. Elle se prend en infusion idéalement des feuilles fraiches, vous coupez une branchette comme celle-ci si vous avez un plant au jardin, sinon vous utilisez une cuillère à dessert ou une cuillère à soupe des feuilles sèches par tasse, faites selon leur force, certaines sont plus aromatiques que d’autres en fonction de l’endroit où vous les achetez. Ensuite vous laissez infuser 5 minutes, ça suffit, puis vous buvez une tasse 2 à 3 fois par jour pendant la cure.
Une note alimentation. Lorsque vous faites la cure, ne surchargez pas votre foie. Consommez en majorité des légumes et fruits de saison, bon le choix est un peu limité vers mars/avril, on fait avec ce qu’on a, crus ou cuits vapeur selon l’état et la vitalité de votre système digestif, le tout parsemé d’huile d’olive, d’épices doux et d’herbes de Provence, et éventuellement accompagné d’un peu de protéines de type poisson pour ceux qui le désirent.
Une note récupération. Pendant la cure détox, allez au lit tôt. Mettez les écrans de coté, faites-vous plaisir avec un bon livre, puis allez au lit à 22h maximum. Il faut savoir que le foie fait son travail de filtration pendant la nuit. Dormez donc autant que nécessaire pour vous réveiller reposé le matin, idéalement sans l’aide du réveil.
Voici un point à bien noter. Il arrive parfois que le système soit dans un tel état d’inflammation ou de surcharge que la cure va aggraver certains problèmes, problèmes digestifs, problèmes de peau, migraines. Certaines personnes ont des diarrhées par exemple, signe d’inflammation digestive causée par l’excrétion d’une bile qui est un peu trop irritante. Certaines personnes ont un eczéma qui s’empire au lieu de s’améliorer, signe d’une décharge un peu trop abrupte de toxines.
Si cela vous arrive, vous avez 3 possibilités :
Attention, si vous avez une obstruction des voies biliaires, cette cure peut aggraver la situation et vous est déconseillée.
Et bien voici qui termine mon petit tour d’horizon de la cure détox, j’espère que ça vous a plus et si oui, abonnez vous à ma chaine ! J’aimerais maintenant vous donner la parole, laissez-moi un commentaire, dites moi ce que VOUS avez essayé dans le passé, ce qui n’a pas fonctionné, ce qui vous a fait du bien. Car la seule cure détox qui compte, c’est celle qui fonctionne pour VOUS. Le reste, c’est du blabla ! Sur ce, à très bientôt pour la prochaine vidéo !
Il y a de l'intox dans la détox !
Jeu de mots mis à part, il se dit n'importe quoi sur la toile. Il y a beaucoup trop de marketing autour de la détox, un des termes les plus recherchés dans la sphère des thérapies complémentaires. Certains vous feront croire que de complexes mélanges de plantes exotiques nettoient le corps de toute impureté.
Je vais tenter d'apporter de la clarté dans cette confusion. Je fais aussi le choix de ne pas parler de certaines substances dans cet article - le DMSA en particulier, choisissant des formes qui me paraissent plus proches du naturel en premier lieu, moins brutales, c'est-à-dire favorisant une élimination en douceur et sur le long terme. [Lire plus...]
Plantes sauvages comestibles : interview de Charlotte Plaideau : (abonnez-vous au podcast ici)
Bonjour, je suis aujourd’hui avec Charlotte Plaideau. Charlotte utilise le terme « herboriste » pour ses activités et on sait aujourd’hui, que le terme n’est plus autorisé en France, mais elle va nous expliquer pourquoi, elle a fait ce choix. Charlotte est docteure en anthropologie et aussi éducatrice dans le monde des plantes, au travers de différents ateliers/formations. On peut la retrouver sur son site : https://www.charlotteauxplantes.com, qui moi, bien sûr, me fait penser à Charlotte aux fraises, là, c’est le grand gourmand qui vous parle.
Bonjour Charlotte, tout d’abord.
Bonjour Christophe.
Bienvenue. J’ai eu le plaisir de te rencontrer, il y a un peu plus de trois ans, en février 2020, pour le colloque organisé par l’association Biovallée dans la Drôme, pas loin de chez toi. De nombreux acteurs de la filière s’étaient réunis à ce colloque pour échanger, se soutenir et à l’époque, qui est toujours d’actualité, ce projet politique, toute cette discussion autour de ce projet. C’est resté dans ma mémoire, parce qu’on était à quelques jours du confinement et c’était une période un petit peu bizarre, on ne savait pas ce qui allait nous tomber sur la tête. En tout cas, on a profité de ces quelques jours et tu nous as accueillis dans ta région. Comme on dit chez moi, tu nous as promenés dans ton coin, tu nous as fait découvrir de beaux endroits et on se retrouve aujourd’hui, en visioconférence, pour parler de plantes bien évidemment. On va commencer par ton histoire, parce que je dois dire qu’elle est assez intrigante. Si on regarde sur ton site, tu nous parles d’une enfance à Bujumbura (Burundi), dans des bois de bananiers ; tu as fait huit années de recherches anthropologiques sur les traditions du Nicaragua, du Brésil, du Mexique, de la Bolivie et du Cap-Vert ; tu as deux formations en herboristerie au Québec et en Belgique, et rien que pour cette partie de ta vie, je pense qu’on pourrait faire une interview de deux, trois heures. Mais on va devoir faire bref, parce qu’on a un sujet qui nous tient particulièrement à cœur et dont on va parler aujourd’hui. Avant de rentrer dans le vif du sujet, est-ce que tu pourrais nous faire un petit résumé de ton passé, de ce qui t’as amenée aux plantes, et pourquoi tu te dis herboriste aujourd’hui ?
Je vais essayer de résumer sans perdre le sens. En effet, cette naissance et cette jeunesse en Afrique, m’ont marquée. Je pense que c’était mon premier lien avec les plantes et surtout, avec une nature qui n’était pas celle de la Belgique, ni de la France, qui étaient exubérantes, foisonnantes. Je passais mes journées pieds nus, dans les bois de bananiers, en lien avec ces éléments et ces images dans la tête, d’une nature tropicale assez foisonnante. Je pense que c’est ça qui m’a donné envie de faire revivre ce lien aux plantes, qui a dû me marquer d’une manière ou d’une autre, assez puissante et donc oui, mon quotidien est fait de plusieurs heures par jour, dans le terrain que j’essaye de transformer en petite jungle. Je passe beaucoup de temps à semer, bouturer, planter, greffer, pour essayer de recréer cette petite jungle et évidemment, cueillir et récolter ces plantes, c’est aussi être en lien avec elles, les transformer, les utiliser au quotidien pour se soigner et les consommer, les cuisiner le plus possible. Ça, c’était une partie de ma vie que je fais revivre au quotidien ici.
La deuxième partie de ma vie en lien avec les plantes, c’était au moment de mon choix d’études sans grande surprise, puisque le retour d’Afrique, je pense, a constitué une forme de choc autant psy que culturel. Je pense que le choix d’étudier l’anthropologie, était totalement lié à cet événement, comme une forme de retour aux sources, en tout cas, une envie de retrouver la rencontre des cultures et des civilisations. J’ai choisi comme thème conducteur de mes recherches, le thème de la guérison. C’était quelque chose qui me tenait fort à cœur, je ne sais toujours pas exactement pourquoi aujourd’hui, mais c’est ce qui a guidé les dix années de recherches où qu’elles aient été menées. Dans le cadre de ce thème, j’ai été amenée à rencontrer des personnages tout à fait fascinants, hors-normes, hauts en couleur. C’étaient des guérisseurs, des prêtresses, des oracles, des chefs de cultes en tous genres et tous avaient ce point commun que les plantes figuraient au cœur de leur pratique. C’est comme ça que les plantes sont revenues à moi, sans l’avoir demandé. Les plantes étaient leurs alliés, leurs passeuses de frontières, elles étaient utilisées pour des conversions, comme accès aux dieux, elles étaient au cœur de la guérison, toujours. Je pense que c’est cet important statut accordé aux plantes, qui m’est revenu et qui m’est resté. Tant est si bien, que je me suis retrouvée à apprécier d’être plus de l’autre côté du miroir, au cœur de ces pratiques, avec ces gens qui me fascinaient totalement, alors qu’en anthropologie, on nous demande d’avoir une posture très proche de la neutralité objective, si tant est qu’elle existe, où on nous demande de décrire, de manière distante, presque froidement, l’effet qu’on observe. Et ensuite, aller retranscrire dans des écrits, dans un langage assez normatif pour des revues à angles aveugles, avec peu de créativité et surtout, la difficulté de donner toute la couleur de ce que j’avais pu vivre.
Et finalement, on l’oublie parfois, mais une fois rentré du terrain, le boulot de chercheur, c’est surtout derrière son ordi à écrire des papiers, ce qui n’était pas mon rêve de vie, je m’en suis rendue compte petit à petit. C’est comme ça que j’ai fini par avoir envie de passer de l’autre côté du miroir, plutôt du côté des praticiens et surtout, du lien avec les plantes. J’ai passé une année à travailler sur un très gros projet pour mandater au poste de chercheur qualifié, je travaillais pour le FNRS qui est l’équivalent du CNRS en France. C’était le dernier poste de nomination, et une semaine avant cette remise cruciale, j’ai décidé de tout quitter.
C’était un moment assez particulier et c’est à partir de là, que je suis retournée vers les plantes définitivement, en choisissant d’étudier l’herboristerie. On a, en Belgique, un diplôme d’État en herboristerie, ce qui diffère de la France. Ce qui est un plus, mais en même temps, ce n’est pas idéal. C’est un diplôme de chef d’entreprise en herboristerie ou on dit parfois, chef d’entreprise herboriste, qui est fort axé sur la gestion et qui nous permet d’ouvrir une herboristerie sans être pharmacien ou médecin, comme ça l’est, je pense, en France. Néanmoins, on a accès à la profession, donc on peut se dire chef d’entreprise en herboristerie officiellement, mais ça ne représente pas du tout l’herboriste que je souhaite être. C’était simplement une « bonne porte d’entrée » et un statut reconnu, peut-être un petit peu plus qu’en France. Je dois dire très honnêtement, que ce n’est pas cette formation qui m’a formée, j’ai passé longtemps à faire de la recherche, à fouiner, à chercher l’info, je me suis surtout formée en autodidacte, et j’ai beaucoup louché du côté des traditions herbalistes canadiennes et américaines, que je trouvais beaucoup plus fines, beaucoup plus approfondies, beaucoup plus ouvertes. Ce n’est peut-être plus le cas aujourd’hui, mais à l’époque, j’étais plus appelée par cette tradition herboriste ou herbaliste.
Quel parcours ! Merci d’avoir résumé ça d’une manière si succincte. A ce stade, j’ai à peu près 227 questions que j’aimerais te poser, mais je vais me faire violence et je ne vais t’en poser absolument aucune. Ça sera peut-être un autre épisode de ton histoire sur lequel je viendrais te poser des questions, parce que cette première partie, lorsque tu as étudié les guérisseurs, me semble absolument passionnante, donc peut-être que l’on y reviendra. Là, j’aimerais que l’on parle d’un sujet un peu particulier, qu’on avait sélectionné tous les deux pour cet échange et qui va relier les plantes médicinales ou du moins, les plantes sauvages, à l’alimentation. Il n’y a pas si longtemps, on discutait tous les deux de nos pratiques respectives et tu me disais, qu’en tant que conseillère, ce n’est pas si facile de demander à nos clients, de modifier leur alimentation. Je suis assez d’accord avec toi, on passe parfois un petit peu pour des rabat-joie. Tu m’as expliqué que tu avais eu un déclic et que tu t’étais dit, « Il faut que l’on soit additif plutôt que restrictif ». Explique-nous comment tu en es arrivé à cette conclusion et ce que tu entends par là.
Oui, tout à fait, tu l’as évoqué. C’est parti d’un moment charnière de cette pratique, je pense après quatre ou cinq années à recevoir des personnes en accompagnement, je me suis rendue compte que ce n’était pas joyeux. Souvent, déjà, les personnes viennent quand les troubles sont peut-être trop avancés, et on en arrive à faire des listes interminables de remèdes, de compléments alimentaires, de restrictions, d’évictions, qui sont difficiles à tenir sur le long terme. Souvent, on a deux cas de figure, soit, les personnes sont très motivées, suivent les propositions à la lettre pendant un temps, et on a du résultat. Mais six mois ou un an, plus tard, ça retourne à la case départ, parce que c’est très difficile de tenir toutes ces évictions sur le très long terme, ou tout simplement, on a des personnes, qui, au bout de quelques semaines, déclarent que c’est impossible à incorporer à leur quotidien. Donc on en arrive à un non-sens, tout le monde perd son temps et j’étais, c’est vrai, à deux doigts d’arrêter cette partie de mon travail, parce que c’était assez désespérant et ça n’avait plus assez de sens.
J’ai laissé un moment, décanter et je me suis rendu compte, qu’un fil conducteur de toutes ces personnes, c’était souvent un terrain de manière générale, assez déminéralisé. Je retrouvais une forme de fatigue chronique, d’allergies, avec, souvent, des cheveux qui tombent, les ongles cassants, une peau terne et un manque de vitalité de base, qui, pour moi, c’était une hypothèse de travail, étaient très liés à une déminéralisation. Je pense que les modes de vie qu’on a aujourd’hui, nous font brûler des minéraux à foison et jouent sur les surrénales. Je dirais que ce sont des rythmes tellement effrénés et que peut-être que l’alimentation même bonne, bio, saine, ne suffit plus.
J’en suis donc arrivé à être plus comme tu dis « additive », essayer d’ajouter des choses extrêmement reminéralisantes, pour équilibrer ces modes de vie extrêmes, plutôt que de restreindre, d’arrêter le gluten, d’arrêter les produits laitiers, tout ce qui est inflammatoire et finalement, ne pas pouvoir du tout le tenir sur le long terme. C’est comme ça que j’ai commencé à intégrer des remèdes vieux comme le Monde, qui avaient déjà montré beaucoup d’efficacité : de la poudre d’ortie, du chlorure de magnésium, de l’argile. Ce sont des choses qui sont très reminéralisantes en profondeur, qui sont simples, qui sont peu coûteuses, pas très contraignantes et surtout, l’intégration des plantes sauvages dans l’alimentation soit ça se passe, si les personnes n’ont pas accès à un jardin, en allant se procurer des plantes en herboristerie, des plantes séchées. Ce n’est pas l’idéal, mais c’est mieux que rien, et les réduire en poudre avec un petit moulin à café électrique, pour les incorporer dans l’alimentation. Ça, c’est pour des personnes citadines, qui n’ont pas accès à un jardin ou à la nature.
Pour celles qui ont cette chance, c’était l’idée d’ajouter cette dimension active, que les personnes soient actrices de leur changement, de leur mieux-être et donc, j’essayais de les faire aller au jardin, acheter un bon bouquin sur la reconnaissance des plantes ou de suivre des balades botaniques et d’incorporer petit à petit, quelques plantes clé, dans leur alimentation. Et là, j’ai vu des résultats plus globaux, pas juste sur le corps, mais aussi sur l’esprit, sur cette connexion à la nature, je pense qu’elle fait du bien à tout le monde. Je voyais des petites bribes de ça, qui commençaient à agir, puis une petite forme de reprise en main de soi, plutôt que d’être passivement occupé à avaler des compléments alimentaires qui, même s’ils sont naturels, restent un moyen très distant et passif.
D’accord, merci. Et la clé de cette approche additive, on revient sur la plante sauvage comestible, qui est tellement plus riche en nutriments, que la plante cultivée, du moins, on le pense, mais c’est vrai qu’on est souvent un petit peu vagues dans ces affirmations, et ça nous arrive de croiser des sceptiques, qui nous demandent comment on a ces affirmations. Comment est-ce qu’on peut les convaincre ? Comment, toi, tu comprends les choses d’un point de vue plantes sauvages et comment elles iraient chercher plus de nutriments, que les plantes cultivées ?
Plantes sauvages comestibles, plus riches en nutriments ?
Oui, je me suis posé ces questions aussi. J’ai été tout à fait convaincue par toutes les approches. Je citerais par exemple, Marc-André Sellose, Hervé Coves ou d’autres, qui sont des personnes qui m’ont beaucoup inspirée. Je consomme les plantes sauvages depuis longtemps, mais depuis une dizaine d’années, on parle beaucoup de mycorhizes et c’est une notion qui m’a aidée à concevoir, pourquoi ces plantes étaient tellement riches. Il y a des études effectivement, mais je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de budget pour ça, donc c’est limité et ça n’existe pas pour toutes les plantes. On trouve des thèses de doctorat sur l’ortie, mais on n’en trouve pas sur beaucoup de plantes, donc je me suis basée sur le bon sens et sur toutes ces théories, je vais m’expliquer.
On sait que les plantes vivaces, celles qui poussent sur un sol qui est intact, qui n’est pas travaillé, c’est le cas des milieux sauvages dans lesquels on trouve nos plantes sauvages, on trouve en souterrain, un réseau incroyable de mycorhizes. Les microrrhizes, ce sont des symbioses entre un champignon et la racine d’une plante, et 80 % des plantes sont mycorhizées, donc une majorité de nos plantes sauvages, ont des mycorhizes. Cette symbiose, fait que le champignon récupère les sucres qui sont produits par la photosynthèse, puisqu’il n’a pas de chlorophylle permettant de capter les sucres et en échange, il offre une extension du réseau racinaire, à la plante. C’est-à-dire qu’il offre des filaments mycéliens, qui peuvent étendre le réseau de la plante de dix ou vingt centimètres carrés, à parfois, des centaines et des centaines de mètres carrés, jusqu’à un kilomètre carré. Ce qui étend énormément sa possibilité de capter les nutriments présents dans le sol. Tout d’un coup, sa masse racinaire, passe de dix ou vingt mètres carrés à près d’un kilomètre carré. Et ça, on l’a uniquement dans des sols qui ne sont pas travaillés.
Donc, nos plantes cultivées, même si elles sont cultivées en bio et avec une éthique tout à fait valide, il n’en reste pas moins que quand on cultive sur deux ou trois hectares, on ne peut pas faire autrement que de mécaniser un minimum, de retourner un minimum la terre, et cette action détruit une grande partie des mycorhizes. Donc si on compare la petite mauve, qui se trouve en sauvage, et qui aura presque ses deux, trois, quatre cents mètres carrés de réseau racinaire, grâce aux filaments mycéliens, au petit épinard ; parce que j’utilise pas mal les feuilles de mauves comme épinards, le petit épinard annuel, cultivé, qui a peut-être dix, vingt centimètres carrés, au mieux, trente centimètres carrés de racines, il ne pourra jamais atteindre cette biodisponibilité des minéraux. Ce réseau de filaments mycéliens, c’est comme un réseau de grande distribution, qui permet d’échanger les minéraux, d’un endroit à un autre, d’une plante à l’autre. Et ça, c’est très bien expliqué dans tous les écrits sur les mycorhizes Selosse et autres. Ça rend les plantes sauvages extrêmement résilientes aux aléas climatiques, et extrêmement puissantes, parce que très riches en nutriments.
C’est une très belle explication, qui me plaît beaucoup. C’est vrai que comme tu disais, point de vue étude, on n’a pas énormément de choses si on regarde bien. On a des recherches dans certains pays africains, en Inde, au Pakistan, dans d’autres pays, sauf les pays industrialisés, ce n’est pas surprenant. Du coup, on peut essayer de faire quelques comparaisons, mais c’est compliqué, parce que si on veut faire un bon travail, il faut pouvoir comparer la même plante en cultivé, avec la même plante en sauvage. Dans la recherche, on a plutôt des études sur les plantes cultivées d’un côté, pour optimiser les tenants en nutriments, et on a les plantes sauvages de l’autre, on ne parle pas des mêmes plantes, mais ça nous donne des idées de grandeurs.
Par exemple, pour 100 g de feuilles en poids sec, ce que j’ai trouvé, les quantités de magnésium, on a autour de 200 mg de magnésium pour une feuille de laitue cultivée, celle que vous achetez chez votre marchand de légumes. On a 1 800 mg pour la feuille d’amarante, donc 9 fois plus. Pour le calcium, on est dans les 500 mg pour la feuille de laitue, même plante et 1 500 mg pour la feuille de chénopode, donc trois fois plus. Ça nous donne une tendance très intéressante là, les références sont sur mon site pour ceux qui sont intéressés.
On peut aussi mélanger les deux, rien ne nous empêche de nous faire une belle assiette de frisée du jardin ou du marchand de légumes, et par-dessus, rajouter quelques feuilles de roquette sauvage, de chénopode, de feuilles de pissenlits, etc. pour combiner ces deux approches. On va très bientôt, plonger dans quelques plantes spécifiques, parce qu’on est là pour ça, pour rentrer dans les détails. Mais pour l’instant, qu’est-ce qu’on pourrait répondre, à ceux qui sont pressés par le temps et qui rouspètent, parce qu’ils n’ont pas le temps de ramasser la plante, de la cuisiner ? Si quelqu’un te dit ça lorsque tu fais tes propositions, qu’est-ce que tu réponds ?
Que pour moi, c’est un vrai gain de temps. Je ne vois aucune perte de temps, dans le sens déjà, où, ça dépend des plantes, mais il y a une grande quantité de plantes sauvages, conséquentes au niveau de la taille. Si on compare pour reprendre par exemple, notre feuille de mauve par rapport à une feuille d’épinard, quand on offre à la mauve, des conditions idéales, elle a des feuilles énormes, qui sont largement trois à quatre fois plus grosses que l’épinard, donc au niveau du temps de cueillette, c’est plus rapide. Ce n’est pas le cas de toutes, mais il y a beaucoup de plantes qui sont très accessibles et qui offrent de la quantité. En général, c’est vers celles-là que je propose d’aller, puisque je sais que le facteur temps est limitant. J’ai moi-même, trois enfants en bas-âges, donc c’est pour dire que je n’ai pas forcément une heure, à passer avant chaque repas, à ça et pourtant, je les incorpore quasi quotidiennement. Au niveau de temps, selon les plantes, je ne pense pas qu’il y ait de perte de temps et si on ajoute à ça, le nombre de fois que ça nous évite, puisqu’il n’y a plus grand-chose dans le frigo, d’aller au supermarché, et de passer un quart d’heure dehors, ainsi qu’une heure aller-retour, plus l’essence, plus le reste, etc. Qui plus est, si on rajoute le facteur mieux être, c’est très méditatif et il y a une vraie plus-value au niveau du bien-être, d’aller cueillir ses petites plantes avant d’aller cuisiner. Et si on tient compte de l’idée que c’est tellement riche, que ça nous évite peut-être un aller-retour à la pharmacie, si on compte tout ça, je pense qu’il n’y a aucune perte de temps.
Oui, long terme, par rapport au court terme, c’est important de le mentionner. Pour ceux qui recherchent un livre de cuisine de plantes sauvages, un livre ou deux, est-ce que tu aurais quelques livres à nous conseiller ? Qui ne contiennent pas des préparations de haute cuisine, mais des petites préparations simples et rapides à faire.
Oui, il y a plusieurs nuances. Pour ceux qui ne connaissent pas du tout les plantes et qui veulent s’assurer du risque zéro, il y a le bouquin aux éditions Ulmer, que j’aime beaucoup : Plantes sauvages comestibles. Surtout au niveau de la reconnaissance, là, je pense qu’il y a 400 ou 500 photos, pour 50 plantes présentées, ça veut dire une dizaine de belles photos par plante. Ça, c’est pour s’assurer de cueillir les bonnes plantes. Il y a d’autres ouvrages qui proposent beaucoup plus que 50 plantes, mais je trouve que quand on débute, c’est le premier bouquin à avoir. Je ne me rappelle pas des noms des auteurs Allemands, qui sont à couper au couteau, mais ça se retrouve facilement. C’est le bouquin Plantes sauvages comestibles aux éditions Ulmer, c’est un très bon départ. Je trouve aussi que le dernier bouquin de Couplan, qui s’intitule aussi Plantes sauvages comestibles, est un bon compromis entre des photos pour la reconnaissance et quelques chouettes recettes. Pour ceux qui connaissent très bien les plantes, qu’ils soient botanistes ou herboristes et qui n’ont pas besoin de ce facteur reconnaissance, Le régal végétal, qui a été maintes fois réédité, de Couplan, est très fourni au niveau de la quantité de plantes et des idées de recettes. Ça, je l’aime bien, mais c’est pour des connaisseurs, quand il n’y a plus besoin de reconnaître la plante. Pour ceux qui sont plutôt des fins gourmets et qui veulent insister sur la qualité et l’originalité des recettes, il y a aussi cette femme Meret Bissegger, je ne sais pas si je prononce bien son nom, elle a eu un restaurant pendant 14 ans en Suisse et là, on a des recettes de qualité gastronomique, mais peut-être moins axées sur la consistance.
Je rajouterais aussi tout ce qui se passe aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Moi-même, j’essaie de m’en écarter le plus possible, mais le peu de temps que je passe, à regarder ce qui se passe sur Instagram ou d’autres plateformes, on a des petites vidéos de très belles préparations, qui me font toujours rager, parce que je me dis « Comment, on peut faire des trucs aussi beaux, aussi vite ? » Ça a l’air tellement facile ! Et moi, je mangerais le téléphone avec ! Tout ça pour vous dire que si vous êtes un petit peu plus de la nouvelle école de pensée, de travailler et que vous préférez les petits formats courts, vidéos, vous allez trouver plein d’inspiration sous différents formats. La cuisine des plantes sauvages s’est démocratisée, je trouve et elle est accessible à tous aujourd’hui, n’ayez pas peur de vous y mettre. Ce n’est pas un problème de manque de recettes, comme vous l’a dit Charlotte aussi, ce n’est pas un problème de manque de temps, parce que finalement, vous allez en gagner sur le long terme, c’est juste de décider de vous y mettre et ça va vous faire sortir, donc ce n’est que du bon. Avant de parler des plantes que tu nous as sélectionnées Charlotte, explique nous tes critères de sélection de ces plantes. Comment est-ce que tu as procédé ?
Il y a, comme on l’a dit, la sécurité, c’est sûr, c’est le premier facteur, donc c’est le faire bien. Avec un bon bouquin, c’est super. C’est encore mieux, en ayant suivi une balade botanique avant. Sinon, c’est simplement cueillir les plantes que l’on connaît déjà et souvent, ce que l’on ne connaît pas d’elles, c’est leur aspect comestible, mais en général, les plantes, on les connaît. Le premier critère, c’est la facilité d’identification. Évidemment, le côté local, si possible, les trouver tout autour de chez soi, pas devoir prendre la voiture pendant une demi-heure. Pour certaines plantes, je le fait, quand je fais des cueillettes conséquentes, oui, je pense que ça vaut la peine de prendre la voiture et d’aller dans un super spot pour récolter 5 ou 6 kg d’orties, parce que par exemple, j’en ai très peu chez moi. À part ça, j’essaye de favoriser le côté local, le côté accessibilité, au niveau du temps de cueillette comme je disais, pas des micro feuilles et des micro fleurs, qui rendent la cueillette décourageante. Voilà, facilité d’accès, de cueillette et sécurité.
D’accord. Et évidemment, comme vous allez le voir, ce sont des plantes qui ne sont pas menacées en nature et on ne vous le répétera jamais assez, qu’aujourd’hui, vu que nous sommes de plus en plus de cueilleurs, il faut faire des cueillettes responsables, il faut se renseigner sur les plantes menacées dans notre coin, s’assurer de ne pas raser un site de cueillette, etc. On ne va pas rentrer dans ces bonnes pratiques, mais on vous en parle souvent, c’est vraiment important. C’est parti, on va démarrer notre petite liste de plantes sauvages à très fort potentiel nutritionnel. On va se faire violence et on ne va choisir que cinq plantes. Par contre, pour ces cinq, j’aimerais que tu nous les déclines sous différentes formes et que tu nous fasses aussi saliver, histoire de nous motiver à sortir les casseroles. On va démarrer tout doucement, avec notre grande classique, bien évidemment, je parle de l’ortie.
En effet. Je pense que c’est toujours la numéro 1. Au niveau gustatif déjà. Au niveau accessibilité, dans les zones qui ne sont pas trop sèches, ça, c’est mon grand désespoir, c’est qu’ici, dans la Drôme, on ne la trouve pas aussi facilement que je ne la trouvais en Belgique. Elle est quand même relativement fréquente, il suffit de trouver un endroit un petit peu propice, c’est-à-dire, en général, elle aime les milieux très azotés, où il y a une présence humaine ou animale, pas loin et plutôt unifère, donc ça ne sera pas sur les coteaux ensoleillés, calcaires, du Midi. Quand on a trouvé un spot, en général, elle s’y plaît et on la trouve en grande quantité. J’aime beaucoup parler de l’ortie, parce que son potentiel nutritionnel est prouvé, il y a énormément d’études. Je suis tombée sur une thèse de doctorat et ça m’a encore conforté dans l’idée qu’il n’y a aucun doute là-dessus.
Globalement, elle contient énormément de silice, ce n’est pas étonnant, parce que ses petits poils, sont imprégnés de silice. Elle est très, très riche en fer et pas seulement, elle est riche aussi en vitamine C, qui est le cofacteur du fer, qui est nécessaire pour bien assimiler le fer. Elle est très riche en magnésium, en potassium, en phosphore, en sélénium. Au niveau des minéraux, c’est très polyvalent, très varié. Elle est très riche en vitamines aussi, B2, B5, B9 (acide folique). Et l’avantage, c’est qu’à la cuisson, les vitamines, on en perd une bonne partie, mais les minéraux sont stables à la cuisson et au séchage. Ça, c’est très important de le marquer et ça veut dire que quand on est surtout dans une stratégie de reminéralisation, on peut cuire toutes les plantes sauvages, on les gardera intacts.
Et on garde l’eau de cuisson, on boit l’eau de cuisson aussi si possible.
Ça, c’est sûr. Dans le cas de l’ortie, je ne la fait jamais à l’eau, donc il n’y a pas de risque de perdre les minéraux dans l’eau, mais c’est vrai que quand on fait blanchir certaines plantes, je pense plutôt à la consoude, c’est sûr que l’eau de cuisson devient une tisane et c’est elle qui devient très riche en minéraux, donc oui, c’est sûr qu’il ne faut pas jeter l’eau. Dans le cas de l’ortie, je l’aime sous toutes ses formes, mais pour la garder fraîche, pour profiter de ses nombreuses vitamines, j’aime l’utiliser en frais. Pour supprimer son caractère urticant, je fais beaucoup de pestos avec elle. Une petite recette très simple, 100 ml d’huile au choix, j’aime moitié colza, moitié olive, mais toutes les huiles sont bonnes, 100 g de plantes d’ortie, éventuellement mixées avec d’autres et une poignée d’oléagineux. Ça, c’est la recette de base 100 ml, 100 g, une poignée d’oléagineux. J’aime beaucoup les noix de cajou, c’est très fin, mais ça ne vient pas de chez nous. Les noix de Grenoble, c’est très bon aussi et les graines de tournesol font l’affaire aussi. Ça, c’est pour garder l’ortie fraîche, tout en perdant son côté urticant, du fait de la hacher ou de la mixer.
Je n’ai pas parlé et pourtant, c’est essentiel, de sa teneur en protéines. C’est une plante qui a, globalement, 28 % de protéines en poids sec, ça veut dire un tiers de la plante. Ce qui est très intéressant que j’ai appris plus récemment, c’est que cette teneur en protéines est variable, mais qu’elle est toujours assez haute en hiver et pourtant, en hiver, on a très peu de plantes, ce sont souvent les moments où on est les plus déminéralisés. En décembre, une étude montre qu’il y a 20 % de protéines en poids sec et ça, c’est très intéressant, de s’imaginer, en décembre, sortir de chez soi et aller chercher ces minéraux, dont on est probablement carencés encore plus en hiver. En avril-mai, c’est là que la teneur en protéines est la plus élevée, on en a 35 % ou 36 %, donc c’est le moment de faire des grosses cueillettes. Sinon, en cuit, c’est considéré comme un épinard, cuisiné de la même façon, ça peut être en tartes aux légumes, en sauces, dans les tajines, le nombre de recettes ne manque pas et gustativement, elle est très agréable.
C’est terrible, parce que littéralement, ce n’est pas une blague, mais j’étais en train de me dire, est-ce que je coupe le micro, parce que mon ventre, c’était sérieux, était en train de gargouiller là. Il est quasiment 11 heures du matin, on est en train d’enregistrer cette interview, c’est en train de gargouiller, c’est terrible, tu me tortures. Et là, excuse-moi, je t’ai coupé, je te laisse finir.
Non, c’est vrai que je n’avais pas parlé des graines d’ortie, qui sont un superaliment. Le nombre de personnes qui me disent « Ah, je prends des graines chia, c’est super, ça me fait un bien fou. » Ça vient de l’autre bout du monde et ce n’est pas du tout plus intéressant nutritivement, que les graines d’ortie qu’on a au pas de la porte. C’est tellement puissant, qu’il ne faut pas en abuser, parce que c’est quelque chose de conséquent à traiter pour les reins, donc une cuillère à café par jour, à incorporer dans une sauce, dans une vinaigrette, dans un smoothie. C’est un superaliment pour l’hiver. On les récolte en septembre en vue de l’hiver et je trouve ça très intéressant, tous ces petits compléments alimentaires, qui s’intègrent au quotidien, ils évitent des fatigues inutiles pendant la période hivernale.
Fabuleux. C’était l’ortie vue par Charlotte, merci. On va maintenant parler d’une autre plante, que vous allez trouver dans tous les villages et moi, l’odeur de cette plante, c’est terrible, elle m’amène direct dans mon enfance, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Je vois encore l’échelle en bois pour aller faire la ramasse et je la sens, je la vois étalée sur des grands draps, c’est le tilleul. Explique nous ce que tu fais avec le tilleul.
Je fais à peu près tout ce que je peux faire, dans le sens où tout se mange sur le tilleul. Point positif aussi, tous les tilleuls se mangent. C’est déjà très facile de trouver un tilleul, ça a été planté à un moment donné dans tous les villages, je crois que symboliquement, ça symbolisait la fidélité, donc on mariait sous les tilleuls pendant toute une période, on en trouve dans tous les villages. Évidemment, c’est mieux s’il n’est pas le long d’une voie passante. Pour le reste, on trouve très facilement des tilleuls et quand les branches sont accessibles, c’est même très facile de cueillir les feuilles de tilleul, mais on n’utilise pas que les feuilles.
Pour la reconnaissance, tous les tilleuls se mangent, que ce soit les tilleuls à petites feuilles, les tilleuls argentés, les tilleuls à grandes feuilles, etc. Donc il ne faut pas s’embarrasser de l’identification botanique. Par contre, pour ceux qui ont un doute sur le tilleul, un très bon mode de reconnaissance, ce sont ses rameaux pourpres et ses bourgeons pourpres. C’est rare, à part chez le cornouiller sanguin, qui n’est pas du tout un arbre majestueux comme le tilleul. On a les rameaux, les bouts des branches, qui sont pourpres et les bourgeons aussi. Ça, c’est un bon signe de reconnaissance et les feuilles en forme de cœur, les feuilles cordiformes. Puis s’il y a un doute, ce que j’ai pratiqué au début, c’est simplement de s’assurer de l’identification, en observant le spot, l’arbre en question et en revenant l’année suivante, si nécessaire, pour s’être assuré de l’identification correcte. Si on est sûr de son tilleul, on peut tout manger.
Je commence par les bourgeons, je suis une grande amatrice de gemmothérapie au niveau médicinal, mais je trouve qu’on parle très peu de l’usage comestible des bourgeons et c’est dommage. Les bourgeons sont traversés par la sève, la sève est gorgée de minéraux, c’est la vitalité même, c’est la fontaine de jouvence. Je trouve ça dommage de ne pas incorporer les bourgeons dans ses salades par exemple. Tous les bourgeons qui sont proposés en gemmothérapie, aujourd’hui, on en a une centaine, sont utilisables au niveau comestible. Certains bourgeons sont un petit peu amers, mais beaucoup de bourgeons sont très doux et c’est le cas du tilleul notamment. Le tilleul, c’est un arbre de la famille des tiliacées, mais aujourd’hui, classé dans les malvacées, qui comme toutes les malvacées, contient énormément de mucilages, cette substance, qui, au contact de l’eau, forme un gel et la rend très adoucissante. Ça donne un goût très doux. Toutes les plantes mucilagineuses sont de très, très bonnes comestibles et le tilleul en fait partie. Essayez les bourgeons de tilleul en salade, c’est croquant, c’est doux et c’est une bombe de minéraux.
J’aime aussi beaucoup les jeunes pousses. Les feuilles de tilleul peuvent se manger à tous les stades, simplement, quand elles sont jeunes, elles sont tendres et elles seront très bonnes en salade. Je pense que jusqu’au mois de juin, je les utilise fraîches, en salade. La salade classique du printemps, que l’on mange quotidiennement, ce sont les enfants qui vont la chercher, c’est : feuilles de tilleul, fleurs de glycines (attention, la glycine est toxique entièrement, excepté ses fleurs, qui sont utilisées dans la cuisine japonaise, à la vapeur, depuis 2000 ans), je les utilise en salade avec les fleurs d’arbre de Judée. Ça donne une salade de printemps d’un vert éclatant, avec le rose des fleurs d’arbre de Judée et le mauve des fleurs de glycine. C’est la petite salade du début de printemps, qui est délicieuse, très sucrée. J’aime aussi beaucoup utiliser les feuilles de tilleul quand elles sont plus âgées, qu’elles deviennent fibreuses. On se dit, c’est dommage, c’est moins bon qu’en frais, on peut encore les utiliser en épinards. On peut aussi les faire sécher et les réduire en poudre pour les incorporer dans la nourriture et ça, ça a été pratiqué dans des temps de disette, abondamment, parce que le tilleul est très riche en protéines.
Ça, on ne le sait pas, mais il contient autant de protéines que l’ortie, on parle de 28 % de son poids sec, donc c’est de nouveau un tiers, c’est énorme. Je ne rentre pas dans le débat des protéines végétales, animales, toujours est-il que c’est très riche en protéines végétales, donc très intéressant, dans une alimentation végétarienne, pour compenser, ou parce que c’est gustativement intéressant. C’est très riche en minéraux globalement et cette poudre, cette espèce de farine de feuilles de tilleul, on peut l’incorporer dans des pâtes à pizza, des pâtes à pain, des pâtes à crêpes. Dans n’importe quelle recette, dans laquelle on met de la farine, on peut substituer 30 % de la farine de blé par de la farine de tilleul, et ça rend tout d’un coup, des recettes qui ne sont pas forcément très bonnes pour la santé, je pense à la pâte à pizza par exemple, des produits très intéressants nutritivement aussi. Ça, c’est une façon d’utiliser toute l’année, les feuilles de tilleul pour sa teneur en protéines.
On utilise les boutons floraux en câpres, par exemple en saumure, c’est très bon, un peu plus long à préparer. On utilise les graines, qui sont des micro noisettes, il faut briser la petite coque qui les renferme. C’est fastidieux et c’est plutôt à consommer en rando si on a tout oublié, mais c’est bon, même si c’est très long à récolter. Pour terminer, on les a torréfiées ces petites graines et on en a fait un succédané de chocolats. Ce n’est absolument pas facile et je pense que ça n’a pas percé, parce que c’est un travail de récolte énorme, mais ça montre que le tilleul peut être consommé à absolument tous les stades.
J’étais en train de m’imaginer des crêpes avec 30 % de farine de tilleul, de la crème de marron par-dessus et j’espère que ça ne s’est pas vu, j’ai probablement de la salive qui est sortie de ma bouche, je m’en excuse. Je vais essayer de rester le plus possible avec toi, mais c’est problématique, parce que tu m’emmènes tout de suite dans des endroits inconfortables pour moi. Donc revenons à notre discussion, merci le tilleul, tellement de choses à faire. La plante suivante, je la connais bien, parce que je l’ai parfois vue envahir des champs entiers, la Lunaire annuelle (Lunaria annua), qu’on appelle aussi la « Monnaie-du-pape », c’est une Brassicacée. Et pour la petite histoire, lorsque mes parents sont arrivés sur la propriété sur laquelle j’habite, on est ici dans le Vaucluse, en Provence, ma mère avait un bouquet sec de Monnaie-du-pape, parce que ça se fait beaucoup chez nous, avec les fameuses siliques plates qui sont remplies de petites graines et qui ressemblent à une pièce de monnaie. Elle a jeté ce bouquet sec dans un endroit à l’arrière de la maison et vingt ans plus tard, aujourd’hui, cette zone est complètement recouverte à perte de vue et c’est magnifique, c’est mauve à chaque printemps. La plante ne tient pas l’été chez nous, parce qu’il fait trop chaud, mais à un moment, c’est vraiment magnifique. Donc la Lunaire, la Monnaie-du-pape, qu’est-ce que tu peux nous dire sur la plante ?
En effet, facilité d’accès, tu l’as dit, facilité de semis et d’expansion. C’est une plante qui est assez grande, j’en ai une ici, mais je ne sais pas si ça se verra. On la voit un petit peu quand même. C’est la pleine saison de récolte de la Monnaie-du-pape, elle est venue seule chez nous aussi et j’essaye de la répandre, parce qu’on l’utilise beaucoup. On l’utilise aussi à tous les stades. C’est une brassicacée de la famille du chou, même famille que le chou, qui est une famille connue pour sa haute teneur en vitamine C. D’où le fait que j’aime beaucoup l’utiliser fraîche, en tout cas, pour ses fleurs. Ses feuilles aussi, hachées en salade pour garder la vitamine C.
C’est aussi une famille qui est connue pour sa teneur élevée en oméga-3 et ça, c’est plus rare de trouver des oméga-3 au niveau végétal. On connaît le pourpier, c’est un classique, mais toutes les brassicacées, sont riches en oméga-3. On sait qu’on est généralement beaucoup plus enclins à consommer des oméga-6 que des oméga-3. En tout cas, toute l’alimentation plus transformée, en contient plus, donc, aller chercher des oméga-3 pour compenser, c’est toujours une bonne stratégie de santé de base. Les brassicacées, c’est aussi une richesse en acides gras insaturés et là aussi, je pense que dans le genre de modes de vie qu’on mène, avec la manière avec laquelle on traite et on utilise nos cerveaux, essayer d’augmenter la part des acides gras insaturés de l’alimentation, c’est toujours très important. Je l’utilise comme complément alimentaire quotidiennement, parce qu’elle est bonne gustativement.
J’utilise ses feuilles fraîches, en salade, mais elles deviennent assez vite fibreuses, plus que le tilleul, donc ça passe vite en épinards. Beaucoup de plantes sauvages, en tout cas, les feuilles, se consomment comme des épinards, intégrées dans des tartes aux légumes, des sauces, comme on utiliserait classiquement des épinards. J’aime beaucoup les fleurs en salade. Toutes les brassicacées sont un peu piquantes quand elles sont fraîches, donc les sommités fleuries donnent un petit côté « moutarde », qui relève très bien une salade. Ce que je préfère par-dessus tout, ce sont ces siliques, quand elles sont à ce stade, c’est-à-dire tout juste formées, parce qu’on voit encore les fleurs. Quand les fleurs disparaissent, en général, les feuilles deviennent fibreuses et là, je n’aime plus les consommer, mais à ce stade, elles sont encore très tendres, on peut les manger comme des pois gourmands, donc crues, en salade, ça marche aussi. Dès qu’elles deviennent un petit peu plus fibreuses, on les cuit et avec un filet de jus de citron et d’huile d’olive, braisées avec un oignon et un petit peu d’ail, c’est très bon. Un petit peu plus conséquentes en cueillette, c’est vrai, là, c’est plus pour le plaisir de tester autre chose gustativement, mais les feuilles sont très grandes, ce sont des feuilles qui sont dentées.
Au niveau de la reconnaissance, je pense que le mieux, c’est de la voir, de repérer le spot, elle est très reconnaissable une fois en floraison, et d’aller, l’année suivante, la cueillir. Juste avec les feuilles, je pense que c’est un peu limite. Ce sont des feuilles duveteuses, dentées, alternes, mais je pense que ce n’est pas la seule qui se présente de cette manière, donc le mieux, c’est de repérer l’endroit et de revenir et de se servir l’année suivante. On peut consommer les racines aussi ! C’est assez rare dans les plantes sauvages. Chez celle-là, on peut consommer les racines pelées cuites, c’est excellent. C’est aussi un peu plus long. Je dirais que seules les feuilles qui sont très grandes, peuvent se cueillir rapidement et être utilisées comme légumes. Les racines, c’est un petit plus.
Rappelons au passage aussi, que toutes ces plantes sauvages ou pas, de la famille des brassicacées, sont très riches en constituants qu’on appelle des « glucosinolates »,qui permettent au foie, d’activer la détoxification hépatique. Et aujourd’hui, vu que nous sommes agressés par tout un tas de toxines, aider le foie à mieux métaboliser, c’est toujours un gros plus et là, la Monnaie-du-pape, va nous aider à faire ce travail, donc excellent choix, merci Charlotte. La prochaine plante, je l’aime beaucoup aussi. J’ai probablement dit ça pour toutes les plantes, mais ce n’est pas grave, je l’aime beaucoup aussi. C’est un petit trésor qui pousse souvent dans les champs en friche. Bien entendu, toujours faire attention au sujet de la pollution du lieu où vous ramassez, mais parle-nous du brocoli sauvage.
Oui. Le brocolis aussi, plante de la famille des brassicacées, qui contient tous les avantages que j’ai cités pour la Monnaie-du-pape. C’est une plante, qui, pour moi, est encore un degré au-dessus au niveau gustatif. Si on l’a appelé le brocoli sauvage, c’est qu’il y a une saveur de brocoli, que moi, j’adore, qui est un légume que j’adore. Le seul petit bémol, c’est peut-être la reconnaissance. En général, quand je la fais découvrir, il y a souvent un petit peu de doute, je ne la reconnaîtrais jamais, ce n’est pas si évident. En effet, au stade de feuilles, ce n’est pas très distinctif. Par contre, c’est aussi une plante vivace qui se présente sous forme de stations, souvent très conséquentes, je vais expliquer pourquoi. Au niveau de la reconnaissance, le mieux, c’est d’attendre le stade du petit jet de brocoli, qui ressemble vraiment à un petit jet de brocoli, qui ensuite, donne une floraison blanche et à ce stade, il n’y a pas de doute, l’odeur de brocolis, quand on est au stade de l’inflorescence, est très, très forte. Je pense que le plus sûr, c’est de s’assurer de l’identification et de revenir l’année suivante.
De son petit nom, Lepidium draba, c’est une plante que je trouve extraordinaire aussi au niveau botanique, au niveau de son tempérament, c’est une plante que l’on dit « rudérale ». Ça veut dire qu’elle va pousser sur les lieux incultes comme tu disais, sur des friches et qui sont des terrains caractérisés par le fait d’avoir presque une asphyxie. C’est un terrain presque anaérobique, dans le sens où il y a une absence d’oxygène. Ce sont souvent des sols tassés, des remblais, où il n’y a pas de vie bactérienne, mycorhizienne, microbienne et aucune autre plante ne parvient à pousser dans ces conditions très rudes. C’est ce qui fait que souvent, on la trouve seule, parce que c’est la seule à pouvoir, avec ses racines traçantes, très puissantes, survivre, dans une terre sans oxygène et sans vie, sans micro-organismes. Ça, c’est sa petite particularité, je me plais à penser aussi, ce côté battant, qui fait que c’est une plante très riche et très bonne pour nous. Donc, quand je la vois étendue et dans le genre de terrain sur lequel elle pousse, ça me conforte dans l’idée de la cueillir.
Et là, pour le coup, dans la rapidité de cueillette, c’est assez imbattable. Comme on utilise tout, autant les petites feuilles que les petits jets de brocolis, et que le site en général, ce sont des stations de dix, vingt, trente mètres carrés, c’est énorme. J’y vais aux ciseaux ou au sécateur, parce que c’est une plante qu’on arrache très vite si on essaye de la sortir de terre. Ensuite, on met la plante à l’envers, on tire à rebrousse-poil, dans le sens inverse de l’insertion des feuilles et en deux secondes, on a retiré toutes les feuilles et on pince pour avoir le petit jet de brocolis. Ça fait très vite une poêlée familiale, je pense qu’en dix minutes, on a de quoi faire un plat exclusivement à base de brocolis. Parfois, on a cette idée, ce mythe, que les plantes sauvages, c’est juste deux, trois petites feuilles par-dessus la salade. Non, c’est véritablement un légume, qui remplace tout à fait un légume du commerce et qui fait des quantités. Moi, je la consomme surtout cuite.
Les feuilles peuvent se consommer crues en salade ou alors en pesto, ça marche très bien aussi, pour le garder frais. Sinon, j’ai un petit plat de mon invention qui me plaît beaucoup, un petit peu en mode asiatique, je cuis les têtes de brocolis toujours braisées avec de l’oignon, de l’ail et je les garde croquants, je trouve que c’est bon quand ce n’est pas trop cuit. Ensuite, une sauce très simple à consonance asiatique, un tiers de purée de cacahuètes, un tiers de jus de citron et un tiers de sauce soja type shoyu, et ça fait un accompagnement très fin, simplement avec du riz blanc. C’est bon, original et extrêmement nutritif.
Ce sont des recettes où on voit effectivement, que tu as essayé d’expérimenter et de leur donner une belle valeur gustative. Il y a quelques années, on a commencé la cuisine des plantes sauvages et je ne te cacherais pas, que parfois, en essayant des recettes, c’était un petit peu tristounet. Là, on arrive dans des temps qui sont intéressants, parce qu’il y a beaucoup de gens qui expérimentent et des gens qui savent cuisiner et manipuler les goûts. Là, clairement, ça fait des assiettes super intéressantes, super nutritives, pour la battante, brocoli sauvage, merci. On va finir par notre dernière plante, c’est la belle Mauve sylvestre, comment ne pas tomber en admiration devant une si belle corolle et tant de douceur, tant de mucilages ? Vraiment, une plante formidable, médicinale et comestible. Comment, est-ce que tu la prépares ? Qu’est-ce qui te plaît dans cette belle mauve ?
Outre son apparence, c’est une plante de nouveau très polyvalente, dans laquelle on peut tout utiliser et facile aussi de reconnaissance, surtout au moment où sa fleur apparaît, sa fleur violette qui est très caractéristique des malvacées. L’avantage de la mauve au niveau de la reconnaissance, c’est que toutes les mauves sont comestibles, donc de nouveau, pas de grandes inquiétudes au niveau de la reconnaissance, dans le sens où la Malva sylvestris, qu’on retrouve le plus communément chez nous, la mauve sylvestre, n’est pas plus intéressante que les autres, on peut toutes les utiliser. Je pense qu’il y en a cinq, six, chez nous, la mauve alcée, la mauve musquée et encore quelques autres. Toutes ont une fleur assez similaire, tout à fait reconnaissable et toutes sont comestibles.
Au niveau de la mauve sylvestre que j’utilise et que je plante au potager, parce que c’est une plante en sauvage, chez nous, qui, dès qu’il fait un peu trop sec, n’a pas fière allure et a de petites feuilles, là, ça devient fastidieux. Moi aussi, j’aime quand c’est efficace pour éviter de ne pas le faire, pour être sûre de l’utiliser, donc je la mets au potager, je lui offre une place de choix. Elle aime une micro-irrigation, à moins qu’elle soit en mi-ombre dans un sol naturellement humifère, on peut la cultiver au potager. Comme je disais, c’est un substitut un peu, de l’épinard, qui est vivace, donc pas besoin de ressemer, de refaire des sillons chaque année, etc. et c’est une plante qui fait des feuilles énormes, jusqu’à 15 cm de diamètre, beaucoup plus rapide à cueillir que les épinards et pour moi, beaucoup plus intéressante au niveau nutritif.
J’utilise tout, sa fleur évidemment, souvent, pour profiter de sa couleur éclatante, je la hache très légèrement, avec des pétales de Calendula et je mélange ça dans un fromage de chèvre, que je remoule ensuite, pour l’agrémenter un peu, l’embellir. Les fleurs, excellentes en tisane. Tisane, qui tout d’un coup, devient bleu, d’un bleu assez impressionnant. J’aime beaucoup l’alliage avec le thym, qui, en hiver, va donner le côté anti-microbien, antibactérien, antitout et la mauve, le côté mucilagineux. Donc c’est encore une malvacée qui est très adoucissante pour les muqueuses irritées. Ça, c’est pour la fleur.
Les feuilles, j’ai rencontré la mauve pour la première fois, au Maroc. Enfin, pas la fleur, mais la partie comestible. Je ne savais pas que je mangeais de la mauve, pour moi, je mangeais un plat délicieux avec des épinards locaux qui s’appelaient « Bakoula » et j’ai appris par la suite, que Bakoula, ce n’est autre que le nom arabe pour la mauve et c’était délicieux. C’était un mélange de feuilles de mauves cuites à la manière des épinards, avec des olives, revenues dans l’huile d’olive, avec oignon et ail et du citron confit. Ail, citron confit, olives, c’est vraiment délicieux et donc les feuilles de mauve étaient cuites dans cette préparation et ça donnait un plat très fin que j’ai reproduit ici. C’est comme ça que j’ai pensé à cuisiner de la mauve en rentrant et que j’ai commencé à la mettre au potager, donc les feuilles. On peut même faire un bouillon de ses racines, ça donne une espèce de substance transparente mucilagineuse qui, semble-t-il, je n’ai pas essayé, peut se battre en neige comme du blanc d’œuf, pour remplacer le blanc d’œuf dans des recettes comme la meringue.
Ce n’est pas tout, on peut aussi utiliser ses petits fruits, qui se présentent comme une forme de roue, de fromage coupé en petits triangles, qui peuvent s’utiliser encore verts, immatures, pas encore secs, comme des câpres dans une saumure bien agrémentée. Je pense, si je me rappelle bien, que j’avais lu à l’époque, que Cicéron, cet homme d’État romain, disait que la mauve, stimulait la liberté d’esprit et nourrissait sainement. J’avais retenu ça, surtout pour le côté liberté d’esprit.
Je pense que c’est sur ces très belles paroles, que nous allons terminer cette discussion, ça fait largement plus d’une heure qu’on est en train d’échanger sur le sujet. En tout cas, je te remercie, Charlotte, d’avoir été avec nous aujourd’hui, d’avoir partagé tes recherches, tes expérimentations aussi, parce que comme tu nous as expliqué, tu es aussi une personne de terrain et c’est ça qui donne toute la profondeur de ce que tu nous expliques, ce n’est pas juste dans ta tête, c’est aussi dans tes mains. Donc, pour ça, merci. Tu nous as ouvert l’appétit avec ces préparations. Tu m’as un petit peu torturé au passage, je ne te le cache pas et je pense qu’on va bien retenir ce message qui te tient à cœur, rajouter et pas privé. Rajouter ces aliments hyper nutritionnels, c’est un excellent pas vers quoi ? Vers la renutrition. Grand merci à toi aujourd’hui, Charlotte.
Avec grand plaisir. Merci pour tout ce que tu fais.
Pour les laitues cultivées : https://www.old-aj.cz/publicFiles/3_2008-HORTSCI.pdf
Pour les plantes sauvages : https://www.researchgate.net/profile/Muhammad-Imran-40/publication/236608395_Analysis_of_nutritional_components_of_some_wild_edible_plants/links/540729cd0cf23d9765a83cab/Analysis-of-nutritional-components-of-some-wild-edible-plants.pdf
Gemmothérapie, une introduction : interview de Valérie Catala : (abonnez-vous au podcast ici)
Je suis content de vous retrouver aujourd’hui pour un nouvel échange sur la gemmothérapie, avec une amoureuse des plantes, j’ai le plaisir d’être avec Valérie Catala.
Valérie, je vais te présenter en quelques mots. D’abord, bonjour, est-ce que tu vas bien ?
Bonjour Christophe, oui, je vais très bien et je suis ravie d’être avec toi et avec tous les passionnés de plantes qui te suivent sur tes réseaux.
Tu es herbaliste, conseillère en fleurs de Bach, praticienne en gemmothérapie et sylvothérapie. La gemmothérapie, aujourd’hui, ça va être le sujet de discussion. Tu pratiques en plein Comminges, au pied des Pyrénées, à 1 h de Toulouse et tu fais des accompagnements sous forme de consultations individuelles, tu fais des ateliers, des sorties nature. Tu interviens aussi comme formatrice professionnelle en centre de formation, tu écris des articles dans différents journaux, magazines et tu as écrit deux livres parus aux éditions Jouvence. Le premier, je te laisse nous le montrer, il s’appelle « Mon manuel de gemmothérapie » et le deuxième, c’est moi qui le montre, il est ici, c’est : « Grimoire moderne – 50 recettes naturelles de cosmétiques, produits d’hygiène et d’entretien ménager ». On va mettre un lien vers ton site bien évidemment pour que les gens puissent découvrir ton travail. Nous, notre petite histoire, comment on s’est rencontrés ? C’était l’été dernier en Haute-Savoie, au travers d’amis communs et on a passé de très bons moments, en particulier, une magnifique balade avec Guillaume Besson, vous l’avez peut-être déjà découvert sur ma chaîne d’ailleurs. Aujourd’hui, je voulais qu’on ait cette discussion sur la gemmothérapie, c’est une de tes spécialités, qu’on couvre les bases aujourd’hui pour ceux qui ne connaissent pas encore cette pratique et qui désirent la découvrir. J’ai une liste de questions pour toi, on va essayer de faire un style de question/réponse.
Un chassé-croisé.
Voilà, si on arrive à parcourir la liste. On ne va pas non plus trop se stresser, si tu as envie de développer un point plus en détails surtout ne te gêne pas. Je suis connu pour toujours dire que je vais faire une présentation rapide, et puis je finis par y passer des heures, donc ce n’est pas moi qui vais te donner une leçon aujourd’hui. Et pour la petite blague, parce que celle-là, il faut la faire, je me suis demandé si entre mon accent du sud-est et ton accent du sud-ouest, on ne devrait pas mettre les sous-titres. Eh bien, justement, j’en ai conclu que non, parce que nous, les gens du sud, on parle lentement, donc vous allez nous déchiffrer sans problème. Est-ce que tu es prête Valérie ? Est-ce qu’on y va ?
Avec grand plaisir, allons-y.
Ma première question pour qu’on découvre ton travail, c’est : comment tu as découvert la gemmothérapie et depuis quand tu la pratiques ?
Revenons au début. Evidemment, il n’y a pas de hasard, mais ce qui m’a mise en contact avec gemmothérapie, c’est quand je cherchais une alternative naturelle pour soigner ma fille cadette, qui avait un terrain allergique très inflammatoire. Elle faisait beaucoup d’asthme, beaucoup de rhinite allergique, c’était très compliqué. À l’époque, je n’avais pas commencé les études d’herbaliste, j’étais novice et je cherchais une alternative naturelle. J’habitais en Ariège à l’époque, je n’avais pas Internet chez moi, parce que j’étais perchée dans la montagne, donc tout ce qui était recherches, c’était compliqué. Je n’avais pas de grande librairie non plus à ma disposition. J’étais allé voir un pharmacien, c’était un jeune pharmacien que je ne remercierais jamais assez finalement, qui m’a écoutée et qui m’a dit, j’ai peut-être quelque chose qui pourrait vous intéresser. Ma fille à l’époque, avait quatre, cinq, ans, donc il fallait faire attention sur les posologies et il m’a présenté un macérat de gemmothérapie, là, c’était le cassissier en l’occurrence. Il m’a dit, vous devriez essayer ça. Bon, très bien, oui, volontiers. J’ai commencé avec ça et j’ai rapidement vu que c’était facile à utiliser, que ma fille, les enfants, les plantes, c’est toujours compliqué, il n’y avait aucune résistance. Là, j’ai commencé à utiliser du naturel et je me suis dit, il faut continuer, il faut que tu ailles plus loin, mais j’ai vu que déjà, au niveau du côté inflammatoire, quand elle était en pleine crise, ça écrêtait ses pics de crise. Donc, je me suis dit, waouh, c’est super intéressant ! Ça a commencé comme ça, avec ma fille.
D’accord. Et après, tu as continué, à un moment, tu as décidé d’en faire quelque chose plus pour ta pratique professionnelle ?
J’ai commencé par les plantes médicinales avec les études à l’école des plantes médicinales de Lyon, à l’antenne Sud-ouest. J’avais, évidemment, le coup de foudre avec les plantes médicinales. J’ai eu le besoin de m’orienter vers deux spécialités, ça a été les fleurs de Bach et ça, c’est assez rigolo, c’est une anecdote, il y avait, à Toulouse, deux journées dédiées à l’herboristerie en 2015 ou 2016, quelque chose comme ça. Évidemment, j’y ai été, je regardais les livres qui étaient proposés aux différents stands et je vois un bouquin « Gemmothérapie, élixirs de cristaux »,etc. Il y a eu un poum-poum, le cœur a fait poum-poum, mes yeux ont fait poum-poum, un peu comme dans les dessins animés. Je suis allé vers ce bouquin et ça a été un coup de foudre. J’ai acheté le bouquin et une semaine après, je m’inscrivais à la formation qui allait avec. J’ai commencé, je me suis dit, vraiment, ça a été un coup de foudre, oui, ce n’était pas du tout mental.
C’est quelque chose qu’on arrive tous à comprendre. Je pense que certains d’entre nous sont passés par ce stade aussi avec les plantes médicinales. Je regardais ma liste de questions et je me suis dit, je ne lui ai même pas posé la question pour démarrer : qu’est-ce que la gemmothérapie ? En quelques mots, explique-nous.
La gemmothérapie, elle propose d’utiliser des organes d’origine embryologique des végétaux. Ça va être des bourgeons, des jeunes pousses, plus rarement, mais ça existe, des radicelles ou de l’écorce interne de certaines tiges. En règle générale, la plus grande proportion des végétaux utilisés, c’est sous forme de bourgeons et de jeunes pousses, parce qu’on va s’intéresser aux cellules embryologiques. On va les mettre à macérer ces tissus vivants, qu’on vient juste de récolter, dans des solvants qui sont l’eau, l’alcool et la glycérine végétale de manière traditionnelle.
D’accord. Il y a un grand monsieur de la gemmothérapie dont on parle souvent, qui est Pol Henry. Pourquoi on en parle autant quand on s’intéresse à la gemmothérapie ?
Pol Henry, c’était un docteur génialissime, un médecin homéopathe belge, qui, dans les années 50, a créé la gemmothérapie telle qu’on la connaît aujourd’hui. Évidemment, si on regarde dans l’histoire, l’utilisation des bourgeons était déjà présente dans beaucoup d’écrits, Sainte Hildegarde de Bingen ou Goethe, utilisaient des bourgeons pour faire des onguents, des sirops. Mais la gemmothérapie telle qu’on la connaît aujourd’hui, c’est le Docteur Pol Henry qui l’a créée en Belgique. Il s’est intéressé à ces bourgeons, il connaissait très bien les plantes médicinales et il a voulu prouver d’abord, leur efficacité avec un collègue à lui, qui avait un laboratoire d’analyses médicales. Si on resitue un peu le contexte, années 50, fin des années 40, début 50, il y avait l’herboristerie qui avait pris un sale coup sur la tête et tous les regards se tournaient vers la science technologique, moderne, la chimie, les molécules, on décortique, on se spécialise. Et, lui, il avait une connaissance des plantes et de la santé humaine et avec son collègue, qui lui, était i-tech, moderne, avec son laboratoire, ils ont fait des tests pour prouver dans un premier temps, l’efficacité curative des plantes médicinales, en l’occurrence, les Lamiaceae, les aromatiques. Au travers de ces recherches, petit à petit, il s’est rendu compte que les plantes avaient des résultats très intéressants quand on utilisait le totum de la plante. Ça, ça a été une pierre fondatrice pour la naissance de la gemmothérapie, cette histoire de totum. Donc totum de plante, ok, il y avait ça dans la besace. En tout cas, je pense qu’il tournait dans sa tête. Il y avait aussi le fait qu’ils testaient l’évolution des pathologies via des examens sanguins. Ils étudiaient différents facteurs sanguins et ils voyaient l’évolution de la pathologie. Lui, il s’intéressait aussi, il était très intrigué, par toute la période d’installation des pathologies chroniques, lourdes, où à un moment donné, on voit apparaître les symptômes et que là, on commence à se préoccuper de l’état de santé de la personne. Finalement, il s’aperçoit dans ses multiples expériences, qu’il y a une longue période d’installation de la maladie, de la dégradation du terrain, et que ça pourrait être très intéressant de pouvoir intervenir sur cette période, pour éviter l’apparition des symptômes.
Période qui peut durer des années parfois, qui peut être très longue, mais qui évolue d’une manière asymptomatique, un peu invisible, jusqu’à ce que les premiers symptômes commencent à apparaître. Parfois, c'est trop tard, parfois, non, on peut encore agir. Donc, lui, déjà, dans les années 50, il a ce modèle en tête. Nous, ça nous paraît évident aujourd’hui, c’est un modèle qu’on connaît bien, mais à l’époque, c’est assez révolutionnaire de penser comme ça.
Oui, c’est une vision holistique, très globale, de ne pas mettre une œillère, prendre une loupe et de fixer quelque chose, c’est une vision d’ensemble. Apparemment, c’était un amoureux de la nature avec un côté très sensible, une approche très sensible de la nature et lui, il regrettait qu’on n’utilise pas beaucoup les arbres dans la phytothérapie. Les herbacées sont très présentes, mais les arbres, beaucoup moins. Donc il était dans cette attente : qu’est-ce qu’on peut faire avec les arbres et comment, je peux retrouver le totum de la plante, cet effet totum ? Finalement, je pense, avec beaucoup d’observation botanique, etc. il s’est dirigé vers les bourgeons et les jeunes pousses, qui, quand on y regarde de plus près, symbolisent bien ce totum.
D’accord. Parce qu’on est dans le tissu embryonnaire, qui, plus tard, peut devenir différents types de cellules de l’arbre, donc dans ce petit amas de cellules, on a une représentation assez globale de cet être, de ce végétal.
Oui. L’appendice, cet appendice botanique, ce bourgeon, il est très caractéristique, on va retrouver chez lui, des cellules qu’on ne retrouve pas ailleurs dans le végétal. Sa fonction, ce n’est pas d’alimenter le végétal, sa fonction, c’est le développement du végétal et le bourgeon peut tout devenir. Il peut devenir une feuille, une fleur, une écorce, et en ce sens, il contient en lui, toutes les informations, tout le programme, à l’état latent, de l’arbre, de l’arbuste, de l’essence à laquelle, il appartient.
Finalement, avec tout le passé qu’on a sur les plantes médicinales, avec toute cette tradition, ces millénaires, c’est presque étonnant que ça arrive si tard dans notre histoire et qu’on se dise, tiens, « ce tissu particulier, cette partie de la plante particulière, et si on l’utilisait ? » Parce que comme tu le disais, historiquement, on a utilisé le bourgeon de peuplier par exemple, qui était très connu, pour faire des onguents en application locale, qui était anti-inflammatoire, mais on n’a pas énormément de bourgeons. Lui, Pol Henry, il arrive et il déroule une panoplie incroyable. Et non seulement, il nous déroule des nouveaux végétaux qu’on peut utiliser, mais en plus, il va valider ça dans la pratique, il va regarder au microscope. Qu’est-ce qu’il observe ? Comment il valide tout ça ?
Juste pour revenir sur ce que tu disais qui est très intéressant, c’est vrai que pour le bourgeon, on se dit « Pourquoi, on ne s’y est pas intéressé avant ? » Le bourgeon, déjà, il est tout petit, c’est quelque chose qui n’est pas très visible. Autant quand on est devant un champ de coquelicots, waouh ! Quand il y a les achillées, les Reines des près, etc. ça ne peut pas passer inaperçu. Le bourgeon, il passe inaperçu et en plus, les périodes auxquelles, il est là, ce sont souvent les périodes où nous, on aime rester au coin du feu, on n’est pas forcément en train de gambader dans la nature, donc deux fois moins aperçu le pauvre. Ensuite, ça va très vite, l’éclosion du bourgeon, il faut vraiment s’y intéresser pour être interpellé par ça. Ah, tiens, le bourgeon est en train d’éclore ! Il y en a qui sont très gros, mais il y a les tout petits, on ne les voit pas. Donc, déjà, ils sont assez discrets. Ensuite, pour répondre à ta question, le Docteur Pol Henry, il va mettre à macérer des bourgeons. On rappelle, les cellules embryologiques qu’on trouve dans le bourgeon, il va y en a voir deux catégories très intéressantes. À la base du bourgeon, il y a les cellules totipotentes. J’adore ce nom, il est rigolo ! Totipotentes, ça veut dire que ces cellules, elles ne sont pas encore différenciées, elles ne savent pas encore qui elles vont être, elles peuvent tout devenir. Ce sont elles qui attendent le signal qui va leur dire, on va se multiplier en cellules de fleurs, de feuilles ou d’écorces, elles peuvent tout devenir. Elles ont cette information, l’information du végétal et elles vont, ensuite, pouvoir se reproduire, ces cellules, grâce aux cellules méristématiques, qui sont un peu plus en hauteur. Ces cellules, elles ont le potentiel de se multiplier très rapidement, il y a un grand potentiel de régénération, de multiplication cellulaire, ce sont des qualités que l’on va retrouver dans les macérats. Donc, on peut les observer au microscope ces cellules, quand on fait des découpes, quand on fait des tranches. N’oublions pas qu’il était dans un laboratoire et que toutes les observations ont été faites dans un laboratoire.
C’est ça, mais quand je parlais de la partie microscope/observation, c’était pour la partie d’après aussi, c’est-à-dire qu’il a observé des patients, des personnes avec qui il travaillait, il a regardé les formules sanguines, il a observé ce qui se passait chez ces personnes lorsqu’elles prenaient les macérats de bourgeons. Est-ce que tu sais ce qu’il a pu observer ?
Ce que je sais, c’est qu’au démarrage, c’était avec des lapins. Avant de commencer avec ses contemporains, il a commencé avec des lapins et il mettait les macérats dans l’alimentation. Au démarrage, il avait commencé à juste faire macérer des bourgeons avec de l’alcool et il sentait qu’il n’arrivait pas à extraire tout le potentiel des bourgeons, donc, il a commencé avec des alcoolatures. Et la vie est bien faite, quand on recherche des choses, on tombe sur les personnes qu’il nous faut. À l’occasion d’un repas, à l’occasion d’une rencontre avec plusieurs industriels, il a fait la rencontre d’un industriel Français qui produisait de la glycérine végétale. Et là, il s’est dit, je devrais peut-être rajouter de la glycérine végétale. C’est comme ça qu’il a élaboré ce solvant composé d’eau, d’alcool et de glycérine végétale. Après, il a continué ses expériences sur les lapins en mettant ces macérats dans l’alimentation. Quand ils ont eu fait plein d’analyses et réussi à dire, tel bourgeon va avoir plutôt telle sphère d’action, celui-là, ça, ça, ça, il a eu des cobayes humains avec lesquels, en fonction des pathologies à traiter et des bourgeons qu’il avait déjà un peu déterminés au niveau des sphères d’action, il a continué, et il a regardé comment évaluer les facteurs sanguins pour telle ou telle pathologie. Ça, il l’a fait. Lui, il a fait des études de laboratoire et une fois qu’il a eu plusieurs résultats congruents, qui allaient tous dans le même sens, il a commencé à parler de sa découverte au congrès des médecins et de l’homéopathie et il a écrit un livre pour faire part de ses découvertes. C’est là qu’il a rencontré un médecin Français qui a aussi impacté la connaissance de la gemmothérapie, en tout cas, en France, mais aussi un peu partout dans le monde aujourd’hui.
Déjà, lui, parce qu’on va parler après des gens qui sont arrivés après lui, ce qui m’impressionne c'est qu’on parle d’une seule vie, d’un seul homme et on arrive à des indications très spécifiques, qui me rappellent, les indications homéopathiques, tellement on positionne non seulement dans le physique, mais parfois un petit peu dans l’émotionnel aussi.
Oui.
Donc il créait un formulaire détaillé de gemmothérapie. Après, arrivent des personnes comme Max Tétau. Qui sont ces personnes et comment, ces personnes, vont influencer la pratique ?
Oui. Juste pour revenir sur ce que tu disais avant, sur une vie d’homme, qui arrive en peu de temps à dire, tel bourgeon pour ça, tel bourgeon pour ça, ça, ça. Dans cette approche fine qu’il avait de la nature et ça rappelle ce côté uniciste homéopathe auquel tu fais allusion, il avait déterminé en fonction des espèces d’arbres et de l’endroit où elles évoluaient, où elles poussaient. Ça rappelle la théorie des signatures. Déjà, d’être capable de dire, une essence qui va pousser dans des endroits humides, des marécages, au bord des cours d’eau, etc. Ces essences vont avoir une action intéressante sur les pathologies où il peut y avoir stagnation d’eau, où il peut y avoir une problématique avec l’humidité, etc. Il est allé très loin dans cette subtilité d’observation, quand il allait conseiller des bourgeons, prescrire des bourgeons, il tenait compte de la façon dont poussait l’arbre. C’est-à-dire qu’un arbre qui va pousser de manière isolée, par exemple, le noyer, il ne va pas pousser dans une haie, il va y avoir des noyers qui vont trôner en solitaire. Si je dois comparer, le chêne a un autre comportement, il va avoir plein de potes à côté de lui, il peut tolérer plein d’autres espèces.
Il est plus sociable.
Ouais, il est plus sociable. Le noyer, dans sa façon de le prescrire, ça va être : je ne vais prescrire que le noyer, je ne vais pas l’associer à d’autres bourgeons. Il allait très, très loin, il était, je pense, dans une façon d’observer le vivant où il n’y avait pas de limites. C’est vrai qu’on se limite énormément dans nos observations.
Ça devait être un personnage fascinant, parce qu’il a un aspect relativement scientifique, on a l’impression, avec la partie laboratoire, l’étude, l’association avec certains médecins ou ceux qui ont fait les analyses en labo, et cette partie observation, mais très intuitive finalement « Que déduire de ce que j’observe ? ». Et il a combiné ça dans une seule pratique. Donc il lègue ce savoir qui est énorme et après, arrivent des personnages comme Max Tétau.
Oui, un médecin Français, homéopathe aussi, qui lui, a découvert les travaux du Docteur Pol Henry. Coup de foudre, il se dit, c’est merveilleux, c’est extraordinaire, je veux en savoir plus et ce qu’il va faire, c’est qu’il va nous proposer, nous léguer, toutes ses observations cliniques sur des patients. Là, on est sur des études cliniques, où il va tester tel ou tel macérat sur les patients qu’il avait et écrire, récolter les résultats, déduire, travailler sur les posologies, sur les associations, sur les durées de traitement, etc. un gros travail d’investigation. Il va aussi léguer pas mal de bouquins et il va s’associer lui aussi, par exemple, au Docteur Daniel Simeca. Ils vont écrire ensemble aussi. Ils vont s’intéresser à, à peu près, une cinquantaine de bourgeons et ils vont aller plus loin dans la démarche, ils vont parler du potentiel thérapeutique sur les organes, sur les pathologies d’ordre physique, et ils vont aussi mettre sur le devant de la scène, ce qu’ils ont appelé les « bourgeons de l’éveil ». C’est-à-dire les qualités plus subtiles que nous offre la gemmothérapie, qui intervient sur un ordre émotionnel, qui agit sur nos préoccupations mentales, émotionnelles. Ça aussi, ils vont en parler, ils vont y consacrer un grand chapitre qu’ils vont appeler les « bourgeons de l’éveil » et qui est intéressant, et qui rejoignent les travaux d’un autre médecin génial, qui a vécu en Angleterre, le Docteur Bach, quand on compare le résultat de leurs travaux.
On va revenir plus tard aux indications thérapeutiques de la gemmothérapie, mais si je devais résumer, Pol Henry, c’était un homme de nature, un homme de laboratoire, mais ce n’était pas vraiment un clinicien. Alors que Tétau, Simica et compagnie, arrivent, prennent ce savoir et l’appliquent dans la clinique. C’est ça ?
Oui, tout à fait.
Parce qu’eux, ils ont des patients et on parle de grands nombres de personnes avec qui, ils ont travaillé. Du coup, ils ont fait évoluer de savoir avec cette perspective plus pratique et clinique. On bascule dans la fabrication si tu veux bien, une partie que j’aime beaucoup. On peut avoir l’impression que la gemmothérapie, c’est une forme de laboratoire, qu’il faut être un laboratoire pour fabriquer ces macérats de bourgeons, mais nous, on sait que non. Alors, est-ce qu’on peut fabriquer chez soi, ses macérats ?
Oui, d’ailleurs, je crois que si ça n’avait pas été possible, ça ne m’aurait pas intéressée autant franchement, parce que c’est une vraie proposition d’autonomie. Tout en gardant à l’esprit, mais ça, tu le dis et tu le redis dans tes vidéos, tout ce qu’on va pouvoir faire soi-même, évidemment, c’est bordé de limites et les limites, c’est la capacité à poser un diagnostic, à faire des examens approfondis, à avoir un suivi médical. Ça, c’est une partie essentielle pour toute thérapie. Donc en gemmothérapie, on n'a pas besoin d'avoir un laboratoire pour faire ses propres macérats. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’au démarrage, quand le Docteur Pol Henry a créé la gemmothérapie, il était homéopathe et l’homéopathie repose sur le principe de la dilution. Les premiers macérats qu’utilisait Max Tétau, puisqu’il était homéopathe, ils étaient dilués en dilution Hahnemannienne dix fois, ce qu’on appelle un « DH ». Donc, là, c’est plus compliqué de faire des macérats dilués à un DH, il faut faire pas mal de manips, ça suppose d’avoir des qualités de « laborantin ». Ce qui s’est passé, c’est que dans les années 80, il y a eu l’émergence des macérats glycérinés concentrés, ceux qui vont nous permettre nous, d’être autonomes et de faire nos macérats. Ça, c’est Philippe Andrianne, on peut le citer, un Belge aussi, qui a démocratisé la gemmothérapie. Lui, il a fait connaître la gemmothérapie avec son laboratoire qu’il a revendu depuis, mais Herbalgem, c’est très connu, ça a fait connaître la gemmothérapie, ça l'a mondialisée. Ce qui est rigolo, c'est qu'il y a une grande différence entre les macérats glycérinés dilués et les macérats concentrés, au niveau législatif. Les dilués sont considérés comme des remèdes homéopathiques et les concentrés, sont considérés comme des compléments alimentaires. Qui dit, compléments alimentaires, dit, possibilité d’en trouver sur plein d’étalages différents, pas qu’en pharmacie. Finalement, il n’y a pas besoin de faire cette dilution Hahnemannienne et du coup, ça rend la pratique beaucoup plus facile.
Flexible.
Oui, tout à fait.
Ceci dit, même une dilution au 1 DH diluée dix fois, on peut faire ça chez soi, ce n’est pas si compliqué que ça, mais on peut pratiquer aussi avec le macérat concentré et d’un point de vue commercial, ça a facilité pas mal de choses, donc on en profite. Donc, on peut fabriquer ça chez soi. D’abord, il faut aller les chercher ces bourgeons. Comme tu disais tout à l’heure, des fois, on est bien au chaud, c’est pendant l’hiver ou juste à la sortie de l’hiver, et c’est là où il faut mettre l’écharpe et le bonnet et aller ramasser le végétal. À quel moment on cueille ces bourgeons ? Est-ce qu’on a un calendrier de cueillette ? Est-ce que chaque bourgeon a sa spécificité côté timing ?
Oui. Déjà, ce sont les premières cueillettes de l’année donc on est un peu fébrile, les cueillettes repartent, c’est l’époque des bourgeons et l’époque, dans le temps, elle est réduite. On va commencer par cueillir sur les lianes et les arbustes, les ronces, l’églantier, le noisetier, le sureau noir. Alors lui, il est terrible, à chaque fois, je me fait avoir, il démarre rapide, rapide, il faut le surveiller. Après, on va s’intéresser à des arbres au bois plus léger, le bouleau ou le charme, par exemple, et petit à petit, on va aller cueillir sur des arbres plus robustes, le chêne, le noyer, le hêtre. On va étaler en fonction des espèces, mais on peut aussi étaler en fonction de l’endroit où on habite. C’est-à-dire qu’en plaine, on va avoir l’éclosion des bourgeons beaucoup plus rapide qu’en montagne. Du coup, ça, c’est sympa, parce que si je n’ai pas eu le temps d’aller ramasser en plaine, je peux me dire, je n’ai pas eu ce bourgeon, c’était trop tard, mais je peux prévoir d’aller le chercher en montagne. Il y a entre 15 jours et trois semaines de décalage en moyenne, entre ces deux étages, c’est chouette. Après, il y a des principes à retenir pour la cueillette, mais je pense que tu vas vouloir parler de ça.
Oui, je voulais qu’on enchaîne justement. Comment est-ce qu’on fait une cueillette respectueuse du végétal, lorsqu’on ramasse les bourgeons ?
J’ai envie de dire que ça commence avant même d’aller sur le terrain, cueillir, c’est-à-dire que c’est un état d’esprit la cueillette respectueuse du végétal, c’est une responsabilité personnelle. Déjà, c’est une première cueillette, on pourrait être dans la hâte, dans l’excitation, il faut être conscient de ça. Le conseil que je donnerais, c’est de faire un bilan des flacons qu’on a déjà sur nos étagères. Il faut savoir que les macérats se conservent très bien dans le temps, ce n’est peut-être pas la peine de refaire tous les bourgeons chaque année ou de se dire, du cassis, j’en ai largement, ça va suffire, je n’ai pas besoin d’en refaire cette année, du chêne, pareil. Être conscient aussi, des particularités de la famille, parce que d’une famille à l’autre, on ne va pas avoir les mêmes bourgeons chouchous. Il y en a dont on va avoir besoin souvent, donc, ok et d’autres, ce n’est pas la peine d’en faire de grandes quantités. Donc, déjà, on fait une liste des macérats à faire. L’autre conseil que je donnerais, c’est quand on part en cueillette, on se dit, grand max, je vais cueillir deux essences différentes. Je ne pars pas avec l’espoir de rencontrer six espèces différentes, et de cueillir les bourgeons de ces six espèces, parce que d’une part, je vais m’évaporer. Je l’ai déjà fait bien sûr, si je dis qu’il ne faut pas le faire, c’est que je l’ai fait et que j’ai vu que ça ne fonctionnait pas. On n’est pas à son affaire, on n’est pas présent de la bonne manière à la cueillette et on part dans tous les sens. Après, on se trompe, je me trompe de pot, etc. Donc deux essences, déjà, ça calme le jeu. Ensuite, ce qu’il est important de respecter, ce sont les conditions météorologiques, on ne va pas cueillir n’importe quand. On évite d’aller cueillir juste après une pluie, parce que la pluie va diluer les principes actifs contenus dans les bourgeons. Il faut beaucoup d’humilité. Il y a des années, s’il pleut sans cesse, il y a des espèces que je ne vais pas aller cueillir et là, je suis dans un respect, plus que du végétal, de la nature, des conditions qu’elle me propose. Une fois que je pars cueillir, il y a aussi la question de savoir si je pars cueillir seul ou à plusieurs, en groupe. Ça, ça a un impact aussi sur ce que l’on va laisser derrière soi. Chacun est libre de faire son choix, je ne peux pas donner de conseils, mais il faut avoir à l’esprit que si je pars seul ou si je pars à quatre, cinq ou six, la cueillette ne va pas avoir le même impact sur la nature qui va m’accueillir.
C’est ça. Quand on est des fois avec l’arbre, ça choque. Tu vas cueillir sur le figuier par exemple, tu te dis « Waouh, mais il n’y a pas beaucoup de bourgeons ! Moi, je vais en prendre un, et juste un, ça va avoir un impact sur ce petit arbre. Ça fait réfléchir et c’est bien de se rapprocher, de connaître peut-être, les phases de développement de ce végétal particulier. J’ai beaucoup appris aussi des cueilleurs professionnels pour comprendre, parce que nous, on cueille en tant qu’amateurs et on a certaines considérations. Eux, ils cueillent en tant que professionnels, ils ont souvent la responsabilité d’un site en entier et ils voient le passage des cueilleurs particuliers. Ils voient que moi, je passe, je ramasse un peu, toi, tu passes, tu ramasses un peu et finalement, au bout de quelques semaines, il y a eu pas mal de ramasses. Je pense que déjà, cueillir d’une manière responsable, c’est connaître tout ça, connaître ce qui se passe au fil des années et comme tu dis, ne pas être trop pressé. Moi aussi, toutes les erreurs dont tu parles, je les ai faites aussi. Moi aussi, j’ai trop ramassé à certaines périodes, dans la grande excitation de la découverte. Aujourd’hui, on arrive à des périodes où on ne peut plus se permettre d’agir comme ça. Du coup, c’est long, ça peut paraître frustrant. Et peut-être que toi, quand tu sors avec des groupes, parce que tu fais des sorties, je ne sais pas ce que tu leur dis, peut-être que tu leur dis « On va aller à la découverte de la viorne, du noyer ou d’un autre arbre et on va juste regarder. On va apprendre à le connaître, on ne va rien ramasser. » Comment, est-ce que tu procèdes avec des groupes ?
Oui, j’aime bien les frustrer un petit peu. Pas trop, parce qu’on apprend à faire des macérats, donc on a besoin de matière. Ma proposition, c’est de les laisser aller à leur sensibilité, de faire une vraie rencontre avec le végétal. Il y a des personnes qui vont être très attirées par le noisetier, d’autres qui vont découvrir la viorne lantane et dire « Wouah ! C’est quoi ? Je n’avais jamais vu ! ». Donc je leur propose de se mettre en binôme et de ramasser très peu de bourgeons, parce qu’un des grands intérêts de la gemmothérapie, c'est qu’il n’y a pas besoin de beaucoup de végétal. Je vais te donner quelques chiffres pour te faire une petite idée. Avec 20 grammes de bourgeons, on peut réaliser à peu près, 200 ml de macérat glycériné, c’est énorme. Normalement, pour une cure de trois semaines, une personne qui voudrait faire une cure de trois semaines, en utilisant 10 gouttes par jour, c’est la dose moyenne, elle va utiliser 15 ml de macérat. Donc, si je compare avec mes 20 grammes de bourgeons, j'ai fait 200 ml, autrement dit, j’ai la possibilité de faire 13 cures de trois semaines, avec 20 grammes de bourgeons, waouh ! Du coup, là aussi, on se rend compte et j’ai fait la bêtise, de cueillir trop. Enfin, trop, après, j’en ai distribué autour de moi, mais tout dépend aussi du bourgeon que l’on va cueillir. Entre un bourgeon d’aubépine et un bourgeon de noyer, c’est beaucoup plus rapide d’arriver à 20 grammes de noyer que 20 grammes d’aubépine.
C’est ça.
Si vraiment, on veut faire cette cueillette responsable, c’est aussi, ce que tu disais, l’observation. Ne pas aller sur des sujets trop jeunes, être sûr d’avoir bien repéré et être sûr de l’espèce que l’on a en face de soi. Ça, ça peut être la difficulté pour la gemmothérapie, c’est qu’on va aller voir des arbres et des arbustes, qui n’ont pas encore les feuilles. On va avoir pour moyen de reconnaissance, le tronc, les bourgeons, parce que les bourgeons, ils sont tellement différents les uns des autres, qu’on peut rapidement se faire l’œil. Il y a tous les indices qu’ils laissent au sol, les restes de fruits, les restes de feuilles, qui nous permettent de déterminer l’essence, donc moi, je conseille toujours de faire ça sur une année. C’est-à-dire, que quand on n’a pas l’œil, de repérer pendant les beaux jours. Ah, là, il y a un châtaigner, ok, ah, là, il y a un sureau, de se faire l’œil, de se repérer et d’y retourner à la période de cueillette. Ça, déjà, c’est respectueux aussi du végétal, on fait une rencontre, on va voir, on s’intéresse, on n’est pas là juste pour aller cueillir, on fait vraiment une rencontre. Après, on ne s’acharne pas sur un spécimen, si j’ai vu un châtaigner qui m’intéresse, je ne vais peut-être pas cueillir tous mes bourgeons sur ce châtaigner, en fonction de son âge. Si c’est un grand mastodonte, je vais m’intéresser aux branches les plus basses, 20 grammes, ça va être rapide. Moi, maintenant, je ne cueille même plus 20 grammes, je cueille entre 5 et 10 grammes de bourgeons à chaque fois et j’en ai largement assez, parce qu’on se rend compte que, plus on se soigne avec les plantes et la gemmothérapie, moins on a besoin de se soigner au final.
C’est ça qui est fou, j’allais dire exactement ça. Finalement, au plus, on les utilise et au moins, on a besoin en quantité, parce qu’on développe cette finesse qui fait que, c’est la dose minimale qui est efficace et nécessaire. Quelle est la bonne dose ? C’est la dose minimale efficace et nécessaire. Et ça, au départ, on a du mal à voir ce que ça veut dire, il faut de la pratique pour y arriver.
Oui.
Du coup, là, on revient dans la pratique. On était dans la nature, on va revenir en intérieur maintenant pour parler des indications thérapeutiques principales des bourgeons. Je voulais te demander : est-ce que ces bourgeons sont adaptés aux problématiques modernes, à ce qu’on est en train de voir ces dernières années ? Si oui, comment ?
Oui, à mon sens, mais je ne suis pas la seule à le dire. Déjà, Max Tétau, il avait un engouement vraiment incroyable pour la gemmothérapie, parce qu’il avait compris qu’un des axes majeurs des bourgeons, c’était de nettoyer, de drainer, de proposer un drainage cellulaire profond. Du coup, de permettre d’éviter l’encrassement progressif des organismes, qui est, à l’origine de nombreuses pathologies de civilisation. Le fait qu’aujourd’hui, il y ait une explosion des allergies, des maladies auto-immunes, des cancers, de toutes les pathologies pro-inflammatoires, ça concerne les terrains engorgés de toxines, qui vont créer des états inflammatoires chroniques. Ce sont des corps encrassés, des organismes qui vont se fatiguer, les organes qui sont là pour épurer le corps, vont être débordés de boulot et ne vont plus pouvoir faire le taf comme il faut. Et finalement, toute cette phase que le Docteur Pol Henry avait observée, qui prépare l’émergence de la pathologie chronique, le Docteur Max Tétau trouvait ça génialissime. Il se disait, avec ces pouvoirs de nettoyage des bourgeons, de circulation, d’élimination des toxines, on évite nombre de problèmes en cascade. Donc, si on doit retenir, une des grandes facultés de la gemmothérapie, c’est l’intervention à ce niveau. Effectivement, on a des vies modernes, qui favorisent ça, par l’alimentation, par ce qu’on respire, par ce qu’on boit, par la façon dont on supporte le stress chronique de nos vies trépidantes. Donc, la gemmothérapie, elle intervient sur un modèle de fonctionnement, qui encrasse nos systèmes et elle permet d’éviter que ça ne déborde. Après, j’ai envie de dire, toute proportion gardée, ce n’est pas parce que je vais prendre de la gemmothérapie toute l’année, mais que je vais continuer de fumer, de manger du vite fait, du pas vivant et rester sans activité physique, que je vais régler mes problèmes. On est d’accord.
On est d’accord. Là, on est vraiment dans le drainage, on est vraiment dans la prévention aussi. Est-ce que tu pourrais nous citer quelques préparations de gemmothérapie connues pour leurs propriétés drainantes, nettoyantes, de l’organisme ?
S’il y en a un, d’ailleurs, c’est un bourgeon que l’on peut garder à l’esprit quand on ne sait pas trop quoi faire, je le conseillerais par exemple aux personnes qui ont envie de tester la gemmothérapie, mais qui ne savent pas par quoi commencer. Qu’est-ce que je peux faire ? J’ai envie de prendre soin de moi, mais je ne sais pas ce que j’ai à traiter. Je sais qu’il faut que je fasse quelque chose, mais quoi ? Le bouleau, le bourgeon de bouleau. Si on veut voir les choses un petit peu comme Pol Henry, le bouleau, c’est un arbre pionnier qui va s’installer sur des sols acides, des sols pas très sympathiques, qui peuvent être hostiles à plusieurs essences d’arbre. Le bouleau, il arrive, il colonise ces endroits, quelque part, il nettoie, il prépare le terrain, pour que d’autres espèces, ensuite, puissent s’implanter. Du coup, on peut utiliser le bouleau de la même manière, en pionnier. Il va arriver, il va nettoyer le terrain de manière très générale, très douce. Lui, c’est un grand draineur. Il ne va pas focaliser son action sur le drainage du foie, des reins ou de la peau, il va toucher un peu à tout et il va permettre à l’organisme de se nettoyer de manière douce, parce qu’il reminéralise en même temps. En première intention, on ne fait aucune bêtise avec le bouleau. Lui, il est vraiment caractéristique, un peu comme la sève de bouleau.
Oui, j’allais dire, nous, on a la feuille, on a l’écorce, on a la sève, en herboristerie traditionnelle et là, on a le bourgeon. Ça, c’est un des draineurs, que tu positionnes comme le plus simple à utiliser, parce que peut-être qu’il ne va pas provoquer parfois, les effets indésirables que l’on peut voir avec d’autres draineurs, qui sont peut-être plus énergiques. C’est ça ?
Ouais. Je vais parler de ma petite expérience de ce weekend par exemple.
Garde la pour la fin.
Je la garde pour après ?
Ouais, c’est ça.
Parce qu’elle est bien spécifique.
J’aimerais qu’on fasse quelques petites études de cas et des exemples, ça va être chouette pour illustrer. Quels sont les avantages de la gemmothérapie, pour toi ?
Moi, j’aime ce qui est simple et facile. C’est simple à utiliser, c’est facile à utiliser, il n’y a pas besoin de faire de grandes préparations. La préparation que l’on peut faire, c’est si, on en a parlé tout à l’heure, on réalise ses propres macérats, mais admettons que je n’ai pas cette passion et que je préfère acheter mes macérats de gemmothérapie. Eh bien, très bien, concrètement, j’ai un flacon, qui va me permettre, tous les jours, avec un petit verre d’eau, de compter un nombre de gouttes. Les posologies usuelles, c’est entre 5 et 30 gouttes par jour pour un adulte, en fonction des problèmes à traiter. Donc, un petit verre d’eau, quelques gouttes, on peut le faire en une prise ou trois prises par jour et je bois ça, terminé, je n’ai pas eu besoin de faire grand-chose comme manips.
Ceci dit, tu peux avoir un protocole à base de gemmothérapie aussi, c’est-à-dire, toi, dans tes conseils, tu peux recommander trois bourgeons différents et on va compter trois fois, les x gouttes par jour, ça reste aussi dans le domaine du facile.
Oui, c’est ça, on reste dans le domaine du facile. On peut faire des associations, ça m’arrive de monter jusqu’à l’association de cinq bourgeons sur des choses très… Je ne le fais pas pour beaucoup de choses, mais des fois, il y a besoin. Donc, là, effectivement, ça demande de compter avec le compte-gouttes, mais c’est une ou deux fois par jour, ce n’est pas très compliqué. Il n’y a pas besoin de beaucoup de place, ça, c’est le côté pratique, quelques flacons. Sur les étagères, je vois la différence entre l’étagère du gemmothérapeute et de l’herbaliste.
Ce ne sont pas des étagères, ce sont des pièces entières dont on a besoin. Un des avantages qu’on cite souvent aussi, c’est le travail avec les enfants par exemple.
Ouais, parce que déjà, le goût, il n’est pas fort du tout. Ça a un petit côté sucré, parce qu’il y a la glycérine végétale qui a ce côté doux, un peu sucrant. On va retrouver des arômes, si on prend le cassis par exemple, on sent très bien l’odeur du cassis, mais il n’y a pas d’amertume, pas d’âcreté. Ça, c’est pas mal pour ceux qui disent, je n’aime pas, ce n’est pas bon.
Les dosages sont relativement faibles aussi.
Tout à fait. Pour les enfants, en principe, on dit, pas avant trois ans, après, il faut voir la corpulence de l’enfant. Il y a des petitous, à deux ans déjà, ils en paraissent trois, ils sont bien costauds tout ça, il faut adapter en fonction des enfants. On regarde au niveau du poids et on fait une goutte pour 10 kg de poids pour un enfant. On peut rester à une goutte, trois gouttes. Il faut savoir qu’il y a des laboratoires aussi, qui proposent des macérats glycérinés sans alcool, ils ont fait tout un process d’évaporation. Ça, ça peut être intéressant à utiliser sur les enfants ou sur des personnes qui ne peuvent absolument pas consommer d’alcool.
C’est vrai. On peut préciser aussi que certains laboratoires font des formulations toutes faites. Donc, pour les gens qui démarrent juste, qui ne savent pas trop quoi choisir, certains laboratoires ont fait : la formule immunité, la formule circulation… Ça peut être pratique aussi.
Oui, toutes les formes sont bonnes, il y a autant de possibilités que de sensibilités. Je trouve que ces synergies, elles peuvent être sympas pour les personnes qui débutent, après, je reste partisane de…
L’individualisation.
Ouais, voilà, parce qu’on maîtrise ce que l’on fait et on est plus à même de sentir l’impact de tel ou tel bourgeon sur l’organisme, parce qu’on a des sensibilités différentes, il y a des bourgeons qui vont correspondre à certaines personnes et pas à d’autres.
Une chose qu’on entend aussi, c’est que vu que c’est une forme douce, tout le monde peut les utiliser, il n’y a pas de précautions à connaître. Nous, on sait que si ça fonctionne, si ça agit, c’est que quelque part, ça fait bouger et les choses et il va y avoir des précautions à connaître. Pour la gemmothérapie, quelles sont les précautions principales que l’on doit savoir ?
C’est d’ailleurs la première des choses à regarder, ce sont les contre-indications, parce que même si elles ne sont pas nombreuses, elles sont quand même là. Vigilance avec les bourgeons qui ont une action hormonale et endocrinienne. On parlait du cassis, c’est la star, mais il y en a d’autres, on peut penser au chêne. Il y a des bourgeons qui vont avoir une action sur les surrénales par exemple. C’est très bien, ça permet de récupérer, ça permet d’avoir un effet un peu dopant, par contre, on ne va pas faire ça toute l’année. Si on fait ça sur une période maximale de trois mois, tous les bourgeons qui ont une action hormonale et endocrinienne, c’est trois mois max et on laisse une période au moins équivalente, de récupération, avant de réutiliser ce type de bourgeons. Les femmes enceintes n’ont pas le droit à ce type de bourgeons, ni les personnes qui ont eu ou qui ont, un cancer hormono-dépendant, on ne joue pas avec ça. Après, on peut trouver d’autres solutions, il y a beaucoup de bourgeons et on peut aller piocher aussi dans la phytothérapie. Donc, attention à ces bourgeons, attention aux bourgeons qui ont une action tonifiante. On va les prendre plutôt le matin que le soir, parce que l’endormissement avec une action tonifiante, ce n'est pas terrible. On va faire attention aussi aux gens qui sont sous traitement allopathique de types fluidifiants sanguins, aspirines ou anti-inflammatoires, il y a certains bourgeons qui ne vont pas être compatibles, donc toujours aller vérifier les contre-indications. Tout à l’heure, tu parlais des bourgeons qui ont une action ciblée pour aller drainer un organe, eh bien là, il faut prendre en compte le terrain de la personne. Une personne qui aura eu l’ablation d’un organe ou qui a un organe très fatigué, très usé, on ne va pas aller le drainer à fond. On va faire attention, on va passer par d’autres portes, on va faire quelque chose de beaucoup plus doux. Du bon sens aussi vis-à-vis des enfants. Pour les enfants, la gemmothérapie va être intéressante, sauf cas exceptionnels, pour soutenir leur immunité, aider à la croissance, on ne va pas faire des bourgeons avec d’autres actions, sauf quand il y a vraiment besoin sur du ponctuel, je pense aux problèmes divers, la toux, etc. Mais les cures, attention. Pour les bourgeons qui ont une action drainante du foie, quand on va drainer un foie, on va relarguer des toxines dans le sang et ça, ça peut être source d’inconforts pas sympas types gueule de bois, maux de tête, mon expérience de ce weekend m’a rappelée à l’ordre avec ça.
Bon, assez attendu, parle nous de ton expérience de ce weekend.
Vraiment, je trouve que ça, c’est parlant, quand on se retrouve dans ce type de difficulté. Je vais vous parler de genévrier, j’adore le genévrier. Déjà, au niveau culinaire, je trouve ça excellent, les petites baies de genièvre et on utilise les jeunes pousses de genévrier, pour drainer le foie, mais il a une action très costaud, c’est-à-dire qu’il va détoxifier les foies fatigués. Une personne par exemple, qui a eu pas mal de traitements allopathiques ou qui a une alimentation pas terrible, où le foie a vraiment besoin d’être bien nettoyé, un peu comme si on voulait essorer une éponge, ça fait ça. Ensuite, ça stimule la fonction rénale pour éliminer les toxines, donc, il envoie. J’adore ce genévrier et la période du drainage de foie, mais je m’y fais avoir quasi chaque année. J’ai commencé mon drainage tranquillement et là, je n’ai plus fait gaffe, ça faisait une semaine, j’ai mis une dose costaud, du style, 15 gouttes, direct comme ça dans mon verre, paf ! Trois heures après, j’ai commencé à avoir la barre ici, mais vraiment une barre et maintenant, c’est mon mari qui me dit « Tu n’as pas pris du genévrier ? » parce qu’il est habitué et je fais, mais oui, c’est vrai.
Donc, ce n’est pas lui qui te donne le mal de tête, c’est vraiment le genévrier.
Ce n’est pas mon mari, c’est le genévrier. Du coup, là, c’est une indication à garder à l’esprit, quand on draine le foie, on le fait avec des petites doses au démarrage et on augmente progressivement. Moi, j’invite à commencer avec deux gouttes par jour, on augmente de deux ou trois gouttes par jour et on voit ce que ça donne. Si vraiment, on n’est pas bien, on repart en arrière et on le fait de manière douce, parce que ce n’est pas agréable de drainer à outrance.
C’est ça. Moi aussi, ça aurait été ma grande leçon. Une des grandes leçons, je pense, c’est que quand tu apprends, quand tu fais ton apprentissage, on fait passer le message comme quoi, parfois, il peut y avoir, occasionnellement, rarement, des petites réactions indésirables avec ces plantes qui agissent sur la détoxification hépatique. Et en pratique, tu t’aperçois que ce n’est pas si rare que ça et qu’il faut y aller avec une main très légère.
Oui.
Là, tu nous donnes un programme de monter en dose avec la gemmothérapie, une goutte à la fois finalement et c’est vrai que nous, avec les formes classiques d’herboristerie, on a aussi nos manières de monter en charge, mais il faut le faire. Et si on voit que la personne ne réagit pas de la manière attendue, peut-être faire une pause et essayer autre chose ou réessayer plus tard.
Oui ou par exemple, on parlait du bouleau, on peut très bien faire une cure de bouleau et ensuite, passer au drainage du foie, ça aura nettoyé le terrain, ça sera moins engorgé.
Vu qu’on fait un échange gemmothérapie/herboristerie traditionnelle, comment tu positionnes les deux ? Comment tu positionnes la gemmothérapie et l’herboristerie traditionnelle ?
Pour moi, c’est très complémentaire à plusieurs niveaux. À un niveau très personnel, je dirais que la gemmothérapie s’adresse à mon côté « je n’aime pas me baisser », « je n’aime pas avoir mal au dos quand je vais ramasser les plantes ». Et quand je vais cueillir mes herbacées dans la nature, aux beaux jours, je sais que j’ai mal au bas du dos et que c’est physique, c’est une activité physique la cueillette. Tout dépend de la quantité que l’on ramasse, mais quand même. La gemmothérapie, c’est à hauteur d’Homme, ce n’est pas le même type de cueillette, c’est moins physique. Il faut plus de patience, c’est au niveau de la patience que ça se joue. Donc, déjà, ça commence sur le terrain la complémentarité. Comme je le disais tout à l’heure, sur les étagères aussi. Si je n’ai pas trop de place chez moi pour avoir des stocks de boites, de sachets, de plantes sèches, tout ça. La gemmothérapie, une petite boite avec quelques flacons, c’est chouette. Il n’y a pas le plaisir d’ouvrir le sachet, de prendre l’odeur de la plante quand on va faire sa tisane, etc. C’est différent. L’autre complémentarité qui est très intéressante, c’est au niveau thérapeutique. La gemmothérapie permet de faire un travail de terrain, on l’aura compris. Elle intervient sur des formes aigües, mais sur le côté préventif, travail de terrain, c’est le top. Mais des fois, quand il y a des pathologies difficiles, très inconfortables, par exemple, des insomnies, des inflammations, des allergies, tout ça, la personne arrive, elle est en difficulté, faire un travail de terrain, ça peut être très éprouvant de dire, il faut attendre un peu, il y a besoin de temps pour agir. Des fois, il y a besoin d’avoir une action plus rapide et j’aime bien jumeler et aller chercher des alternatives avec des teintures, avec des tisanes, qui vont amener une rapidité d’action. Des fois, il y a besoin d’agir plus rapidement, donc, là, je trouve que c’est très complémentaire.
J’étais en train de me dire, on est en train de voir des formes mélangées dans le commerce et il me semble avoir vu passer des formulations, des mélanges, avec des teintures, des macérats glycérinés, dedans, et même, des huiles essentielles. On arrive dans une période de grands mélanges et de formulations, je ne vais pas nécessairement donner mon opinion là-dessus, parce qu’on ne va pas partir dans une tangente, mais toutes ces formes sont complémentaires. On pourrait dire presque de la plus concentrée, de la plus puissante, l’huile essentielle, jusqu’à la plus diluée et la plus douce, et là, c’est vrai qu’on aborde plus des formes comme la gemmothérapie.
Ouais.
Toi, dis-nous, Valérie, quels sont les deux ou trois macérats, que tu utilises le plus dans ta vie et pourquoi ?
Il y en a un que j’appelle mon « pimpon-pimpon », c’est le figuier. Le bourgeon de figuier, il m’aide énormément quand j’ai le mental qui prend le dessus, j’appelle ça le « petit vélo dans la tête ». Quand je n’arrive pas à m’en sortir, qu’il y a un stress mental, qui va impacter, moi, c’est direct, les intestins, les spasmes intestinaux. Il y a des personnes chez qui ça peut être la boule, le plexus solaire noué, etc. il n’y a plus rien qui ne passe. Le figuier, il est génial, parce qu’il détend tout ça. C’est une action rapide, que l’on peut mesurer rapidement. Au démarrage, c’est bien de faire connaissance avec une cure de trois semaines avec lui, en petit traitement de fond, et après, de l’utiliser à la demande, ça marche très bien. Le figuier m’aide beaucoup et je l’utilise. Ici, on n’a aucune contre-indication, parce que lui, sa contre-indication, c’est tout ce qui est fluidifiants sanguins, on n’y a pas droit. Ici, toute la famille l’utilise et il m’est même arrivé de l’utiliser une fois, sur une de mes filles qui faisait une crise nerveuse très compliquée. C’est-à-dire que quand tu parles aux personnes dans cet état, elles n’entendent plus rien. Donc, je suis allé chercher le figuier, j’ai mis 30 gouttes d’un pet, dans le verre, parce que là, ça partait mal. À côté, il y avait le « rescue », mais pour moi, le figuier, c’était évident, je me suis dit, 30 gouttes. Elle l’a bu comme ça, elle a fait un « shot » comme on l’appelle, je l’ai observée et dans les dix minutes qui ont suivie, tout s’est posé. Elle a pu pleurer, ça allait mieux et voilà. Ça peut intervenir sur ce type de problématique aussi. Je ne dis pas qu’il faut faire ça tous les jours 30 gouttes d’un pet, mais de manière épisodique, oui, on peut.
C’est vrai que le figuier, c’est un des macérats à avoir dans son placard lorsque l’on démarre. Dans les 4, 5, au top, on va mettre le figuier, il est vraiment super utile.
Oui et c’est dans nos tendances actuelles. C’est difficile de ne pas avoir le mental…sauf si on fait de la méditation tous les jours, ce qui n’est pas mon cas. Il y a deux autres bourgeons que j’aime beaucoup, du coup, c’est l’occasion pour moi, de vous faire une petite confidence, parce que je n’ai jamais parlé de ces problèmes personnels. Si je le fais aujourd’hui, avec toi, Christophe, c’est que j’ai une confiance absolue en toi.
Merci.
Dans ma problématique, j’ai une maladie auto-immune, on m’a diagnostiqué une sclérose en plaques, en 2016. J’ai beaucoup utilisé et j’utilise encore, les plantes, dans mon quotidien. Pas que, il y a l’alimentation qui est très importante, même capitale, élémentaire et plein d’autres soins, qui me permettent d’équilibrer tout mon organisme, mon état d’être général. Dans les problématiques auto-immunes, notamment, la sclérose en plaques, il y a deux bourgeons très utiles. Il y a, le tilleul. Le tilleul, c’est un bourgeon qui aime prendre son temps pour agir, il agit sur la composante nerveuse. Il est dépuratif. On va retrouver dans le tilleul, tout ce que l’on va retrouver dans l’arbre. L’écorce du tilleul est dépurative, diurétique, les bractées fleuries, vont être calmantes du système nerveux, et on a les feuilles, délicieuses, qui sont remplies de mucilages et donc, adoucissantes. Dans le bourgeon, on retrouve ça, donc, c’est génial. Donc, le tilleul, en traitement de fond, pour travailler sur la composante nerveuse. Quand on est un sujet où, on a appris à calibrer sa façon d’être et sa façon de faire, à l’ajuster, par rapport aux injonctions extérieures et que ce fonctionnement, ne nous convient pas et va nous nuire, on peut inviter le tilleul à faire un travail de déprogrammation pour reprogrammer sur le bon tempo. Ça prend du temps. Moi, j’aime le prendre par séries de trois mois, toujours avec des petites fenêtres thérapeutiques d’une semaine, et je répète ces semestres de tilleul. Au démarrage, je les faisais deux à trois fois par an. Aujourd’hui, je me rends compte que j’ai moins besoin d’en prendre. Je m’écoute davantage, je le fais de manière beaucoup moins systématique et je ressens le besoin, je me dis, ah, là, j’ai besoin de tilleul et je vais me faire ma cure, qui aujourd’hui, va durer entre un et deux mois. Je ne vais plus jusqu’aux trois mois. Le tilleul, il ne faut pas l’oublier quand on a ce type de problématique. Ensuite, une autre star, c’est le noyer. Le noyer, je l’aime beaucoup et je pense qu’il peut faire du bien à beaucoup de personnes, parce qu’une de ses grandes facultés, c’est de régénérer la flore intestinale. On sait que la qualité de la flore intestinale, elle est au carrefour d’une bonne santé générale, et dans les pathologies auto-immunes, il faut prendre soin spécifiquement de l’intestin. Du coup, le noyer, il m’accompagne. Lui, pareil, c’est au besoin, je le sens, j’ai besoin du noyer. Ça peut très bien être aussi de faire une cure de probiotiques et ensuite, de prendre du noyer. Il ne faut pas hésiter, quand il y a ce type de pathologie, à faire des cures de noyer, régulièrement dans l’année.
D’accord. Merci de la petite confidence et d’avoir partagé avec nous, les bourgeons que tu utilises pour ta situation spécifique. Pour terminer, j’aimerais que tu nous parles de quelqu’un avec qui tu as peut-être travaillé. On va dire que l’on part d’un cas fictif, pour ne pas donner d’informations de santé. Peut-être nous donner une étude de cas où on voit ta manière de penser, quelqu’un qui avait besoin d’un coup de pouce en préventif et à un autre moment, en attaque. Comment tu arrives à ton conseil ? Comment tu arrives à composer, avec deux, trois, bourgeons, pour aider la personne et lui apporter un soulagement dans sa situation ? Je ne sais pas si tu as un cas en tête, que tu pourrais nous présenter.
J’ai plusieurs cas en tête. Ça fait écho à des besoins récurrents, qui reviennent régulièrement, où, finalement, on ne peut jamais éviter de faire un ménage de printemps. Ce sont souvent des personnes qui arrivent avec une accumulation. Quand on en arrive aux soins naturels, souvent, il ne faut pas oublier que c’est « Je n’en peux plus, j’ai besoin de trouver quelque chose. J’ai testé beaucoup de choses, du coup, je suis dans un état qui n’est vraiment pas sympa. » Il y a beaucoup de personnes qui disent, je suis un cas, j’en ai des choses à traiter. Je leur dis, ne vous inquiétez pas, on est tous un peu comme ça. Du coup, je parlais tout à l’heure, du bouleau. Le bouleau, quand on a plein de symptômes qui varient, un coup, c’est la tête, un coup, ce sont les articulations, un coup, c’est le système digestif, qu’il y a un terrain qui n’est pas très clair, on prend le bouleau. Mais je le disais tout à l’heure, on peut se dire, j’ai envie de commencer un traitement naturel et je commence par le bouleau, on fait un nettoyage de printemps. Ensuite, l’autre organe, pour lequel, c’est un passage obligé, c’est le foie. S’il n’est pas en bonne santé, derrière, il y a des troubles digestifs, des troubles hormonaux, des problèmes de fatigue, des problèmes de peau, des problèmes d’allergies, etc. Le drainage du foie, c’est à faire en préventif ou en curatif, mais en tout cas, c’est sûr qu’au moins une fois par an, il va falloir drainer le foie. Je parlais du genévrier tout à l’heure, mais on peut aussi penser au romarin, à la jeune pousse de romarin, qui va avoir une action tonifiante du foie. Suivant le style de vie de la personne et son état de santé général, on peut préférer le genévrier ou le romarin. Et j’aime bien, puisqu’on parlait tout à l’heure, des associations de phytothérapie et de gemmothérapie, pour des personnes qui ont un foie très fatigué, associer le Chardon-marie pour avoir un effet protecteur. Ça, c’est récurent, tout le temps, bouleau et foie.
Le protocole de base chez toi, c’est souvent ça en prévention.
En prévention et des fois, en curatif, parce qu’on ne sait pas par où commencer tellement il y a de choses à faire. Là, on sait qu’on ne se trompe pas et déjà, ça permet de voir comment réagit la personne à la gemmothérapie. Est-ce que c’est facile pour elle ? Est-ce que c’est quelque chose qu’elle aime bien faire ? Parce qu’on peut avoir le meilleur conseil du monde, si la personne n’arrive pas à l’appliquer dans son quotidien, ça ne sert à rien. Il faut toujours réajuster avec des galéniques ou des protocoles qui marchent bien. Les choses qui reviennent souvent, ce sont les problèmes de sommeil, ça aussi, c’est l’effet boule de neige. Quelqu’un qui n’arrive pas à dormir, derrière, il va y avoir l’émergence de plein d’autres pathologies. Tout à l’heure, je parlais du tilleul, bien sûr, on va d’office penser à lui, parce qu’il va avoir un impact très favorisant sur cette composante nerveuse et il améliore la qualité de sommeil. Par contre, il a besoin de temps pour agir, du coup, j’aime bien y associer, en fonction de la personnalité de la personne, comme j’en parlais tout à l’heure, le figuier. Ça peut être une personne qui a cette composante nerveuse, mentale et qui va avoir des troubles digestifs, mais je peux aussi avoir une composante plutôt anxieuse et nerveuse, avec une tendance à l’hypertension, ou alors, je suis tellement fatigué, que je suis en hypotension. Ça, ça va être l’aubépine, le bourgeon d’aubépine, qui va agir sur cette composante. Ça m’arrive aussi de penser aux bourgeons de pommier, là, plus pour les femmes. Quand les troubles nerveux sont associés aux cycles menstruels, où il y a cette espèce de feu intérieur, de bouillonnement, où on est prêt à éclater, où ça ne va pas, ça impacte la qualité du repos, du sommeil et là, le bourgeon de pommier, il est vraiment chouette. Il permet d’agir sur cette composante, par contre, lui, on fait attention, parce qu’il a une action hormonale.
D’accord. Tu nous as cité ces deux grands axes de travail, qui vont peut-être faire le plus gros de ce qu’on attend, l’axe drainage et tout ce travail sur le système nerveux, qui est tellement complexe aujourd’hui, dans toutes ses subtilités. Parce qu’on est des grands névrosés, des grands nerveux et que ça va avoir un impact sur les parties, métaboliques, hormonales, immunitaires et à peu près tout le reste. Dans le passé, on disait souvent, si tu ne sais pas trop quoi faire, commence par faire un travail sur le foie. Aujourd’hui, je dirais que si tu ne sais pas trop quoi faire, commence par faire un travail sur le système nerveux, et si tu mets les deux ensemble, déjà, il devrait y avoir pas mal de choses qui bougent.
Oui. Si on arrive à bien manger et à bien dormir, il y a des chances qu’on aille mieux dans le quotidien, ce sont deux composantes majeures, ouais.
Oui, il y a du travail. Écoute Valérie, ça fait une heure et quart qu’on discute, donc on va s’arrêter là pour cette introduction à la gemmothérapie. Je me suis fait violence pour ne pas prendre tout un tas de tangentes, parce qu’il y a plein de sujets qui m’intéresseraient, mais ça fera peut-être l’objet d’une discussion prochaine.
Avec plaisir.
Je voulais te remercier pour le temps que tu nous as consacré, c’était très sympathique de ta part. Je rappelle à ceux qui nous écoutent, que vous pouvez consulter l’ouvrage de Valérie sur la gemmothérapie, qui est très utile pour voir les indications, les dosages, comment utiliser et formuler. Au plaisir de te recroiser très bientôt.
Oui, plaisir partagé. C’était chouette comme façon d’échanger sur la gemmothérapie sans faire un gros focus, même s’il y en a eu quelques-uns. L’idée, c’était de se faire une idée, parce que « La gemmothérapie, j’ai envie d’essayer ou pas ? » c’est ça la question, on est faits pour certaines thérapies et pas d’autres. C’est juste décrire comment ça se passe et la faire connaître au grand public aussi, parce qu’elle est jeune cette thérapie, elle est née dans les années 50.
Oui, par rapport aux autres formes, elle est toute jeune. Un grand merci Valérie. On ira peut-être un petit peu plus loin la prochaine fois. En attendant, merci à vous d’avoir été avec nous aujourd’hui.
À bientôt.
À bientôt.
Le site de Valérie Catala : Du bourgeon à la fleur
Nous abordons les plantes médicinales et leur utilisations traditionnelles comme étant des soutiens pouvant améliorer notre santé, notre bien-être. Christophe Bernard n'est ni médecin, ni pharmacien, ni professionnel de la santé. Les informations fournies dans les vidéos, articles ou autres contenus postés sur les réseaux sociaux ne remplacent en aucun cas un diagnostic et/ou traitement médical et ne dispensent aucunement de consulter un médecin, ce dernier étant le seul habilité à établir un diagnostic médical ainsi qu’un traitement médical adapté si nécessaire.
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